par Il y a du 10 ans, Kévin Levêque créa le 188. Avec son expérience du monde du spectacle et du vivant, il a conscience que les créations dépendent beaucoup trop des résidences d’artistes. Comment travailler et créer en dehors de ces moments ? Comment croiser d’autres artistes pour échanger sur nos expériences, nos problèmes ou nos projets ? Bienvenue au 188. Rencontre avec Mathilde Sannier, chargée de projet pour l’établissement.
Un Ecosystème…
Le 188, c’est une maison des artistes avec des salles pour travailler le corps et la danse, un espace de coworking et un bar. C’est écosystème d’artistes, pour s’entraider et pourquoi pas travailler ensemble. C’est un projet associatif qui écoute les véritables besoins des artistes.
« Par exemple, on a une artiste qui est chorégraphe et qui monte à la corde. Et ce travail là, ça nécessite quand même une condition physique assez importante. Elle vient tous les jours pour s’entraîner, pour monter à la corde, pour garder la confiance. Elle vient tous les jours ici et sans cet espace là, ça aurait été très compliqué. »
Mathilde Sannier, chargée de projet pour le 188
L’envie de développer les pratiques amatrices s’est très vite imposée, et rendue possible avec les ateliers hebdomadaires et les stages pendant les week-end et vacances scolaires, toujours autour de la pratique artistique et du bien être corporel. Certains artistes prennent d’ailleurs en main des ateliers.
« Ce n’est pas des cours, c’est vraiment des ateliers. La différence c’est que pour les ateliers c’est vraiment expérimenter, tester des choses et ne pas forcément suivre ce qu’un prof va dire. »
Mathilde Sannier, chargée de projet pour le 188
Finalement, il y a tout un volet événementiel pour que les artistes testent aussi des idées. Les événements hybrides mêlent les pratiques artistiques, accessibles aux publics, terrains d’expérimentation et de découverte. À l’intérieur de cet écosystème des projets naissent, des personnes se rencontrent et construisent des liens.
… local…
Ça fait maintenant 4 ans que le 188 a posé ses valises à Fives et s’investit sur certains événements locaux. C’est un grand espace, avec une grande cour, pour les grandes familles et les petits et grands enfants. Au départ dancing, puis garage, c’est finalement devenu un lieu artistique, culturel et social.
« On a des personnes qui sont venues nous dire qu’elles faisaient réparer leur voiture quand c’était un garage, ou qu’elles venaient danser ici, qu’elles ont rencontré leur mari. »
Mathilde Sannier, chargée de projet pour le 188
Le coworking est ouvert aux artistes, mais aussi à d’autres structures, des indépendants et indépendantes qui habitent le quartier ou ont simplement envie d’être dans un espace un peu particulier.
« Quand on est au coworking, on a les salles juste derrière, donc on entend les artistes répéter en journée. C’est un peu atypique puisque des fois on entend des cris. »
Mathilde Sannier, chargée de projet pour le 188
Certaines personnes du quartier viennent profiter du bar ou des événements. Fives possède un énorme vivier de projets associatifs et de personnes engagées. Cette envie de se regrouper dynamise le 188, créant ainsi une programmation qualitative, riche, mais aussi originale, avec des propositions qu’on ne voit pas forcément dans les théâtres ou les espaces culturels classiques.
Tu l’auras compris, le 188 est expert du mélange artistique. Ce n’est en revanche pas toujours évident de refléter la mixité, très présente, du quartier. Car le 188 c’est aussi une équipe de seulement deux salariés, qui travaillent sur tous les fronts.
« On sait qu’on n’attire pas tous les publics. C’est des sujets sur lesquels ont essaie de travailler, d’évoluer. C’est pour ça qu’on essaie de faire des choses avec les partenaires du quartier. »
Mathilde Sannier, chargée de projet pour le 188
… pour le CORPS.
Revenons un peu en arrière : l’emménagement à Fives… en plein Covid. Fraichement arrivé dans le quartier, le 188 doit faire face à de nombreux travaux et aménagements. Beaucoup d’artistes disponibles ont donné des coups de main, et ont ainsi fait corps avec le lieu. Avant même de pratiquer, le corps, et plus largement le vivant, avait déjà une place de roi.
Une fois les travaux terminé, il est temps de prendre soin de soi. Au choix : des ateliers pour renouer avec son corps ou un bar associatif avec des petits plats maison, des produits locaux, bio et des propositions souvent végétariennes et végan.
« Je pense que le corps, on a tendance à le mettre de côté, mais on cherche pas forcément à comprendre ce qui se passe. Le rapport au corps est quand même très compliqué aujourd’hui. En fait, je ne crois pas que ce soit la première question à se poser si on l’aime ou pas. Juste c’est une machine incroyable qui nous permet de faire des choses formidables. »
Mathilde Sannier, chargée de projet pour le 188
Le 188 c’est prendre soin de son corps, travailler la confiance en soi, être en bonne santé plus longtemps, montrer la diversité des corps. Bref, le corps est central. Mais il est aussi culturel : on se construit à travers les images et les personnes qui nous entourent, les discours portés sur les corps.
« En fait travailler sur ces questions de corps c’est aussi plus largement travailler à être ensemble, vivre ensemble. Être dans un espace où il n’y a pas un corps ou des corps types, c’est hyper enrichissant pour se détacher de toutes les images qui peuvent nous construire. »
Mathilde Sannier, chargée de projet pour le 188
Alors au 188 on observe des positions de travail très diverses et ça fait du bien. Exit la position droite sur une chaise, là-bas, tu peux travailler en position tailleur, ou une jambe repliée sous l’autre, et pourquoi pas même debout. Ça montre bien que ce qui compte c’est tout simplement comment on se sent et non pas comment on adopte les codes.
Le 188 est un merveilleux mélange de rencontres artistiques, de découvertes, de vivant dans lequel le corps a une place essentiel. L’établissement fête cette année ses 10 ans. Alors joyeux anniversaire, et si ça t’intéresse, suis leurs réseaux :
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