Il était une fois : Shrek

Shrek, vous en avez entendu parler, o-bli-gé. Il plait, passionne et fait rire. Mais pourquoi ce personnage est-il aussi célèbre ?

On résume ?

Shrek, c’est un ogre.

Il habite dans un marais, coin tranquille au fond de la forêt. C’est une créature qui aime sa solitude et ses habitudes. Il fait peur aux villageois, il est repoussant, sarcastique.

Un beau jour, un tas de créatures magiques débarquent sur ses terres, chassées par Lord Farquaad, roi de la ville de DuLoc. Shrek, ça ne lui convient pas, il veut pouvoir aller aux toilettes tranquillement sans avoir le Grand Méchant Loup ou Pinocchio qui squatte donc il décide d’aller voir Lord Farquaad pour régler le problème.

Lord Farquaad veut devenir roi et qui dit roi, dit princesse. Un peu au pif, il choisit Fiona qui est enfermée dans une tour. Pour la libérer il faut combattre un dragon et l’embrasser. Mais bon, c’est pas le gaillard de l’année donc il va missionner quelqu’un pour faire le travail à sa place et lui ramener sa bien-aimée.

Les origines

Shrek est réellement un conte pour enfants ! C’est une histoire qui a été écrite par William Steig en 1900. L’origine du nom est yiddish (ancêtre de la langue allemande) qui signifie la peur, la terreur.

Maurice Tillet

Maurice Tillet aurait également inspiré le personnage principal. Champion du monde de catch dans les années 40, il était aussi connu pour son physique atypique car il était atteint d’acromégalie, une maladie qui entraîne un épaississement osseux.

Des références pop-culture

S’il y a bien une chose à savoir, c’est qu’il y a des références absolument partout, et ça, c’est assez surréaliste. Tout le monde, quel que soit son âge ou sa culture en trouvera qui lui feront écho : Capitaine Crochet, Cendrillon, Merlin, Robin des bois, Ariel et on en passe. C’est ce qui rend Shrek universel et indémodable.

Sans déroger au fil conducteur de l’histoire, les animateurs se sont amusés à glisser des références à des scènes cultes du cinéma : Le Seigneur des Anneaux, Spider Man, Mission Impossible, Godzilla ou encore Alien.

@Bora Barroso

Des personnages anti-conformistes

Shrek, c’est surtout la définition de la contre-culture. Le conte est traditionnellement un genre très codifié. Si on vous dis « conte » vous pensez de suite à une belle princesse enfermée dans une tour, un méchant, un beau prince et ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps.

Shrek c’est tout ça. Mais à l’envers. C’est une critique ouvertement provocatrice qui s’émancipe des conventions. Et si ça parle tant, c’est parce que c’est beaucoup plus proche de notre réalité.

Portrait du prince Charles (Shrek 2)

Shrek, c’est l’anti-héros par excellence. Il joue le rôle du Prince Charmant sauf qu’Il n’a rien d’un « prince » et il est encore moins « charmant ». Il est brut et a sale caractère. Celui qui avait tous les traits pour incarner le méchant dans l’imaginaire collectif devient le « gentil ».

On nous rappelle que dans la vie, il n’existe pas que deux issues contraires : blanc ou noir, bien ou mal. Un être gentil n’a pas qu’une seule représentation. On peut avoir du caractère, grogner et être parfois malpoli sans pour autant manquer d’humour, de force et de courage.

Sa personnalité est complexe, comme le serait un humain. Sous ses apparences de gros dur, n’oublions pas que Shrek n’a pas choisit sa solitude.

« C’est le monde qui est fâché avec moi. On me juge sans apprendre à me connaitre, c’est pour ça que je préfère être seul. »

Shrek 1, 00:47:59

L’Âne, c’est le fidèle compagnon, version « wish » de l’habituel noble destrier. Son principal trait de caractère ? L’humour. Son activité préférée ? Parleeeerrrr !

