Tout le monde descend : les Mondes souterrains s’exposent au Louvre-Lens

Mets ta lampe frontale et prépare-toi pour la descente. Jusqu’au 22 juillet le Louvre-Lens t’emmène explorer les profondeurs de la terre !

Plongée dans les profondeurs

À mesure que l’on s’enfonce dans les couloirs de l’exposition Mondes souterrains : 20 000 lieux sous la terre, la lumière baisse et les bruits s’étouffent peu à peu. Pas de doute, on a bien quitté la surface. En effet, à travers une sélection d’œuvres mêlant les époques et les techniques (la peinture côtoie la sculpture, les objets d’art et les installations monumentales), le Louvre-Lens nous propose de plonger dans les entrailles des mondes souterrains à la rencontre des fantasmes, croyances, cauchemars, richesses et villes cachées qu’ils renferment.

Le défi est de taille. Comment donner à voir un univers qui échappe au regard ? Où se trouve l’entrée des sous-sols ? Qu’ont à se dire un sarcophage, un tableau commérant les soldats morts dans les tranchées pendant la Première Guerre mondiale et un montage vidéo sur le métro parisien quand ils se croisent dans une salle de musée ?

Visualisations issues de simulations numériques de la température du noyau terrestre dans le plan de l’équateur, Nathanaël Schaeffer et Juilen Aubert (2016-2023)

Pour répondre à toutes ces interrogations qui remontent des profondeurs, l’exposition nous invite à suivre des guides illustres. Après avoir salué une statue de sibylle (prêtresse grecque ou romaine qui officiait souvent dans une grotte) à l’entrée, on descend à travers les multiples cercles des enfers sur les pas de Virgile et Dante. Tous deux passent ensuite la main aux démons qui peuplent le Pandémonium, la capitale des enfers dans le Paradise Lost du poète anglais John Milton (1608-1674). Son long poème sert en effet d’inspiration au tableau Les anges déchus pénétrant dans le Pandémonium du peintre John Martin (1769-1854) qui plonge dans une fascinante ambiance aux couleurs de lave.

Les anges déchus pénétrant dans le Pandémonium, John Martin (vers 1841)

Angoisses souterraines et Merveilles enfouies

Comme en témoigne la première partie de l’exposition, les profondeurs constituent un espace qui permet d’appréhender la mort dans de nombreuses cultures. Parallèlement, les prisons souterraines labyrinthiques imaginées par Piranèse ou les images de tortures qui peuplent la Scène de l’Inquisition de Velazquez nous rappellent qu’au-delà des démons cauchemardesques et extravagants, les profondeurs dissimulent les penchants les plus sombres de l’esprit humain.

Dans un deuxième temps de l’exposition, l’effroi finit toutefois par céder la place à l’émerveillement à mesure que l’on découvre les richesses qui se cachent sous terre. Graines sur le point de germer, réseaux racinaires intriqués, la vie à la surface démarre dans les profondeurs.

Le règne minéral n’est, lui non plus, pas en reste quand il s’agit de faire l’inventaire des beautés souterraines. Une vaste sélection d’objets du quotidien et de bijoux met en valeur ces matériaux des profondeurs sublimés par des orfèvres.

Humus, Giuseppe Licari (2024)

La vie souterraine prend encore une autre signification dans la dernière partie du parcours. Passer sous la monumentale arche des Nymphées nous fait pénétrer dans une architecture souterraine où la main de l’Homme réaménage les profondeurs pour se les approprier.

L’œuvre d’Eva Jospin, sculptée dans du carton, nous force, par sa taille, à l’humilité face à l’immensité des sous-sols. Ceux-ci paraissent dès lors propices à accueillir les réalisations urbaines les plus étonnantes, de la ville de Metropolis de Fritz Lang à de gigantesques autoroutes souterraines restées à l’état de plans futuristes.

Projet d’autoroutes souterraines visant à désengorger la surface, Jean Tschumi (1934-1936)

Après ce périple sous terre, on est presque surpris de retrouver le hall du musée baigné de lumière, et de ne pas s’être perdu au détour d’une galerie ou d’un couloir de métro.

Hommage au bassin minier

Mais à bien regarder à travers les grandes baies vitrées du beau bâtiment contemporain du Louvre-Lens, même si l’on est remontés à la surface, les souterrains ne sont toujours pas très loin. Comme nous le rappellent les terrils que l’on aperçoit au loin, l’exposition fait évidemment écho au passé minier de la ville et du bassin alentour. Une des salle rend d’ailleurs hommage aux mineurs, en particulier à travers plusieurs sculptures, qui représentent avec force les corps menant une lutte héroïque contre la matière souterraine.

Mineur à la veine, Constantin Meunier (1892)

La volonté de faire dialoguer l’art et le lieu est centrale dans la réflexion des trois commissaires de l’exposition Alexandre Estaquet-Legrand, Jean-Jacques Terrain, et Alexandre Verbeke. Celui-ci explique ainsi dans un entretien : « Il s’agit de partir d’une histoire très ancrée localement pour embrasser un thème de façon plus universelle et de situer l’histoire du site et du bassin minier dans une grande histoire de l’art et de l’humanité. » Pourquoi pas, du coup, continuer l’exploration une fois sorti du musée en allant grimper jusqu’au sommet des terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle situés à quelques minutes ? De là-haut, on voit le musée et qui sait, peut-être, quelque part caché dans un recoin du bassin minier, l’accès le plus proche aux entrailles de la terre…

Pour prolonger l’exposition, n’hésite pas à aller voir le programme des différentes manifestations qui l’accompagnent. De nombreux concerts, conférences, projections, ateliers… sont proposés par le musée pour continuer à te guider sur d’autres chemins souterrains !

Mondes souterrains : 20 000 lieux sous la terre
Au Louvres-Lens jusqu’au 22 juillet 2024
Du mercredi au lundi de 10h à 18h
Tarif plein : 11€ / 18-25 ans : 6€ / moins de 18 ans : gratuit
Infos pratiques et billetterie


Cet article t'a plu ? Tu aimes Exprime ? Suis nos réseaux ou fais un don !