Florence and the machine le cerf volant

Dance Fever par Florence and The Machine, un album aux multiples influences

Elle nous envoûte avec sa voix et ravie nos yeux avec les directions artistiques qu’elle entreprend. Ce 5e album est donc un pur bonheur. Dance Fever de Florence + The Machine est sorti le 13 mai 2022. On décrypte avec vous les genèses du groupe et les influences de ce nouvel album très attendu.

Florence + The Machine, genèses et définition

Groupe de rock indépendant britannique formé en 2007, composé actuellement de 9 membres dont Florence Welch et Isabella Summers. Souvent comparé par le magazine Rolling Stone à Kate Bush et Siouxsie and the Banshees, mais jamais égalé.

Les premiers consécrations viennent directement avec le premier album, Lungs, sorti le 6 juillet 2009. Dans cette première tracklist, Kiss with a Fist, Dog Days Are Over et Cosmic Love font sensation.

facebook.com/florenceandthemachine

Viennent ensuite les deuxième et troisième albums, Ceremonials et How Big, How Blue, How Beautiful. Le groupe reçoit 5 nominations pour les Grammy Awards de 2016. Les musiques sont largement reprises dans le monde cinématographique.

Florence Welch, pilier du groupe. Welch grandit dans la musique et le chant, et évolue avec les sons de The Smiths et The Monkees. Largement influencée par ces artistes, elle crée à présent des chansons plutôt métaphoriques, parfois légèrement lugubres. Pour les tournées, l’artiste choisit toujours, à la dernière minute, des tenues « aussi bizarres que possible ». Les concerts sont des prestations théâtrales, dans lesquels elle performe, comme une prêtresse envoûtante au charisme hypnotisant. 

Dance Fever, 5e album studio

Pourquoi Dance Fever ? L’inspiration du nom de l’album vient de Welch et de sa fascination pour la chorémanie.

Chorémanie, également appelée manie dansante est un phénomène d’hystérie générale qui provoque une danse incontrôlable de la part d’un groupe de personnes, allant parfois jusqu’à s’écrouler de fatigue.

Enregistré dans le contexte du Covid, on peut dire que le titre de l’album fait écho à l’actualité puisqu’il suit le retour des clubs et discothèques, des concerts et festivals et donc, de la danse (collective). Nous, cette fièvre dansant, on a bien envie de la propager.

Dance Fever parle justement des relations que Welch a avec la scène et du fait d’être ensemble. Le titre Free raconte l’anxiété, le ton donné à la voix et les arrangements laisse penser que Welch sature de la situation. Dans My Love, les sonorités, plus disco, mettent parfaitement en valeur la voix. Les paroles évoquent un vide, et marque le paradoxe entre un morceau dansant et l’apathie que nous avons pu ressentir ces derniers mois. À l’inverse, Choremania offre une rythmique qui donne envie de danser dans un tremblement collectif, et de se sentir proche les uns des autres.

L’album évoque également la féminité. Le titre Heaven is Here est comme une ode à la femme. Les vocalises apparaissent tels des chants de fées, et l’intonation de voix se fait ardente. Le clip met en scène une chorégraphie contemporaine. Nous assistons presque à un combat.

Tout au long de l’album, nous retrouvons les marqueurs qui vont si bien au groupe : une dynamique qui prend en intensité petit à petit, des couplets presque parlés, des refrains très chantés, des sons gutturaux, des envolées lyriques. Un savant mélange que l’on retrouve notamment dans King. Ça fonctionne et ça plaît.

Florence + The Machine a toujours eu une direction artistique très marquée. Pour Dance Fever, les titres s’annoncent comme les chapitres d’une histoire. Ce n’est pas juste un album de chansons, et cela nous aurait, de toute façon, étonnés. C’est tout un univers musical qui s’offre à nous.

La direction artistique est claire : chaque morceau à sa carte. Visibles sur leur site internet, ces cartes forment un parti pris très esthétique. Florence Welch elle-même décrit son album comme « a fairytale in 14 songs ». Rappelons également que la sortie s’est faite un vendredi 13… hasard ou choix artistique ?