Mais derrière ce drôle de personnage se cache un esprit perdu, en manque d’amour et d’attention. Également hors norme et rejeté, il ne se sent à sa place nulle part. Ce rôle de clown lui colle très bien à la peau, mais l’humour, comme bien souvent dans la vraie vie, permet de se créer une carapace pour se protéger des autres et éviter de souffrir.

L’Âne, c’est un peu comme notre pote, on a l’impression de le connaître. Et pourtant, il règne un grand mystère autour de son passé.

Fiona, « anti-princesse » qui détruit les stéréotypes féminins. Considérée d’une grande beauté selon les standard sous sa forme humaine, elle devient une ogresse la nuit tombée. Elle décidera de son plein gré de rester sous cette forme, nous rappelant que la définition de la beauté est subjective.

Fiona n’est pas naïve, elle sait se battre, faire preuve d’intelligence et d’esprit critique, qualités qu’on ne peut pas attribuer à toutes les princesses. Elle rote, pète, rit aux blagues salaces. Elle donne une image de la femme qui n’a pas pour objectif de plaire. Elle est imparfaite et c’est ok d’être comme ça.

Son personnage est particulièrement intéressant car elle se rebelle « malgré elle ». Fiona est née princesse mais n’a pas choisi de se plier aux exigences de son titre. À travers les films, elle entame une quête introspective dans laquelle elle apprend à se connaitre, à s’émanciper du regard des autres, du regard de sa famille et de ses propres attentes qui n’étaient que celles que la société lui imposaient.

Si Shrek, l’Âne et Fiona se comprennent autant c’est parce qu’ils ont la même problématique : le monde qui les entoure.

Attaque des princesses, Shrek 3

Des thématiques « miroires », critique de la société

Les thématiques abordées dans Shrek ne sont pas superficielles, bien au contraire : la société, le regard des autres, la confiance en soi, les émotions, les sentiments. Pour l’époque, c’est très novateur. On vend souvent du rêve, du beau.

Shrek 1 aborde les stéréotypes, les conventions et la difficulté à comprendre autrui. Shrek 2 parle de la pression familiale et sociétale. Dans le troisième et le quatrième sont évoqués l’avenir, la parentalité, le mariage et la routine dans le couple.

Mais la critique ne s’arrête pas là.

Dans Shrek 1, les personnages sont contraints de migrer vers une nouvelle terre. Ils s’exilent chez Shrek, pensant trouver une terre d’accueil chez l’un des « leurs ». Mauvaise pioche. On peut ici facilement faire un parallèle avec la situation migratoire dans le monde. Coïncidence ou non, l’une des chansons de la BO s’appelle Immigrant Song de Led Zeppelin.

On dénonce les excès du capitalisme. Au commencement, les êtres magiques servent de monnaie d’échange. La somme redonnée à leur propriétaire dépend de leur valeur estimée, basée sur des critères aléatoires.

Dans Shrek 2 l’usine à potions magiques de Marraine la Bonne Fée est une métaphore du monde capitaliste. Son entreprise met tout en œuvre pour produire et vendre le plus possible, aux dépens de l’éthique morale et écologique.

« Oh, j’ai une idée, je pourrais peut-être aller décapiter les bourgeois de tout un village, planter leurs têtes sur des pics, un coup de canif, et je leur aspire la moelle du cerveau avec une paille en fer, ça te donne pas l’eau à la bouche ? »

Shrek 1, 00:27:07

Shrek prône l’humanisme qui sommeille en chacun de nous. La morale se veut en faveur de l’ouverture d’esprit et des liens sociaux, bannissant ainsi la société basée sur le profit et la propriété privée.

Il nous propose un mode de vie alternatif, en autogestion et proche de la nature. Il fabrique ce dont il a besoin, les bougies avec sa cire d’oreille par exemple, et cuisine ce qu’il produit ou chasse.

Et si on ne t’a pas encore convaincu, voilà un petit best off des meilleures phrases de l’Âne

@Serieously sur YouTube


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