Non, le piercing n’est pas un truc de jeune rebelle. Ok parfois, ça peut. Mais pas toujours. L’exposition Piercing, au Musée de l’Homme le prouve. Elle retrace l’histoire du piercing, de la préhistoire à nos jours, en parallèle de l’exposition Dans ma peau.
Le point de vue anthropologique
La pratique du piercing consiste à percer une partie de son corps pour y mettre un bijou. Le piercing désigne donc à la fois la marque corporelle et l’ornement. Au Musée de l’Homme vous retrouverez donc tout naturellement des bijoux, mais aussi des objets préhistoriques ainsi que des photographies. Et on y apprend des choses dans cette exposition ? Tout à fait chers lecteurs ! Par exemple, des labrets* ont été trouvés sur l’ensemble du continent américain mais sur différentes périodes. Le piercing aurait donc suivi les tendances migratoires. Au Musée de l’Homme, nous découvrons alors les traditions des Kayapos du Brésil, des Dayaks du Bornéo, des « Primitifs Modernes », jusqu’aux États-Unis avec nos usages contemporains.
Aux temps des civilisations aztèque et maya aussi, la perforation de la langue se pratiquait largement. Mais le piercing tel qu’on le voit aujourd’hui prend vraiment place aux Etats Unis. Le premier studio de piercing y voit le jour en 1975. Dans les communautés gays, punk ou SM, la pratique du piercing émerge, puis s’impose dans toute la société. De toute façon, le mot français provient du mot anglais to pierce, qui signifie percer. Donc voilà, à partir de la, tout est dit.
*ornementation en forme de cheville ou de disque placée sur la lèvre et permettant parfois de l’élargir
Le piercing depuis quand ?
La pratique remonte à la préhistoire et des traces ont été trouvées sur tous les continents. Au néolithique, en Ethiopie, des labrets* en pierre étaient insérés dans la lèvre inférieure et dans les lobes des oreilles. En 2016, des recherches scientifiques permettent de déterrer ce qui pourrait être le piercing le plus vieux de l’histoire du monde : une baguette en os de bambou qui date de … 46 000 ans !
Quelles significations ?
Le piercing peut parfois permettre de montrer son appartenance à un groupe. Parfois, cela peut être un rite de passage. A Singapour, lors de la fête de Taipoussan par exemple, pour implorer son pardon, on porte plusieurs piercings que l’on exhibe à la communauté.
Parfois cela signifie le prestige, la beauté, la soumission ou la force. En Egypte antique par exemple, les hommes de haut niveau social portaient des boucles d’oreille en or et les membres de la famille royale se perçaient le nombril. Le piercing au nez quant à lui provient directement d’Inde. Il était d’ailleurs réservé aux castes supérieurs. Depuis le XVIème siècle, toujours en Inde, les femmes percent leur narine gauche avant le mariage, dans l’intention de soulager leurs douleurs pendant l’accouchement. En Syrie, c’était tout autre chose : le piercing à l’oreille était un signe de servitude et d’obéissance du serviteur à son maître.
Comment reconnaître le piercing ?
Mais c’est vrai ça ! Comment peut-on être certain que les objets retrouvés étaient bien utilisés comme piercing ? Effectivement, beaucoup de piercings sont passés inaperçus. On ne peut pas tout savoir non plus. Mais plusieurs indices peuvent nous mettre sur la bonne piste : la forme de l’objet ou la finition du matériau utilisé. Longtemps exclut des expositions, le piercing a finit par être un objet de recherche… et d’art.
Il vous reste deux mois ! L’exposition Piercing, c’est au Musée de l’Homme à Paris, jusqu’au 9 mars 2020.
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