L’appel de la forêt : un voyage émotionnel

Réalisé par Chris Sanders, qui avait déjà travaillé sur Lilo et Stitch pour Disney, le film est une nouvelle adaptation du célèbre roman de Jack London, L’Appel de la Forêt, aussi nommée Call of the Wild. Manque de bol, le film voit le jour en février 2020, juste avant la fermeture des cinémas suite à la propagation du Covid-19. Sur une note plus joyeuse, le choix des acteurs, qui inclut Harrison Ford et Omar Sy, nous intéresse. On constate d’ailleurs l’ascension de Omar Sy, depuis Jurassique World jusqu’à Lupin.

Depuis le roman

Ce roman est le premier que Jack London publiera sur les canins. Trois ans plus tard, le public accueillera un nouveau chef-d’œuvre de London : Croc-Blanc.

The Call of the Wild est publié en 1903, presque 120 ans avant l’œuvre cinématographique. Le récit se déroule vers la fin des années 1890. C’était pendant la « ruée vers l’or du Klondike », suite à la découverte d’or dans les rivières du Klondike, dans le Yukon, au Canada, par des prospecteurs américains. Afin de transporter l’or qu’ils espéraient alors trouver, les prospecteurs avaient besoin de chiens dits de « traîneau ».

Buck, le personnage principal de l’histoire, est le chien d’un juge renommé de Californie. Buck voit son quotidien tranquille bouleversé lorsqu’il est kidnappé et vendu comme chien de traîneau.

L’adaptation de Sanders

Le début du film reprend à peu près les mêmes éléments que le roman, et les modifications sont légères. Les paysages et le décor évoquent beaucoup la fin du XIXe siècle. Le style vestimentaire, et la musique, rendent le film très réaliste. Ils permettent au spectateur de s’immerger dans le film et de se familiariser avec le contexte historique.

L’adaptation cinématographique peut ainsi être séparée en deux parties : la première, où Buck est un chien de traîneau, et a pour maître Perrault, interprété par Omar Sy; et la deuxième, où son maître est John Thornton, personnage joué par Harrison Ford.

Capricieux dans le film, habitué au confort et à l’insouciance, le personnage de Buck se retrouve ainsi rudoyé. Il va cependant devoir s’adapter pour survivre. Grâce aux autres chiens, il apprend à se couvrir sous la neige pour échapper au froid. Il apprend à travailler en équipe afin de transporter le courrier à travers le Yukon. Buck expérimente les rudiments de la vie d’un chien de traîneau, ce qui contraste avec son premier mode de vie.

Bande-annonce de l’Appel de la Forêt

Le loup noir

Alors que Buck s’ajuste à sa nouvelle vie, un immense loup noir apparaît plusieurs fois. Il se montre dans les situations les plus dangereuses, et semble guider Buck au fur et à mesure de cette partie du film. Par exemple, lors d’une scène, une avalanche survient, Buck aperçoit le loup noir au-dessus d’un passage. Buck désobéit alors à son maître, Perrault, pour s’y ruer.

Scène de l’avalanche

On peut interpréter la signification du loup noir de deux façons : il peut s’agir de l’éveil de l’instinct de Buck, qui était jusque-là réfréné due à sa domestication par l’humain. Il est également possible de penser le loup comme la Nature elle-même, qui teste Buck et l’éclaire.

Le loup noir

Buck se retrouve confronté à un dilemme : la Nature l’appelle. Il est tenté, à plusieurs reprises, de quitter la meute de chiens de traîneau et Perrault, afin de suivre le loup noir dans les bois.

La rencontre avec John Thornton

L’arrivée du télégraphe marque un changement dans la vie de Buck. Cette avancée technologique permet d’envoyer des messages sur de longues distances grâce à des signaux. Le courrier ne sera donc plus transporté par des chiens. D’une certaine manière, c’est aussi une façon de voir comment l’être humain, et dans ce cas aussi, l’animal, est remplacé par une machine. Perrault se voit donc obligé de se séparer des chiens.

Buck et Perrault, interprété par Omar Sy

La deuxième partie du film commence alors. Depuis son kidnapping, Buck goûte une nouvelle fois à la cruauté de l’humain, avec un nouveau maître, Hal. Personnage borné, son impatience le pousse à s’exposer à un danger, puisqu’il refuse d’attendre le printemps pour traverser la glace. Il fait porter aux chiens un traîneau trop lourd, et les force à avancer malgré eux. Buck doit sa survie à l’intervention de John Thornton, interprété par Harrison Ford, qui devient son nouveau maître.

Contrairement au roman, le personnage de Thornton est très mélancolique. Quelques personnages ont été supprimés. C’est dans cette partie que l’appel de la forêt se fait plus pressant, plus fort. Buck rencontre un vrai loup et explore la forêt dans laquelle lui et son maître s’installent, mais il ne quitte pas Thornton.

Le choix de Buck

Le film, fidèle au roman, explore beaucoup la relation entre l’être humain et le chien : Buck a été confronté à la cruauté des humains mais a su trouver de l’amour auprès des personnages de Perrault et de Thornton. Cette adaptation s’achève cependant sur une note poétique, mais assez triste. Suite à la mort de Thornton, Buck abandonne complètement la civilisation humaine, pour rejoindre l’Appel (de la forêt).

Buck retourne à un état de chien sauvage, voire de loup, comme si la Nature l’avait métamorphosé. On peut alors comprendre le titre, L’Appel de la Forêt. Buck entend l’Appel, « The Call ». Il rejoint la Forêt,  « The Wild » qui peut aussi faire référence à la nature, en anglais. Après toutes les épreuves qu’il a enduré, Buck est enfin libre. De son kidnapping à sa métamorphose, il est devenu « son propre maître ».

Lors du visionnage, on peut facilement réaliser que le film est très émotionnel. On remarque que le narrateur n’est autre que le personnage de John Thornton, qui meurt à la fin du film. Thornton narre que Buck est devenu une légende dans la forêt dans laquelle il vit désormais, mais qu’il « se souvient, chaque été, des douces mains et de ses maîtres, ainsi que des épreuves qu’il a endurées ».

Dernière scène du film l’Appel de la Forêt

Des « chiens » ou des « miroirs humains » ?

Pendant le film, on peut remarquer, lors de plusieurs séquences, que les chiens « rient », « grimacent », « pleurent ». Cela s’accentue par « l’humanisation des animaux ». En effet, les chiens semblent être des « miroirs humains » sur lesquels l’on pourrait déceler des expressions humaines. Comme la méchanceté de Spitz, l’ancien chef de file du traîneau ; l’ours qui lance un sourire narquois à Buck après l’avoir effrayé ; ou, sur un ton plus humoristique, le fait que Buck empêche Thornton de se saouler en lui cachant ses bouteilles de whiskey, tout en fronçant des sourcils.

D’ailleurs, il s’agit d’une des critiques formulées à l’encontre du film. The Guardian avait qualifié d’un peu « ringarde » l’animation du chien Buck, qui n’est pas joué par un vrai chien. Notre Buck est en réalité majoritairement fait en images de synthèse. Le film est un véritable fiasco : 110 millions de dollars récoltés, contre à peu près 150 millions de dollars dépensés pour sa production par le studio 20th Century.

Néanmoins, pour ceux d’entre nous qui ont grandi avec L’Appel de la Forêt, ce film est une réminiscence (surtout quand on a pleuré deux heures durant, après avoir lu la fin du livre).

En espérant que vous avez aimé cet article, on se retrouve bientôt 🙂

Allez, à plus mes puces !


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