Attention à nos lecteurs et lectrices, cet article traite du harcèlement scolaire et d’agression sexuelle.
Il contient aussi beaucoup de spoil.
Au même titre que Squid Game, The Glory est une série Sud-Coréenne Netflix qui a fait parler d’elle. Ce thriller, sorti en 2021 et inspiré de faits réels, narre l’histoire de Moon Dong-eun (interprétée par Song Hye-kyo) qui est victime de harcèlement scolaire au lycée.
Insultes, moqueries, gifles, baisers forcés et fer à lisser utilisé pour lui brûler la peau, Dong-eun est brisée. Après des tentatives de suicide ratées, elle ne supporte pas l’idée que ses harceleurs vivent sans être punis. Elle fait un choix : celui de dédier sa vie à la vengeance. Comment ? Elle va devenir institutrice et user de cette position pour atterrir dans la classe de la fille de Yeon-jin, celle avec qui tout a commencé.
Esthétique
Le générique introduit la série comme un film d’horreur : une musique sombre et des scènes qui donnent l’illusion du fantastique ou de l’imaginaire avec des couleurs majoritairement froides.
Au début du générique, Dong-eun, jeune lycéenne innocente, est montrée avec des fleurs blanches. Les scènes suivantes montrent des morceaux de glace et des fleurs en forme de fers à lisser : c’est le début de la souffrance de Dong-eun.
La sucette rouge qui explose et les chaussures à talons verts font référence à Yeon-jin. Elle mangeait la sucette, pendant que ses amis battaient Dong-eun. Les chaussures marquent la transition vers leurs nouvelles vies : Yeon-jin s’est mariée et a découvert la maternité en conservant son statut social.
Le destin suit sa course et la transformation de Dong-eun est finalisée. Le changement de couleur des fleurs marque son nouveau rôle : elle passe de victime à bourreau. Le personnage de Dong-eun devient glacial et insensible, du moins en apparence. Cela se voit lorsque le drama la montre après qu’elle ait mué : un visage impénétrable et peu d’expressions faciales. Elle garde une voix calme et un comportement irréprochable qui ne laisse pas transparaître ses émotions. C’est une façon puissante de nous faire entrer dans la tête du personnage. Une fois qu’on visionne la série, on comprend que le harcèlement qu’elle a vécue l’a rendue « folle » et obsédée par Yeon-jin.
Dans la dernière partie, la musique devient sinistre et des pions de go apparaissent sur les couteaux. Les pions blancs disparaissent lentement : les ennemis de Dong-eun, autrefois glorifiés, ont joué à un jeu dangereux qui les mènera à leur perte.
Les relations mère-fille
Outre le harcèlement et les relations de classe, la série explore le thème de la maternité en présentant plusieurs relations mère-fille. Quatre marquent le scénario : celles de Dong-eun, Yeon-jin, Ye-sol avec leurs mères respectives, et Hyeon-nam avec sa fille.

La mère de Dong-eun est abusive, irresponsable et négligente. Elle ne se soucie pas de sa fille et n’hésite pas à lui nuire et l’abandonner, tant que cela lui rapporte des bénéfices. Après avoir quitté le lycée à 18 ans, Dong-eun a été obligée de travailler pour vivre avant d’entrer à l’université.
Hyeon-nam, issue d’un milieu pauvre, est battue par son mari alcoolique. Elle subit ses coups pour tenter de protéger leur fille, Seon-ah. Heyon-nam s’allie à Dong-eun en lui demandant de tuer son époux pour le sortir de leur vie en imaginant un avenir meilleur pour elle et Seon-ah.
La relation solidaire entre Hyeon-nam et Dong-eun est marquée par un contraste intéressant : toutes les deux issues de milieu pauvre, Dong-eun n’a pas eu une mère aimante, alors que Heyon-nam incarne cette figure maternelle qui se sacrifie.
Yeon-jin élève sa fille, Ye-sol, avec tendresse en voulant la protéger contre tout mal qui pourrait l’atteindre. Lorsque Dong-eun est devenue l’institutrice de Ye-sol, Yeon-ji essaie de la soudoyer pour qu’elle quitte l’école et s’éloigne. Elle porte à Ye-sol un amour sincère, contrastant avec la relation qu’elle a avec sa propre mère. En effet, bien que cette dernière la défende, elle est obsédée par son statuts et les apparences, et sacrifie Yeon-jin pour se sauver.

Riches vs pauvres
Dans la série, on voit trois filles harcelées. Chronologiquement, So-hee est la première (on apprendra par la suite que Jae-joon l’a violée), Dong-eun la deuxième et puis Kyeong-ran. Choi Hye-jeong et Son Myeong-oh, issus de la classe sociale la moins aisée, sont surtout ceux qui torturent physiquement Dong-eun, obéissant aux ordres de Park Yeon-jin, Jeon Jae-joon, et Lee Sa-ra. Les statuts et relations des familles de ces derniers les protègent de toute conséquence liée à leurs actions. Ils en sont conscients et disent à Dong-eun qu’ils s’en prennent à elle, car ils sont intouchables.
La narration insiste sur un concept de hiérarchie : la naissance détermine le futur des uns et des autres. De ce fait, la différence de classe et l’argent sont des facteurs qui élèvent ou rabaissent les individus dans la société Sud-Coréenne.
Par exemple, le professeur principal de Dong-eun la force à modifier le motif de son départ du lycée (elle y avait noté « harcèlement scolaire » ainsi que le nom de ses harceleurs). Lorsqu’elle refuse, la mère de Yeon-jin verse un pot de vin à la sienne pour s’assurer qu’elle intervienne. Le chef de la police ne poursuit pas ses harceleurs, car il connaissait la mère de Yeon-jin. Dong-Eun est abandonnée par sa mère, et les systèmes éducatifs et judiciaires qui devaient la protéger, sont corrompus par l’argent.

Pour Hye-jeong et Myeong-oh, fréquenter Yeon-jin, Jae-joon, et Sa-ra leur confère des privilèges. Cependant, lorsqu’ils grandissent, leurs rapports se dégradent :
- Myeong-oh est devenu l’homme à tout faire de Jae-joon, qui a hérité d’un nombre considérable de biens. Ce dernier le bat lorsqu’il fait des erreurs.
- Hye-jeong est devenue hôtesse de l’air, et est régulièrement humiliée par ses anciennes amies.
Dong-eun va en profiter pour semer la zizanie entre eux et les monter les uns contre les autres en les manipulant. La fausse amitié qui les unissait va les faire s’auto-détruire.
C’est la gloire de Dong-eun : celle d’avoir réussi à punir ses anciens harceleurs sans s’être sali les mains.
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