Dance Fever, les influences

Ce nouvel album offre une multitude de styles et de genres : pop progressive, pop baroque, indus, pop rock, disco… Parmi les grandes influences, Welch cite notamment Iggy Pop, qui a d’ailleurs écrit Search and Destroy, une reprise disponible sur la version Deluxe de l’album. D’autres influences viennent marquer cet album :

  • Les héroïnes tragiques de l’art préraphaélite.

La confrérie préraphaélite a remis en lumière les prédécesseurs de Raphaël. Ce mouvement défend « le retour d’un art sincère, expurgé du maniérisme et étranger à l’académisme anglais » (Beaux Arts Magazine).

Rossetti, par exemple, peint des icônes féminines, femmes rousses d’une grande beauté et héroïnes de légende.

Dante Gabriel Rossetti, L’Enfance de la Vierge Marie, 1849
  • Les fictions de Carmen Maria Machado et Julia Arm Field.

Carmen Maria Machado est une auteure, essayiste et critique littéraire. Son roman The Low, Low Woods, est une histoire à dormir debout, qui nous rappelle vaguement quelques attributs des visuels de Florence Welch.

« Il y a quelque chose dans les bois…

Shudder-to-Think, en Pennsylvanie, est en feu depuis des années. Les bois regorgent de lapins aux yeux humains, d’une femme cerf qui traque des filles affamées et de bandes d’hommes sans peau. »

Quatrième de couverture, The Low, Low Woods, Carmen Maria Machado
Carte du titre Dance Fever – florenceandthemachine.net

Sans savoir précisément d’où Florence Welch tire son inspiration, nous pouvons toutefois voir de nombreuses similitudes entre les écrits de Julia Arm Field et l’univers du groupe. Le premier roman de l’autrice, Our Wives Under The Sea, traite d’une histoire d’amour, de perte, de chagrin et de la vie qu’il y a dans les profondeurs de la mer.

Son premier recueil, Salt Slow, « explore le corps, […] à travers leurs expériences d’isolement, d’obsession, d’amour et de vengeance. » (source)

Suis-je la fille de tes rêves ?
Tu penses à moi au lit
Mais tu ne pourrais jamais me serrer contre toi
Et m'aimer mieux dans ta tête

Dream Girl Evil

Dans Le Grand Réveil, second recueil, Julia Arm Field « maîtrise un réalisme fantastique qui joue avec les genres en explorant les corps que ses femmes habitent. Les motifs classiques de l’horreur, de la science-fiction, de la fantaisie et de la mythologie fusionnent avec le féminisme et la vie quotidienne ». (source)

J'avais l'habitude de voir le futur et maintenant je ne vois rien
Ils m'ont coupé les yeux et m'ont renvoyé à la maison

[…]

J'avais l'habitude de dire l'avenir, mais ils m'ont coupé la langue

Cassandra

Rappelons que dans la mythologie grecque, Cassandre reçut d’Appollon le don de voir l’avenir, sans pour autant que ces prédictions ne soient crues. Entre Florence Welch, Carmen Maria Machado et Julia Arm Field, il y a un « truc », mais chacun et chacune peut y voir ce qu’il·elle a envie d’y voir.

  • Les films d’horreur folk The Wicker Man, The Witch et Midsommar.

1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation,
menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…
Synopsis de The Witch, réalisé par Robert Eggers

Mais, oh mon Dieu, tu vas l'avoir
Tu vas regretter d'avoir gâché ça

Girls Against God
Visuel de l’album Dance Fever de Florence + The Machine

Dance Fever est donc un album parfaitement bien ficelé, une histoire racontée, un univers envoûtant aux multiples influences et une voix mélodieuse. L’album nous invite à découvrir tout un monde littéraire, cinématographique et pictural. Les chansons sont comme des hymnes. C’est la recette parfaite qui sait nous transporter.  

Les liens de Florence + The Machine :


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