Projet itinérant, l’exposition Mots et maux de femmes fait le tour de la France pour dénoncer les violences faites aux femmes. Elle s’arrête et continuera de s’arrêter dans diverses villes, comme Avignon, Brest ou encore Toulouse. Elle était à Lille du 22 février au 8 mars.
Les photographies, saisissantes
Visages tuméfiés, agressés, brutalisés… Les photographies attirent l’œil, et il devient impossible de détourner le regard. Elles sont le reflet d’une violence physique, sexuelle, et psychologique ; et parfois, le reflet de nous-même. En agissant comme un miroir, les photographies nous questionnent, on se reconnaît dans ses portraits et on prend conscience de notre propre situation.
L’exposition offre une pédagogie simple, qui informe sur les 4 phases du cycle de la violence conjugale : la tension, la crise, la justification et la réconciliation. Elle permet également toute la compréhension de l’emprise, et met en lumière certains signes distinctifs. En reconnaissant ses signes, nous pouvons aider les victimes. C’est là tout l’enjeu de cette exposition.
Ces images fortes ne sont pas exposées dans les musées, les galeries ou les centres d’art, et c’est peut-être tant mieux. L’objectif ici est de toucher le public, notamment ceux qui ne font pas habituellement la démarche d’aller vers les expositions. Les 24 photographies sont installées dehors, sur les grilles des palais de justice ou des tribunaux, comme un appel à la justice. Elles marquent votre quotidien, comme les coups marquent celui des victimes.
La parole est donnée aux femmes victimes ou engagées, mais les hommes ne sont pas écartés du projet. C’est une exposition porte-parole avec des photographies prisent autant par des femmes que par des hommes. L’exposition considère d’ailleurs que les hommes n’ont pas à parler à la place des femmes, néanmoins ils doivent se positionner et nous leur proposons de le faire par le truchement de la photographie.
Les textes, engagés
Les photographies sont accompagnées de textes, sans forcément y avoir de lien, mais chacun et chacune peut y déceler la corrélation souhaitée. Ils sont écrits par des femmes connues qui ont laissé parler leur cœur : Solène Hébert, actrice, Najat Vallaud-Belkacem, femme politique, ou encore Nathalie Cougny, autrice et poète. Dans ces textes, ces femmes témoignent parfois de leurs expériences vécues, en tant que victime, de la confiance et l’estime perdues, de la colère et la tristesse gagnées…
La violence vit dans le manque d’amour, fait taire les enfants, brise la mère, colore la vie en gris, parfois en bleus. Elle plane le jour et surprend la nuit. Elle est cris, parfois coups. Humilie, tout le temps. Elle s’oublie quand on rit mais ne s’arrête que si nous lui disons STOP.
Elodie Yung, actrice
Chacune, à sa manière, dans son écrit, définit finalement un petit bout bien trop grand des violences conjugales : un cercle vicieux, une emprise, le silence des voisins, un amour trop fort, et des mots qui résonnent comme celui de mythomane, des mots qui humilient, qui dénigrent, qui mésestiment et méprisent, comme l’a si bien dit Jeannie Longo, coureuse cycliste. Elles finissent souvent par porter un message de soutien et d’espoir :
Alors au présent et à nous toutes, femmes victimes de violences, quelles qu’elles soient, n’oublions jamais qu’une fleur de lotus délicate, forte et élégante, naît toujours douloureusement dans des étangs boueux et nauséabonds. Emportée par l’eau, elle doit suivre le courant, résister aux tempêtes, se plier aux vagues avant de pouvoir fleurir le jour, sortant enfin la tête de l’eau pour devenir la plus belle des fleurs et le plus sincère des cœurs.
Sarah Lelouch, productrice et réalisatrice.
Les femmes, victimes
Le collectif #NousToutes, né en juillet 2028 proposent différentes actions, dans l’objectif de réunir nos forces et dénoncer les violences sexistes et sexuelles. Il réalise régulièrement des enquêtes et des rassemblements pour sensibiliser et unir. Il propose également un lien vers des associations ou des structures d’accompagnement et de prise en charge des victimes.
Sur leur site, Caroline De Haas reprend les grandes lignes de son livre En finir avec les violences sexistes et sexuelles : les chiffres-clés, les mécanismes de la violence, les mots qui banalisent ou encore les manières d’accompagner une victime. On vous le conseille fortement !
L’exposition se veut bien loin des campagnes menées par le pouvoir public. Avant tout, elle met en lumière une parole juste et vraie ; et des portraits bien trop réalistes. Elle a pour objectif de déranger, de faire réagir, de questionner, afin d’amener des prises de conscience et de parole.
C’est une exposition qui amène le dialogue, l’échange, pour briser les tabous, et enfin, parler d’un sujet sensible qui concerne tout de même 1 348 affaires signalées au tribunal de Draguignan en 2021, et 113 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint.
Le collectif Mots et Maux de femmes agit avec 1 500 intervenants professionnels, amène la réflexion et le débat, sensibilise et ouvre les esprits par l’art. Il est notamment soutenu par la Fédération France Victimes, qui regroupe 130 associations d’aide aux victimes, et l’association Les maltraitances, moi j’en parle !, portée par Nathalie Cougny, autrice de Les Voix des Femmes, contre les violences sexuelles envers les femmes et Dis, pourquoi tu m’fais du mal ? sur les maltraitances faites aux enfants.
Rendez-vous sur le site du collectif pour connaitre les prochaines dates et lieux d’exposition.
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