Certaines institutions culturelles ont parmi leurs principaux objectifs la préservation d’un certain patrimoine artistique et culturel. C’est le cas de nombreux lieux en France et, dans le champ des arts visuels et plastiques, les musées remplissent souvent ce rôle de gardiens. C’est notamment le cas des musées des Beaux-arts et, à Lille, l’établissement propose jusqu’en janvier une œuvre qui illustre l’évolution de la notion d’œuvre d’art.
Une catégorisation du beau et du vrai
En fonction des siècles et zones géographiques, on voit varier les points de vue quant à ce qu’on considère comme faisant partie du « patrimoine culturel ». Le patrimoine cultuel est définit dans le dictionnaire (Larousse) comme « Ce qui est considéré comme l’héritage commun d’un groupe ». Aujourd’hui, le numérique s’initie dans cet héritage, pour les générations fréquentant aujourd’hui les lieu culturels, et permet souvent la discussion inter-générationelle sur diverses notions (place de l’artiste, œuvre d’art, patrimoine etc).
On structura les arts afin de préserver les spécificités des pratiques et savoirs-faire. Les beaux-arts sont emblématiques de cette catégorisation à but de préservation. C’est au XVIIIe siècle, époque classique, qu’on fonda cette tradition des beaux-arts, selon laquelle quatre disciplines visent « à l’expression sensible du beau » : la peinture, la sculpture, la gravure et l’architecture. On exclu donc la musique, le chant et la poésie, qui eux sont des arts libéraux, qui, par leur structure visent à la « connaissance du vrai ».
Faire bouger les lignes
Jusqu’au 11 janvier 2020, la musique s’invite au cœur du musée des Beaux-arts de Lille via un dispositif assez innovant dans ce type d’institution culturelle. A l’occasion de l’événement Open Museum Music, est à découvrir une œuvre musicale et visuelle générative, créée par Jean-Michel Jarre. Bâptisée EōN, cette dernière est le fruit de plusieurs années de conception, qui aura réunit plusieurs savoir-faire et entreprises. Ce sont image et son qui se retrouvent synchronisés afin de créer une expérience multi-sensorielle inédite.
Cette œuvre est le résultat d’une collaboration entre le musicien Jean-Michel Jarre, pionnier des musiques électroniques, ainsi que l’entreprise Bleass, spécialisée dans la création sonore (installée à la Plaine Image de Tourcoing) et Sony Computer Science Laboratories, favorisant le développement de technologies innovantes.
EōN est un algorithme orchestrant les sons composés, interprétés et enregistrés par l’artiste. Les séquences se fondent et se confondent de façon perpétuelle, avec une riche variété de temps, de tonalités et de rythmes.
Il s’agit d’une œuvre de l’instant, remixée constamment, nous ne verrons, ni n’entendrons, deux fois la même chose. C’est d’ailleurs ce qui fascine tant. Les enfants comme leurs ainés se retrouvent captivés par les mouvements colorés et emportés par les mélodies électroniques progressives; un voyage sensoriel sans pareil.
Dans son ensemble, l’Open Museum réinvente chaque année l’espace muséal en invitant un autre champ artistique à s’emparer du lieu et l’interpréter à sa manière, à rencontrer les œuvres qui peuplent le musée pour servir au public un moment artistique qu’il n’aura jamais vécu auparavant. Du contemporain au classique, il est impossible de ne pas être touché par cette rencontre entre deux formes d’art dont les correspondances sont à de multiples.
Les usages et pratiques du numérique au sein du musée sont de plus en plus explorés de part le monde et EōN en est un exemple. Avez-vous déjà croisé de telles installations proposant une version nouvelle du musée et de l’œuvre ? Racontes-nous !
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