2004, une année importante pour la ville du Nord de la France, se trouvant au carrefour de l’industrie du textile. Lille devient Capitale européenne de la Culture. La ville va se transformer, plusieurs lieux vont être réhabilités par les politiques publiques pour devenir des lieux de culture et d’art, des outils du territoire. Connaissez-vous vraiment les maisons Folie ?
les folies, toute une histoire
Si on remonte encore le fil de la grande Histoire, au 19e siècle, les “folies” étaient des résidences bourgeoises à la campagne. Lieux d’oisiveté, de loisirs, pour l’aristocratie, ces folies était aussi d’une architecture qui se distinguait de ce que connaissaient les urbains de l’époque. On trouve des évocations de ces « folies » jusque dans des œuvres littéraires, comme celle de Pierre Choderlos de Laclos, publiée en 1782, Les Liaisons dangereuses.
Au moment de la nomination de Lille comme Capitale européenne de la Culture, on donna ce nom pour n’en garder que l’héritage de divertissement via la culture, encrée dans la vie du quartier, rythmée par les souhaits de ses habitants.
Plusieurs maisons Folie ont vu le jour, en 2004. Les maisons Folie de Lille et de Lomme sont installées au sein de quartiers populaires marqués par l’aire industrielle. L’ancienne filature Leclercq (70 rue des Sarrazins) abrite la maison Folie Wazemmes, la maison Folie Moulins s’installe dans l’ancienne brasserie régionale des 3 Moulins (47 rue d’Arras) et la maison Folie Beaulieu à Lomme, ouvre au 33 place Beaulieu, ancienne salle des fêtes de la cité de la Délivrance, cité-jardin du début du 20e siècle.
Ces sites, délaissés depuis plusieurs années (et même menacés de destruction en 1997), ont heureusement fait l’objet de rénovations, afin de les adapter au mieux à leur nouvelle vie. Ce sont les architectes Baron et Longuet qui surent inventer un nouveau visage digne d’une structure culturelle moderne, tout en conservant les traces de l’histoire. On fait face à un bel assemblage harmonieux de matériaux, entre briques, métal et verre.
Aujourd’hui équipements phares de la ville de Lille, les maisons Folie œuvrent à favoriser les rencontres entre artistes et habitants, toutes générations confondues. Depuis 2004, elles sont restées des lieux de vie culturelle et de convivialité, mises à disposition des associations pour la tenue d’activités de proximité. En voici quelques exemples.
Un réseau de Fabriques culturelles
Ces maisons Folie font parties d’un grand ensemble, d’un projet culturel de territoire, organisé en réseau, les Fabriques culturelles, apparues en 2004. Ce sont au total 11 établissements culturels qui maillent le territoire de la métropole lilloise, permettant de proposer aux publics des programmations pluridisciplinaires. C’est donc dans un esprit collaboratif que ces équipements, tous assez différents dans leurs possibilités, permettent d’imaginer des projets avec les habitants des différents quartiers.
En 2005, avec le soutien de la Métropole de Lille, le Nautilys, la Maison de la Musique de Comines, Les Arcades, le Centre Musical de Faches Thumesnil, la Ferme d’en Haut, et la maison Folie de Villeneuve d’Ascq, créent TOUR DE CHAUFFE : un dispositif d’accompagnement aux pratiques musicales amateures dans le secteur des musiques actuelles. C’est grâce à ce projet que des groupes lillois gagnent en visibilité et ont l’opportunité d’aller à la rencontre d’un public plus large et au-delà de la région lilloise. C’est le cas du groupe de métal alternatif Ahna, fondé en 2020, qui s’illustra sur plusieurs scène telles que celle du Bistrot St-So, la Ferme d’en Haut tout récemment aux côtés de Black Bomb A et bientôt à Paris, samedi 9 décembre 2023.
des événements à taille d’habitants
Depuis toujours, les maison Folie sont pensées comme des lieux de vie culturelle. Les équipes en place veillent à programmer différentes formes artistiques pour représenter toute la vivacité et diversité de la scène créative. Si on se rend dans une maison Folie aujourd’hui, on trouve des disciplines telles que le spectacle vivant, les arts visuels, la musique, dans des propositions parfois amatrices, souvent professionnelles.
Côté spectacle vivant, la scène locale foisonne de compagnies innovantes, notamment lorsqu’il s’agit de parler aux plus jeunes. Souvent au sein des lieux culturels, une personne est dédiée à la programmation et l’accompagnement de compagnies de spectacles labellisés jeune public. Dans la région existe un regroupement d’acteurs du réseau professionnel en Hauts-de-France, appelé le Collectif Jeune Public. C’est une association régionale ouverte à tous les professionnels du spectacle. Elle réunit structures de diffusion, équipes artistiques et personnalités, toutes intéressées par la création et les sensibilisations accessibles aux enfants, aux adolescents et à leur entourage. En cette fin d’année, plusieurs spectacles jeune public sont programmés dans les différentes maisons Folies et structures partenaires du Collectif.
A l’occasion de Noël, la maison Folie Moulins organise le week-end Fais tes cadeaux, les 16 et 17 décembre prochains. Pour cela, elle travaille main dans la main avec une association du quartier. Fil à fil, dédiée à l’accompagnement des plus démunies dans leur relogement et insertion sociale, programme une partie de l’événement, et invite ses bénéficiaires à venir partager un moment festif. Le même week-end auront lieu des ateliers de confection de cadeaux en crochet et d’emballage en tissu (technique japonaise du furoshiki) au sein du Mini Lab, espace de la maison Folie Moulins. Les enfants de l’école primaire Victor Duruy auront confectionné des décorations, lors d’ateliers menés au sein de leur école, celles-ci seront installées dans la maison Folie pour ce week-end thématique. D’autres propositions artistiques co-fondées avec des acteurs du territoire, des habitants, vont être présentées.
L’idée originelle est un héritage qui vit et se transforme les décennies passantes, les habitants traversants, mais, comme l’a dit la maire de Lille, Martine Aubry, ces maisons Folie sont « des constructions pérennes, mais avec l’esprit festif de Lille 2004 ». Citant le sociologue Edgar Morin, l’ancienne ministre précisa : « Elles doivent être des liens entre le passé et l’avenir, la culture cultivée et la culture vécue ».
Il ne te reste maintenant plus qu’à aller arpenter ces lieux pour faire partie de l’aventure culturelle lilloise !
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