Les animaux fantastiques envahissent le Louvre-Lens !

Pour son exposition automne / hiver, le musée du Louvre-Lens héberge une véritable ménagerie fantastique, qui fascine autant qu’elle fait peur. Le point commun de ces animaux : ils sont hors-norme ! Ils sont gigantesques, habitent des milieux hostiles, cumulent les attributs de plusieurs espèces animales, et parfois même humaines. Au total, 255 œuvres ont été rassemblées pour nous présenter la faune fantastique qui peuple les mythes et les légendes de tous les continents et toutes les époques. 

Un voyage dans l’espace et le temps

Le Louvre-Lens nous invite à partir en voyage à travers le temps et le monde, avec des prêts du musée du Quai Branly ou encore des antiquités orientales datant de 6 000 ans. Ainsi, un sphinx égyptien du deuxième millénaire avant notre ère rencontre un dragon tué par Persée dans le tableau du XIXe siècle d’Edward Burne Jones. 

Avant même la chronologie proposée par l’exposition, des créatures hybrides étaient déjà représentées sur les parois des grottes paléolithiques ! Mais ce n’est qu’avec la naissance des premières civilisations mésopotamiennes que les animaux que l’on connait encore aujourd’hui apparaissent réellement. Les archéologues ont même retrouvé leur trace dans des sceaux et autres marques de pouvoir, témoignage de l’importance qu’on leur accordait. 

Sceau gravé en creux permettant de dérouler un motif sur l'argile, représentant des couples de lions et des aigles à tête de lion
Sceau-cylindre figurant des lions et un aigle léontocéphale, Mésopotamie, 3300-3000 avant J.-C., Musée du Louvre, Paris © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux 

Plus tard, au Moyen-Âge, le bestiaire foisonne d’animaux fantastiques. Ils étaient considérés à l’époque comme bien réels et représentés dans les ouvrages savants au même titre que le cheval ou l’aigle. Le monde médiéval croit à la magie, n’établit pas de frontières entre le réel et le surnaturel. Et dans ce monde christianisé, ces animaux qui sortent de la norme sont des merveilles de la Création. Les bestiaires sont en effet des manuscrits qui servent avant tout à célébrer le Créateur, et non de réels traités d’histoire naturelle au sens actuel.  

Cependant, si les animaux traversent les âges et les espaces, leurs représentations varient. Dans la section de l’exposition dédiée aux dragons, on découvre par exemple que cet animal emblématique des univers fantastiques n’a en fait pas toujours été le lézard ailé géant que l’on connait. Au fil des siècles, sa couleur change, mais aussi ses ailes, parfois absentes, parfois en plusieurs paires. Les dragons sont tantôt rampants, tantôt sur deux ou quatre pattes. Finalement, l’image du dragon se fixe vers la fin du Moyen-Âge. 

Un monde de légendes et de magie

Dans toutes les civilisations, les animaux fantastiques sont au cœur des mythes et des légendes. Ils sont parfois le symbole de certain·es dieux et déesses, ou bien les antagonistes qu’affrontent les héros et héroïnes pour prouver leur valeur et protéger leur peuple. Ces affrontements sont célébrés sur bien des œuvres, mises en avant dans une section de l’exposition. Dans la mythologie grecque, le demi-dieu Hercule tue l’hydre de Lerne lors de ses célèbres douze travaux. Dans la mythologie nordique, c’est le dieu Thor qui lutte contre le terrible serpent de mer géant de Midgard. 

Encore aujourd’hui, on célèbre certains de ces combats légendaires. C’est le cas à Tarascon, en Provence, où ont lieu chaque année les fêtes de la Tarasque. Cet animal avec une carapace épineuse, une tête de lion, des pattes d’ours, terrorisait la population au Ier siècle avant d’être tué par sainte Marthe. Et ce n’est pas le seul exemple ! L’exposition te fera découvrir quelques traditions locales encore perpétuées aujourd’hui autour des ces animaux fantastiques régionaux.

Figurine du démon Pazuzu, Mésopotamie, 934 – 610 av. J-C, Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Thierry Ollivier 

Heureusement, les animaux fantastiques ne sont pas uniquement des monstres terrifiants symbolisant le combat du bien contre le mal. Les hommes les ont également dotés de pouvoirs magiques et en ont fait des protecteurs face au mal et à la mort. Ils deviennent alors des amulettes, des statuettes, ou même des masques. On les porte ou on les suspend dans une pièce pour se protéger contre le mauvais sort. Dans l’Égypte et la Grèce antiques, des sphinx et des sphinges étaient les gardien·nes des tombes. Le phénix quant à lui, grâce à ses pouvoirs de régénération, était un animal bénéfique et guérisseur.

Réenchanter notre quotidien

Aujourd’hui, grâce aux progrès de la science et aux grandes expéditions, nous avons une meilleure connaissance de notre monde. Pourtant, la culture populaire fourmille toujours de dragons, griffons et autres créatures fantastiques. Du Seigneur des Anneaux à L’Exorciste, l’exposition questionne notre besoin de peupler notre quotidien de bêtes imaginaires. Le retour du merveilleux dans l’art, dans la littérature, dans le cinéma, apparait comme une réaction contre les horreurs du monde contemporain, une tentative de remettre de la magie dans un monde dont elle a disparu. C’est aussi un moyen de revenir vers l’enfance, vers un moment où l’on croyait que tout était possible. 

« Une société qui ne rêve pas, une société sans imaginaire, une société privée d’animaux fantastiques, cela n’existe pas. »

Michel Pastoureau, avant-propos du catalogue d’exposition « Animaux fantastiques »

Alors si tu es amateurice de littérature fantasy, de jeu de rôle ou même de bande-dessinée, l’exposition te réserve quelques surprises.

Le coin bibliothèque aménagé dans l’exposition temporaire © Emilie Guilbert

La commissaire de l’exposition Hélène Bouillon l’affirme : « il y en a pour tous les goûts ». Même pour les enfants, qui pourront prendre le temps de s’installer dans un coin bibliothèque pour feuilleter quelques ouvrages de littérature jeunesse.

En plus, le musée accorde une attention particulière à l’accessibilité de ses expositions et propose des visites guidées en langue des signes françaises, ainsi que pour une sélection d’œuvres des cartels « facile à lire ». Tu pourras même compléter ta découverte grâce aux nombreux évènements organisés. Le programme est à retrouver sur l’agenda du musée.

Aller plus loin :
Les origines historiques des animaux fantastiques, Nota Bonus
Mais d’où viennent les animaux fantastiques ? – Entretien avec Hélène Bouillon, Nota Bonus

Exposition Animaux fantastiques
Jusqu’au 15 janvier 2024
Musée du Louvre-Lens
99 rue Paul Bert, Lens
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h
Tarifs de l’exposition : plein 11€ / 18-25 ans 6€ / gratuit pour les -18 ans


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