Culture lilloise #1 : buena vista video club

À l’origine du projet Buena Vista Video Club : Hélène, journaliste pour ce média citoyen et solidaire. Elle place le public au cœur de sa création et souhaite rendre les personnes « actives dans le processus de création de l’information ». À travers ses projets, elle accorde surtout une grande place à la création, l’émotion et la nature.

On peut faire du journalisme populaire

Hélène vient d’une famille d’artisans et a grandi avec une vision élitiste du métier de journaliste. Aujourd’hui, son projet est au cœur du journalisme populaire.

« Mon père était cordonnier, ma mère était couturière. Mes parents se sont fait eux-mêmes. Je pense que ça joue aujourd’hui dans ma conception du journalisme. De faire quelque chose de plus social. De parler à tout le monde et m’adapter à tous les milieux. »
Hélène (à droite) de Buena Vista Video Club, en interview

L’expérience des médias classiques orientés politique… Hélène connait. La journaliste a vécu la course aux financements, les institutions publiques, la séduction des communes. Après 6 ans de pige (journaliste professionnelle payé à la tâche), elle décide de terminer son montage et de tout quitter. Elle crée alors sa propre définition du journalisme.

« Je pense que quand on est journaliste on est un peu artiste. J’aime aussi créer, faire de la poésie, mais pour moi ça reste du journalisme parce que tu informes quand même. »

Et son projet associatif.

Hélène en pleine séance photo

Buena Vista Video Club nait en octobre 2017 avec un objectif : la citoyenneté. Pour cela, c’est simple, Hélène ne donne pas la parole à celles et ceux qui l’ont déjà.

« Je pense que la citoyenneté est partout. Le journalisme pour moi c’est un support. Des gens bien informés, ce sont de bons citoyens. Ils vont se bouger, ils vont s’engager. Si les gens ne savent pas, comment ils vont s’indigner ? »

De la vidéo aux oiseaux

Pour Buena Vista Video Club, la priorité, c’était la vidéo. La source d’inspiration de l’association aujourd’hui ? Le rossignol, le grimpereau des jardins, le pigeon, le rougegorge, la fauvette… bref, les oiseaux et même parfois un coup d’œil vers les écureuils et les phoques.

L’association a longtemps cherché son style, et a fini par croiser la route de l’ornithologie. C’est devenu une évidence. Hélène a de l’amour pour les animaux, mais on vous rassure, elle fait toujours de la vidéo, et même de la photo. C’est d’ailleurs pour elle le meilleur moyen de faire passer l’information et les émotions.

« J’aime les oiseaux, j’aime les animaux, j’aime le vivant. Souvent on me demande une présentation du métier de journaliste, moi je me dis ok je vais aussi parler des oiseaux. Et j’en profite pour faire de la sensibilisation à l’environnement. »

L’une des activités phares du projet reste l’éducation aux médias : sensibilisation à l’information, aux sources, aux réseaux sociaux. Hélène n’oublie jamais sa passion et tente aussi, parfois, d’attirer l’attention sur l’environnement.

©Hélène Cys

Cela fait trois ans que l’association a trouvé sa voie. Hélène est convaincue que l’esthétisme peut atteindre les gens et donner de l’importance à l’information. Elle sait aussi que sa passion peut toucher d’autres personnes.

Où trouver la nature ? Chaque arbre offre l’opportunité d’observer un bout de nature, même en ville. Et il est là le message de Buena Vista Video Club : la cohabitation. Et il y a de quoi faire dans la région, avec une riche biodiversité et la possibilité d’informer sur ce sujet. Tu peux trier tes déchets, limiter l’utilisation de ta voiture, consommer du zéro déchet, mais sais-tu, au moins, pour qui tu le fais ?

« Aujourd’hui je me dis que je suis peut-être moins écolo qu’avant, mais je sais pour qui je fais les choses et j’informe la dessus. »

Mettre de l’émotion dans l’information

Buena Vista Video Club sublime la nature et les oiseaux pour transmettre des informations. Hélène l’explique, il n’y a pas de reportage objectif car il y a toujours de l’émotion. Pour elle, la vidéo est le meilleur moyen de valoriser cette beauté et l’émotion aide à faire passer le message.

Et pourtant… beaucoup de médias manquent de vision artistique. Dans cette course aux financements, il faut séduire.

« J’étais traumatisé par ce reportage, c’était une brocante. La commune, on devait la séduire un peu pour avoir ses financements. Je vais sur la brocante, mais vraiment il n’y avait rien. Donc j’appelle et je dis "bah écoute on ne fait pas le reportage". Et il me dit "si si, tu fais que des plans serrés". Tu me diras, c’est qu’une brocante, mais je trouve que ça en dit long sur la manipulation de l’information et de l’image. En fait, on était là et on faisait la communication des communes. »

Aujourd’hui, Hélène a une tout autre vision du journalisme et souhaite apporter un regard artistique à l’éducation aux médias. À travers ses projets, elle met en valeur la faune sauvage, les habitants du territoire, les passionnés… et inclut d’autres disciplines comme la musique, l’ornithologie et la poésie.

« La vidéo te permet quand même de raconter une histoire. C’est tellement magnifique ce que je vois, il faut que je le partage et en même temps si je peux sensibiliser c’est bien. »

Transmettre des émotions, c’est aussi s’engager : « sur des causes comme les animaux ou le féminisme, faut arrêter à un moment d’essayer de ne pas prendre part. Prenons part, je ne vois pas le problème. »

Grâce à l’association Buena Vista Video Club, Hélène casse les barrières et vit des moments simples, spontanés, authentiques : « c’est ça l’éducation aux médias, c’est d’être avec tout le monde, n’importe qui. ». Ses prochains projets : un long métrage sur les oiseaux et la nature. On lui souhaite plein de réussite.


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