par 11 jours de compétition, 72 films projetés, 21 films dans la sélection… le 75e Festival de Cannes et son tapis rouge ont fait leur grand retour. Le jury, mené par Vincent Ledon, était composé, entre autres, de Rebecca Hall, Deepika Padukone et Ladj Ly. La cérémonie, quant à elle, fut présentée par Virginie Efira. Les résultats sont mitigés, des événements ont marqué le festival, mais ce qu’on retient, surtout, ce sont les heures de visionnages qui nous attendent, à la découverte de nouveaux films.
Et la palme d’or revient à…
Aucune raison de faire durer le suspens, puisque le festival est bien terminé. Ruben Östlund remporte donc sa deuxième palme pour son film Triangle of Sadness, après The Square en 2017.
Les mannequins Carl et Yaya naviguent dans le monde de la mode tout en explorant les limites de leur relation. Le couple est invité pour une croisière de luxe. Au début, tout semble instagrammable. Mais une tempête se prépare et un lourd mal de mer frappe les passagers lors du dîner à sept plats du capitaine. La croisière se termine de manière catastrophique. Carl et Yaya se retrouvent bloqués sur une île déserte avec un groupe de milliardaires et un employé du navire. La hiérarchie est soudainement renversée, la gouvernante étant la seule à savoir pêcher.
Deux ex aequo. Le Grand Prix fut décerné à Close de Lukas Dhont et Stars at Noon de Claire Denis. Le Prix du jury fut remis à Hi-Han de Jerzy Skolimowski et Les Huit Montagnes de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen.
Forest Whitaker a reçu une palme d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Acteur, producteur et réalisateur de cinéma américain, il est habitué de Cannes puisqu’il remporta le prix d’interprétation masculine du Festival de Cannes 1988 pour son interprétation de Charlie Parker dans Bird (1988).
Il reçut également l’Oscar du meilleur acteur en 2007 pour son interprétation d’Idi Amin Dada dans Le Dernier Roi d’Écosse (2006).
Des invités reçus « en grande pompe »
Cannes 2022 signe le retour de Jerzy Skolimowski, après 12 ans d’absence. Tom Cruise, lui, revient 30 ans après sa dernière apparition (1992). Top Gun est de retour et, pour l’occasion, les passants ont pu assister à un spectacle assez inédit (quoiqu’un poil « too much » pensons-nous ici) : vol de la patrouille de France au-dessus du Palais des Festivals et feu d’artifice. L’acteur repart avec une palme d’or d’honneur et, ce qui est certain, c’est qu’il a marqué la croisette.
Sur le tapis rouge, vous auriez aussi pu croiser quelques grandes stars hollywoodiennes, telles que Tilda Swinton, Kristen Stewart, Idris Elba, Tom Hanks ou encore Anne Hathaway. Côté artiste français, nous pouvions retrouver Léa Seydoux, Jean Dujardin, Marion Cotillard et Pierre Niney.
Et pourtant, les tendances penchent plutôt vers la déception : des films ratés, pire que les précédents, rien de bien nouveau. Les médias et critiques n’ont pas été éblouis par cette sélection. En attendions-nous beaucoup à la suite du Covid ? Sommes-nous devenus plus difficiles ? Ou, tout simplement, les productions n’étaient-elles pas à la hauteur cette année ? Dans tous les cas, ça donne, au moins, une lumière sur le cinéma et un coup de pouce pour la fréquentation des salles. Enfin, on l’espère.
Tom Cruise a d’ailleurs pris la défense des salles en promettant qu’ils ne travailleraient « jamais pour les plateformes ». Pour Omar Sy en revanche, les offres sont complémentaires (source).
Quelques moments à retenir
Zelenski a pris la parole en direct de Kiev pendant la cérémonie d’ouverture. « Il nous faut un nouveau Chaplin », déclare-t-il en évoquant le film Dictateur de 1940 : « ce jour-là, le cinéma a cessé d’être muet ». Rappelons que les origines du festival de Cannes sont aussi politiques, puisqu’il fut créé en 1939 avec la volonté de s’opposer au fascisme mussolinien. Le contexte et les conflits actuels continuent encore de définir l’essence même de l’événement.
Moment émouvant pour Plus que Jamais, avec l’hommage à Gaspard Ulliel, décédé en janvier dernier lors d’un accident de ski. De longues minutes d’applaudissements ont su faire honneur à l’un des meilleurs acteurs de sa génération.
L’intervention des colleuses a fait la une des médias. Le collectif était invité suite au documentaire Riposte féministe, de Marie Perennès et Simon Depardon, qui lui est consacré. Sur le tapis rouge, sa présence fut remarquée par les fumigènes, et la liste interminable – et beaucoup trop longue – des 130 noms des victimes de féminicides depuis le précédent Festival de Cannes.
Dans R.M.N de Cristian Mungiu, le plan-séquence de 20 minutes, mettant en scène l’assemblée générale d’un village, prend des allures de mêlée sportive : disputes, prises de parole, interruptions, violence, grabuge… un sacré travail qui a dû demander de longues heures de préparation.
Les réseaux sociaux et Internet se sont emparés de l’événement. TikTok, partenaire officiel, était en direct sur le réseau pour la cérémonie d’ouverture. Le live, animé par deux créateurs de contenu (@nikkietutorials et @terryltam), permettait aux internautes de poser leurs questions. Les autres créateurs et créatrices invité·es par la plateforme étaient également prié·es de partager les coulisses de leur préparation et leur expérience du tapis rouge.
Les films qu’on aurait aimé voir primé
La Nuit du 12 de Dominik Moll détaille l’enquête pour meurtre d’une femme brûlée vive : À la PJ chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan c’est le meurtre de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12. Le sujet de la place des femmes dans la société est amené avec une grande justesse. On découvre, peut-être pour la première fois, qu’un tel sujet peut (et devrait d’ailleurs toujours) capter l’attention, les esprits et les cœurs.
Les Bonnes Etoiles de Hirokazu Kore-eda narre le voyage de deux trafiquants d’enfants, accompagnés d’un enfant de 8 ans et d’une jeune prostituées décidée à vendre son bébé : Par une nuit pluvieuse, une jeune femme abandonne son bébé. Il est récupéré illégalement par deux hommes, bien décidés à lui trouver une nouvelle famille. Lors d’un périple insolite et inattendu à travers le pays, le destin de ceux qui rencontreront cet enfant sera profondément changé. Le scénario est, certes, léger, mais on apprécie justement la fraîcheur des petites histoires qui composent au fur et à mesure ce film plaisant, drôle et parfois touchant.
Un petit frère de Léonor Serraille trace le magnifique portrait d’une femme immigrée et de ses deux enfants : Quand Rose arrive en France, elle emménage en banlieue parisienne avec ses deux fils, Jean et Ernest. Construction et déconstruction d’une famille, de la fin des années 80 jusqu’à nos jours. C’est une véritable épopée, presque un voyage, et, de toute façon, une vie entière, à travers un film. Entre les difficultés et les petits instants de bonheur, rien n’est épargné.
Nous disions donc 11 jours de compétition… ou plutôt 11 jours d’intenses rebondissements. Le Festival de Cannes s’est achevé le 28 mai et, même si les résultats nous laissent un peu sur notre faim, le glam et les paillettes étaient au rendez-vous. On se retrouve l’année prochaine ?
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