Quand nous parlons de gladiateur, nous pensons forcément à des hommes, grands et musclés combattant jusqu’à la mort de son adversaire. Une vision hollywoodienne transmise par le cinéma avec Les Gladiateurs (1954) de Delmer Daves, Spartacus (1960) de Stanley Kubrik ou encore le mythique film de Ridley Scott Gladiator (2000) dont le deuxième opus a été annoncé récemment. Les supports sont multiples, le monde de la gladiature fait ainsi parti de la culture populaire, mais comporte toutefois une part de fictivité par rapport à la réalité historique.
Les gladiateurs… ne sont pas tous des esclaves ?
Non, les gladiateurs n’étaient pas tous des esclaves !
Certains d’entre eux étaient des hommes libres, signant un contrat appelé l’auctoratio, avec un laniste (lat. lanista) liant les deux parties. L’homme s’entrainant pour devenir un gladiateur intégrera le ludus (ludi), l’école des gladiateurs. Un laniste est une sorte de « manager » de l’antiquité romaine. Il est celui qui achète, organise, met en place les entrainements des gladiateurs ainsi que les paris dans les combats. Nous pouvons le voir avec le film Gladiator et le personnage de Proximo ou encore Cnaeus Lentulus Batiatus dans la série Spartacus de 2010.
Les gladiateurs touchaient une paie par rapport à leur combat et plus ils avaient « la côte » auprès du public (les amatores), plus ils gagnaient de l’argent. Il y avait aussi des criminels condamnés par l’application d’une peine appelée le Damnatio ad ludum, la condamnation à l’école de la gladiature.
Le monde de la gladiature : gladiateurs, gladiatrices et règlements
Oui ! Il existait dans l’antiquité des femmes qui combattaient dans les arènes : les gladiatrices. Elles étaient logées à la même enseigne que les hommes.
Des écrits ont confirmé la présence des gladiatrices : dans les Satires VI de la fin du Ier siècle après notre ère, le poète romain Juvénal édicte la présence de mulieres, des femmes de classe moyenne qui se destinaient au combat.
Dans les films ou séries, nous pouvons remarquer la présence de gladiateurs avec différents équipements, similaires à la réalité historique :
- Le provocator, ou provocateur, la base de la gladiature
- Le mirmillon avec son glaive, bouclier et casque, semblable au provocator
- Le thrace avec sa sica, une dague accompagnée d’un bouclier, de jambière et de son casque surmonté d’un griffon
- Le rétiaire avec son trident, son filet et son poignard
Chaque gladiateur et gladiatrice avait son propre équipement et sa propre façon de combattre, ce qui fait que les affrontements dans l’arène étaient organisés en fonction de leur catégorie. Le but était de divertir le public. Ce qui fait que oui, il existait des gladiateurs de différents types qui combattaient dans l’arène mais non, il ne s’agissait pas « d’une bataille générale » dont le but était de tuer son adversaire pour gagner comme dans les films.
La mort des gladiateurs : Un fait rare
D’une part, la fin du combat se terminait rarement par la mort du vaincu, contrairement à la vision hollywoodienne. Un gladiateur représentait un coût financier pour le laniste et les organisateurs. Entre les entraînements, l’entretien des gladiateurs dans le ludus, l’aspect marketing, les ventes de produits dérivés, etc… Perdre un gladiateur, c’est perdre un coût important.
D’autre part, dans la situation où le gladiateur perd et est condamné à mourir, les combats ayant un caractère religieux faisaient l’objet d’une réglementation et d’un processus précis, strict et dans le respect de l’adversaire.
De plus, la phrase latine « Ave Caesar morituri te salutant » (salut, César, ceux qui vont mourir te saluent), n’est pas vraie. Ces paroles fut prononcées une seule fois par des condamnés devant l’empereur Claude, selon les écrits de l’historien Suétone. La culture cinématographique a assimilé cette phrase aux gladiateurs.
Nous pouvons ajouter que le fameux « pouce levé » comme dans le film Gladiator n’est pas non plus un fait avéré. Rien n’indique que la vie ou la mort était un droit accordé à l’empereur. Cette représentation vient principalement du peintre du XIXe siècle, Jean-Léon Gérôme avec son œuvre Pollice Verso (1872), où nous voyons en arrière-plan un empereur ainsi que le public avec le drapé blanc, le pouce vers le bas. Il s’agirait d’une mauvaise interprétation des textes latins de la part de l’artiste, qui indiquerait plutôt « le pouce tendu » et donc une direction. Une interprétation qui sera reprit avec son groupe sculptural en bronze.
Ainsi, le cinéma hollywoodien et les séries accordent aux gladiateurs l’aspect d’hommes cruels, grands et musclés, tuant sans remords ses adversaires, ce qui n’est pas le cas. Il existe une part de réalité historique, mais aussi une part oubliée. L’univers cinématographique et vidéoludique n’est pas forcément un source historique avérée, mais sans ces supports, l’intérêt pour la gladiature ne serait pas aussi important aux yeux du public.
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