Fire of Love : un amour volcanique

Le 3 juin 1991, Katia et Maurice Krafft ont perdu la vie au pied du mont Unzen qui venait d’entrer en éruption. Trente et un ans plus tard, la réalisatrice et productrice américaine Sara Dosa a décidé de leur rendre hommage avec Fire of Love, un film qui retrace la vie de ce couple volcanologue.

Deux vies étroitement liées aux volcans

Nommé aux Oscars dans la catégorie Meilleur film documentaire en 2023, Fire of Love est un film documentaire qui reprend les images d’archives captées par Katia et Maurice Krafft pour conter la vie de ce couple amoureux des volcans. Pendant près d’une heure trente, nous vivons avec eux leurs diverses aventures passant de volcans en volcans et d’éruptions en éruptions, afin de mieux comprendre leur passion.

Katia et Maurice Krafft. Extrait photo du film Fire of Love, 2022

Originaires d’Alsace, ils sont encore étudiants lorsqu’ils se rencontrent en 1966 à Besançon et se découvrent rapidement comme passion commune les volcans. Tout au long de leur vie, ils documenteront leurs aventures, via des livres, des interviews, mais surtout via des vidéos contenant des images qui nous permettent, plus de trente ans plus tard, de nous plonger au cœur de leurs périples.

Ce documentaire est aussi l’occasion d’en apprendre davantage sur le métier de volcanologue, ainsi que sur le fonctionnement des volcans. Parce qu’en voyageant à travers les différents pays du monde, nous découvrons leur nom, leur dangerosité et leur immensité, avec en prime les explications de Katia et Maurice.

Des plans extraordinaires

Accompagnées de silence, d’une voix narrative, d’effets sonores ou alors de musiques minutieusement choisies, chacune des images d’archives et chacun des plans présents dans le documentaire devient rapidement grandiose. Parce qu’au-delà de l’histoire de Katia et Maurice Krafft, les images de très bonne qualité, récupérées dans les bandes d’enregistrements de leurs appareils, se suffisent à elles-mêmes pour nous offrir des décors et des ambiances surréalistes. Les couleur et les paysages très vastes et impressionnants, à la limite de l’apocalypse, dans lesquels le couple de volcanologues paraît minuscule, rappellent les dangers de leur passion.

Ces dangers, nous les remarquons notamment lorsqu’ils visitent des lieux complètement détruits suite à des éruptions volcaniques. C’est notamment le cas lorsque que Katia Krafft se rend le 14 novembre 1985, en Colombie, le lendemain de l’éruption du Nevado Del Ruiz, qui a entraîné la mort de 22 000 personnes, l’une des plus grandes catastrophes volcaniques et l’une des plus meurtrières de l’histoire. Un parallèle qui nous montre la ligne très fine entre l’imposant spectacle qu’offrent les éruptions et les conséquences qu’elles peuvent avoir sur les populations voisines.

Une histoire de relations

Le sujet de la relation est un thème très important et très bien narré dans Fire of Love. La relation d’amour entre Katia et Maurice Krafft est elle-même reliée à une autre relation d’amour, celle des volcans. Ils ne font en réalité plus qu’un. Leur destin est ainsi lié, et Katia Krafft résume très bien cette pensée à travers une phrase marquante du documentaire :

« Je le suis parce que je me dis que s’il va se tuer, je préfère être avec lui. »

Katia Krafft, dans le film Fire of Love (2022)

Une citation qui ne laisse pas insensible, d’autant plus lorsque nous connaissons les circonstances de leur décès, et qui démontre qu’ils vivront ensemble leur passion jusqu’à leur dernier souffle.

Toutefois, lors du visionnage et de la découverte de leur histoire, une nouvelle relation se met en place, celle entre eux et le spectateur. Parce que, de par leur complicité, leur bonne humeur et leur inconscience par moments, ils nous donnent envie de nous attacher petit à petit à eux.

On suit les aventures de deux adultes avec un esprit enfantin qui sont subjugués par la puissance et la grandeur des volcans. Il est ainsi difficile de ne pas s’attacher à Maurice Krafft quand il nous raconte son projet de descendre une coulée de lave longue de 15 kilomètres en canoë. Un extrait qui résume bien la passion et la folie qui animaient le couple.

Un grand héritage derrière eux

En 1991, le couple se rend au Japon pour y filmer une énième éruption volcanique, celle du Mont Unzen. Ce jour-là, ils sont accompagnés de Harry Glicken, un Américain qui fait partie de leurs nombreux amis volcanologues. Les conditions climatiques sont difficiles, mais rien n’arrête les trois volcanologues dans leur quête de filmer cette éruption comme ils l’ont toujours fait. Ils y perdront finalement la vie, l’un à côté de l’autre, comme le souhaitait Katia Krafft. Le documentaire nous montre ainsi les dernières images du couple le matin du drame, toujours aussi souriant à l’idée de filmer une nouvelle éruption.

Tout au long de leur vie, les deux volcanologues évoquaient leurs prises de risques en continuant de se rendre au plus près des éruptions volcaniques. Une passion vécue à 100% que Maurice Krafft justifiait par une volonté de ne pas vouloir vivre une vie que l’on pourrait qualifier d’ordinaire :

« J’ai vu tellement de belles choses que je suis plus que centenaire dans ce que j’ai pu vivre. »

Maurice Krafft, dans le film Fire of Love (2022)

Aujourd’hui ce couple de passionnés venus d’Alsace, laisse un grand héritage derrière lui, ainsi qu’une belle leçon de vie, qui est partagé à tous grâce à Fire of Love. Ils ont reçu de nombreuses récompenses pour leurs travaux, et ont été décorés du Prix Liotard de l’Exploration des mains du président de la République Valéry Giscard d’Estaing en 1975.

Suite à leur disparition et leurs contributions à la volcanologie, plusieurs établissements scolaires portent aujourd’hui leur nom, c’est aussi le cas d’un cratère volcanique situé à La Réunion.


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