Se retrouver au Népal parce que Romane le lui a demandé ? Jamais elle ne l’aurait imaginé et pourtant… Jusqu’où sommes-nous prêts à aller par amitié ?
Kilomètre Zéro est un roman de Maud Ankaoua, édité en 2019 par J’ai Lu. Dès les premières pages, l’autrice, nous amène à réfléchir à notre rapport à l’autre et aux degrés d’action que nous sommes capables de réaliser pour les personnes qui nous entourent. Dans cet article nous allons nous plonger dans ces réflexions et dans le parcours du personnage principal : Maëlle.
l’importance d’un voyage
Le roman débute à notre époque dans la belle capitale de Paris, où nous faisons la rencontre de Maëlle, jeune, dynamique et déterminée dans sa réussite professionnelle. À travers ce personnage, nous allons voyager vers une introspection sur nous-même, avec des étapes révélatrices et constructives.
Jeune parisienne ancrée dans un « métro, boulot, dodo » qui rythme sa vie, Maëlle vit à cent à l’heure et enchaîne kilomètres après kilomètres.
Jamais elle ne se serait doutée que sa meilleure amie, Romane, la ferait trébucher lors d’une matinée autour d’un café. Maëlle avait, non sans peine, réussi à trouver un moment pour la voir, mais sa vision fut rapidement troublée par cette mine blafarde, ces petits yeux et ce foulard qui couvrait cette tête pleine d’intelligence et de conseils. C’est à ce moment que sa course folle s’est stoppée nette.
La maladie avait frappé et Romane n’était plus ce rayon de soleil qu’elle connaissait. C’est assez ironique de constater qu’on peut radicalement revoir ses priorités lorsqu’on sent sa vie basculer.
Paris, avion, Maëlle, stress, incertitudes, folie… pour arriver au Népal. On peut dire que tout nous semble possible quand on a l’impression de ne plus rien avoir à perdre. C’est ce que la jeune femme s’est dit, prête à tout pour sauver son amie, même à partir dans une quête inconnue, à la recherche d’un secret bien gardé au cœur de l’Himalaya, à des kilomètres de son quotidien.
Le cœur ou la raison guident nos décisions
Dès le début du roman, on sent un déchirement pour le personnage principal qui lutte entre sa tête et son cœur. On est pris à part dans ce dilemme, car nous avons tous et toutes déjà connu une situation où nous entendons en nous deux sons de cloche, en doutant duquel choisir. Pour Maëlle, tout a été dit au moment où elle a embarqué pour le Népal. On vit cette aventure non pas comme un voyage touristique, mais comme un voyage de réflexion. Nous nous interrogeons sur nous mêmes à travers le point de vue émotionnel du personnage. En nous arrêtant sur certains passages du livre pour relire des mots qui sont survolés à la première lecture, des significations font écho en nous.
Pour se déplacer au Népal et rejoindre sa destination, Maëlle est accompagnée d’un guide qui lui montre la voie à suivre. Au-delà de la guider à travers l’Himalaya, il lui apporte son savoir et ses enseignements de vie. Les échanges entre le guide et la jeune femme sont à l’origine de questionnements importants dans ce voyage. Ils peuvent être douloureux à ressentir, mais notre aventurière suit ces conseils et trouve des réponses qui l’apaisent et lui ouvrent les yeux sur son passé qui semble l’avoir durement marqué.
Au milieu de l’Himalaya elle fait la rencontre d’un jeune italien. Sa raison, et plus particulièrement ses expériences passées, l’incitent à se détourner de lui, mais elle est amenée à recroiser la route de cet inconnu. Avec les conseils reçus, elle laisse son cœur parler et les événements suivants la confortent dans son choix. Parfois, le cœur comme la raison peuvent créer un enchainement surprenant. La clé qu’elle a trouvé réside dans l’instant présent. Maëlle a su se focaliser sur ce qu’elle vivait et non sur ce qu’elle attendait.
Découvrir une culture : un challenge de perception
Le roman nous emmène au Népal, une destination clé pour Maëlle comme pour Romane. Ce pays riche de paysages et de cultures est célèbre pour ses randonnées dans l’Himalaya. Maëlle vient ici pour rapporter un objet essentiel à la guérison de Romane sans se douter qu’elle-même va repartir changée.
À travers le récit, nous traversons des villages ancrés dans les traditions : le partage, l’écoute malgré la barrière de la langue, les spécialités culinaires et le culte. L’accueil est chaleureux et unique. Maëlle est propulsée dans une culture à l’opposée de sa vie parisienne et de sa perception des manières de vivre. La confrontation est difficile dès le début avec des rencontres qui s’immergent dans sa vie privée très rapidement, et qui deviennent un facteur de frustration pour elle.
Nous comprenons à chaque étape, que son prisme culturel l’empêche de percevoir la réalité du pays et ce qui lui est offert de découvrir. Notre éducation, et par ce fait notre conditionnement dans un pays et sa culture, nous façonnent à vouloir retrouver ces codes dans chaque lieu et personne rencontrés.
Le livre nous fait comprendre que ce mécanisme est un obstacle dans nos découvertes personnelles comme culturelles. Pour faire face à cette difficulté de perception Maëlle doit, selon les conseils de son guide, porter un regard d’émerveillement et de neutralité sur ce qui l’entoure. Un regard d’enfant.
» Ne compare pas avec ce que tu connais, oublie les ampoules, imagine un oiseau qui découvre l’endroit, sans conscience particulière. Crois-tu qu’il s’interrogerait sur ce genre de chose ? Non, il vivrait l’instant. Continue à observer comme si ton cerveau était vierge. Regarde sans ajouter de réflexion. «
Kilomètre Zéro, Maud Ankaoua, p.50
POSITIve envers la vie
Maëlle nous montre sa détermination dans la réalisation de ce voyage malgré des rebondissements. S’apitoyer sur l’imprévu, le mécontentement ou la déception ne permet ni à Maëlle, ni à quiconque de résoudre son problème. C’est seulement permettre à la tristesse ou la peine de s’installer et d’entacher notre bonheur.
L’autrice, au fil des pages, nous apporte une vision déconstruite de notre recherche du bonheur, notre vie en société mais également de nous-même et de notre rapport aux autres. Elle nous explique que notre attitude agit sur ce que nous recevons. Soyons négatif·ves et nous ne percevrons que le négatif de ce qui peut nous arriver. À l’inverse, soyons positif·ves et le positif de nos actions et instants nous émerveilleront.
La pensée positive est illustrée dans ce roman et Maëlle nous montre sa mise en application. Elle qui voyait sa vie avec une zone d’ombre, s’est aperçue que notre point de vue est la clé de la compréhension de toute situation. Un même instant peut être horrible, tout comme il peut être merveilleux, à nous de le voir comme nous le choisissons. Après tout, rester positif·ve ne peut nous apporter que du bien.
La fin du roman marque la fin du voyage de Maëlle. On comprend que l’aventure est ce qui rapproche une personne d’elle-même, car c’est au cœur d’un instant imprévu qu’on se dévoile et prend pleinement conscience de soi. Mais finalement, ce roman nous permet de nous (re)trouver de toutes les manières possibles. À vous de vivre la lecture qui vous correspondra.
» Le bonheur ne réside pas au kilomètre final qui n’existera jamais, mais au kilomètre zéro, qui commence à chaque instant. «
Kilomètre Zéro, p.254
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