L’été est proche, il est temps de ressortir crème solaire et maillots de bain. Une pièce, bikini, plutôt taille haute ou échancré ? Aujourd’hui, les choix de maillots de bain féminins sont multiples, mais les femmes n’ont pas toujours été autorisées à se présenter ainsi sur les bords de mer. Ce droit, il est notre grâce au combat sans relâche de femmes inspirantes, telles qu’Annette Kellerman : sportive hors pair, porteuse d’un combat féministe, précurseure de la natation synchronisée, et détentrice d’une étoile sur le boulevard hollywoodien Walk of Fame. Plongeons dans la vie d’Annette Kellerman.
Passion natation
Annette Kellerman naît en Australie, à la fin du XIXème siècle, dans la banlieue de Sydney. À 6 ans, la jeune fille contracte la polio, maladie atteignant le système nerveux, lui procurant un handicap moteur.
Ses jambes affaiblies, elle est appareillée, et débute la natation afin de se muscler. Grâce à cela, non seulement Annette guérie totalement de la polio à l’âge de 15 ans, mais en plus, elle découvre l’amour de sa vie : la natation.
L’importance de la participation féminine
Dès le départ, Annette Kellerman recherche les défis et le dépassement d’elle-même. Ainsi, encore adolescente, elle est embauchée dans un aquarium et performe, au milieu des poissons, un spectacle aquatique deux fois par jour. Elle réalise également des plongeons vertigineux de près de 30 mètres, jamais réalisés par une femme, et parcours 27 km à la nage dans la Tamise, à Londres.
Compétitrice dans l’âme, la nageuse participe à de nombreuses compétitions de natation, qu’elle remporte souvent, et même lorsque ce n’est pas le cas, elle bat tout de même des records. Par exemple, elle participe à la traversée de Paris en empruntant la Seine face à 7 adversaires masculins et arrive en 4e position.
À ses 19 ans, elle se lance le défi de traverser la Manche à la nage, même si elle n’y parvient pas, elle réussit tout de même à battre les hommes de la course. Le tout dans un accoutrement plus qu’inadapté à la pratique de la nage, tandis que les hommes ont le droit de nager nus …
Enfermement textile des corps des femmes
À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le corps des femmes est soumis à une pudeur sociétale, et les tenues de bain n’échappent pas à la règle. Pour se rendre en bord de mer, les femmes doivent revêtir de longues chemises ceinturées, en laine ou en coton, un pantalon, et même parfois un bonnet. En somme, par l’accumulation de tissus, ces tenues ne sont pas du tout adaptées à la baignade.
Annette Kellerman s’aperçoit rapidement que les tenues de bain entravent ses mouvements et la bloque dans la pratique de la natation. Elle décide alors de fabriquer elle-même une sorte de justaucorps, qui recouvre des pieds jusqu’au cou. Cette tenue offusque, car elle dévoile ses formes corporelles, normalement dissimulées. La sportive va même encore plus loin, en raccourcissant les jambes de son maillot, qui par la suite deviendra célèbre et prendra son nom.
Cette audace vaudra à Annette Kellerman d’être arrêtée en 1907 sur une plage à Boston pour « indécence ». Néanmoins, le juge rendra sa décision en faveur du port de ce type de maillot de bain moderne, en s’appuyant sur le motif sportif.
« Dire que le sport contribue à libérer le corps féminin n’est pas entièrement vrai. Ce sont plutôt les femmes qui ce sont emparées des sports masculins. Et il faut la médiatisation de certaines figures pour modifier les mœurs. »
Audrey Millet – Les dessous du maillot de bain, 2022
sportive hollywoodienne
Au fil du temps et de ses exploits, Annette Kellerman devient populaire auprès d’un large public et saisie l’occasion pour allier ses deux passions que sont la natation et le spectaculaire. Elle se lance alors dans la réalisation de ballets aquatiques, telle une sirène, sous les yeux étonnés puis charmés des spectateurs. Ses représentations posent les prémisses de la natation synchronisée, discipline aujourd’hui représentée aux Jeux Olympiques, alliant natation, danse et gymnastique.
Par la suite, la vedette quitte le spectacle vivant pour le cinéma. Comme pour tout ce qu’elle entreprend, Annette Kellerman saute directement dans le grand bain et devient la première actrice à apparaître nue à l’écran, dans un film produit par les studios Hollywood : Neptune’s daughter, en 1914. Cette scène est semblable à la Vénus de Botticelli, qui n’est vêtue que de sa longue chevelure ondulée, dévoilant pudiquement son corps nu.
Sirène hollywoodienne, sportive aux multiples records, Annette Kellerman fait rêver nombre de gens, de par son talent, mais également par sa silhouette qui en fait rêver plus d’un·e. Ainsi, à la façon d’une influenceuse des années 30, elle publie un livre dans lequel elle aborde un nouveau mode de vie basé sur la nutrition et le sport, notions alors peu rependues auprès des femmes.
Qualifiée de « femme parfaite » par un professeur d’Harvard, décrite comme la femme se rapprochant le plus des mensurations de la Vénus de Milo, Annette Kellerman dépasse les objectifications et fantasmes de la beauté grecque. Elle parvient à s’emparer et à s’approprier ses dires, toujours en faveur de l’émancipation féminine. Ce qu’il y a à retenir d’Annette Kellerman, c’est bien la résilience du corps, au-delà des contraintes sociétales.
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