Skam, une série sur l’ado d’aujourd’hui

Un groupe de potes, tous lycéens, des péripéties sentimentales et autres sursauts de vie ? Bienvenu dans l’univers de Skam. Comptabilisant plus de 140 millions de vus, c’est LE phénomène série, en France, à destination -principalement- des adolescents. À l’occasion de la diffusion d’une 7ème saison début janvier 2021, Le cerf volant vous propose une découverte des origines de la série, mais aussi les enjeux sociaux qu’elle pose sur la table. Loin d’être franco-française, la série balaye les thèmes du monde des adolescents, de façon aussi intime qu’universelle. 

Emergence nordique et évolution française 

Initialement, Skam est une série télévisée norvégienne pour jeunes adultes, qui fut diffusée de 2015 à 2017. Réalisée par Julie Andem et produite par NRK, la série originale comptabilise aujourd’hui 4 saisons et 43 épisodes. On suit le quotidien d’adolescents, au sein de leur école, à Oslo (équivalent d’un lycée, en France), et chacune des saisons propose un focus sur l’un des personnages du groupe d’amis.es. Ce fut un succès et d’autres versions de Skam apparaissent de part l’Europe (en Espagne, Allemagne, Italie, Etats-Unis etc.).

La version franco-belge fait parler d’elle depuis déjà quelques années, diffusée sur France TV Slash, chaîne de télévision française, du service public, entièrement numérique (groupe France Télévisions). Le concept est le même que son homologue nordique : des adolescents traversants la vie, avec plus ou moins de déboires, cultivant leurs relations inter-personnelles.

Casting norvégien

Casting franco-belge

Globalement, le succès de Skam peut s’expliquer par l’exception qu’il représente à la télévision, abordant des thèmes graves, parfois dramatiques, tout en restant proche de la comédie et surtout des réalités adolescentes.

En France, c’est David Hourrègue qui est le père des six dernières saisons et qui orchestra pendant trois ans, une équipe soudée qui aboutit au résultat que l’on connaît. En 2019, il reçoit un Out d’or dans la catégorie « coup d’éclat artistique », pour la saison 3. Cette cérémonie, organisée par l’Association des journalistes LGBT depuis 2017, récompense les initiatives médiatiques permettant la visibilité des problématiques des personnes lesbiennes, gays, bi-sexuelles et transexuelles.

Cette année, l’équipe change. Shirley Monsarrat succède à David Hourrègue en tant que réalisatrice pour deux nouvelles saisons. Introduite à la production par le papa du projet, le nouveau visage leader de Skam, n’en est pas à ses premières armes, même si ses projets furent jusque là, davantage des courts-métrages, clips publicitaires et musicaux. 

De l’intime à l’universel

« Skam », « honte » en norvégien, n’est pas l’innovation du siècle car d’autres séries illustrent le quotidien des jeunes. On pense notamment à la britannique Skins, réalisée par Jamie Brittain et Bryan Elsley. Néanmoins, Skam propose une variété de thèmes tels que l’acceptation de soi, le cyber-harcèlement, l’homosexualité, le coming out, la bipolarité, la dépression, la contraception, la foi etc. 

Le tour de force est ce savant équilibre entre drame et comédie qui permet cette subtilité et pudeur face au sujet. Les personnages qui traversent ces épreuves de la vie, sont interprétés par un casting jeune dont on connaît encore peu les visages (du moins, à la télévision).

Une partie du casting Skam France

Skam est de ces oeuvres témoignages, comme un journal intime que l’on aurait trouvé par hasard. En tant que spectateur.trice, on est transporté au coeur d’un quotidien qui n’est pas le notre, mais la narration pousse à une forte empathie. Le récit est si pudiquement intime que l’on se retrouve forcément dans les émotions que traversent les personnages. Un réalisme troublant se dégage de Skam jusque d’ailleurs dans la photographie, avec notamment des couleurs peu saturées et des plans immersifs. 

Une diffusion de l’instant 

Que ce soit dans sa version norvégienne ou franco-belge, Skam propose, depuis sa création en 2015, un mode de diffusion assez inédit, qui permet de créer une proximité entre les personnages de la série et les téléspectateurs-internautes. 

En effet, des épisodes sont postés tout au long de la semaine sur le site officiel, à des horaires aléatoires, durant parfois 2min. Ces épisodes sont comme des instants de leur vie, un sms entre deux amies ou un trajet vers la salle de cours suivante, par exemple. Chaque vendredi, un épisode est posté sur France TV Slash, regroupant les moments de la semaine. 

Ce mode de diffusion est intelligent de la part de la production, notamment au niveau narratif, mais aussi par la fidélité que ce rythme favorise. Avec ces petits fragments de vie, on se retrouve à suivre les personnages au quotidien, comme si on les accompagnait, comme des amis.es. Sur les réseaux sociaux, l’engouement est d’ailleurs au rendez-vous, les commentaires et échanges se multiplient à chaque épisode, sur le devenir des différents personnages. Il existe une réelle communauté de fans derrière cette série.  

Alors voilà, une œuvre rare en télévision, qui vaut le détour pour cette fenêtre qu’elle nous ouvre sur le monde adolescent. Les adaptations de Skam sont aussi intéressantes par la variété de personnalités et de vécus que l’on rencontre. Ces variations sont dues à de multiples paramètres, notamment la culture du pays, les équipes réalisatrices, mais globalement, cela représente bien cette période de la vie. Il existe autant d’adolescence que d’individus mais nous nous rejoignons tous quelque part. 

Reprenez dès maintenant le fil de la saison 7, avec l’histoire de Tiphanie, une maman adolescente mais pas que. Émotions au rendez-vous, comme toujours avec Skam !


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