Roubaix, une lumière

Roubaix, une lumière est le titre d’un film d’Arnaud Desplechin, sorti en 2019. L’acteur Roschdy Zem y incarne un commissaire qui enquête sur le meurtre d’une vieille dame au sein d’une courée typique de la région du Nord. Cette histoire est tirée d’un vrai fait divers survenu en 2002, qui avait déjà été l’objet d’un documentaire adapté pour le film.

Roubaix, une lumière n’est pas vraiment une expression qui paraitrait évidente pour qualifier la ville. Loin du climat ensoleillé du sud, Roubaix fait souvent parler d’elle pour des histoires de gangs, d’émeutes dans les quartiers… dans des reportages télé racoleurs qui mettent en scène des populations ravagées par le chômage et la promiscuité. Mais, en fin de compte, ce genre de clichés peuvent s’appliquer à de nombreuses villes. Et si l’on s’arrête là, on passe à coté de ce qui fait la vraie richesse de la ville. L’image de Roubaix change à une vitesse folle, démonstration en 5 chapitres.

Roubaix, une histoire

Roubaix était LA capitale mondiale du textile jusqu’au milieu du XXe siècle. On l’a surnommé la cité des 1 000 cheminées tant les usines bourgeonnaient partout en ville. En réalité, Roubaix en comptait finalement 263, ce qui est déjà beaucoup et a rendu la ville très riche pour son époque, comme en témoigne la grandiloquence de son Hôtel de Ville construit entre 1907 et 1911. Aujourd’hui, la ville est encore connue pour avoir vu naitre de grands noms de l’industrie du textile comme La Redoute, Damart, Phildar, les 3 Suisses.

Hôtel de Ville de Roubaix ©Alice L.

Ces grosses industries ont attiré beaucoup de populations immigrées et ont façonné la géographie de la ville. Le meilleur lieu pour prendre conscience du passé de Roubaix est de se rendre à la Manufacture – le Musée de la mémoire et de la création textile. Vous y découvrirez une exposition permanente appelée Roubaix, Métamorphoses d’une ville textile qui permet de bien comprendre le développement de la ville à travers l’urbanisation : entre les maisons ouvrières, les HBM (Habitations à Bon Marché) et les différentes typologies d’usines. De superbes plans et cartes sont présentés de façon très ludique.

Une autre partie de l’ancienne usine devenue musée regroupe plusieurs modèles de vieilles machines de tissage. Certaines sont encore fonctionnelles et peuvent être activées pendant les visites guidées. On se rend vite compte de leur complexité et du bruit infernal des mécanismes. Le musée présente aussi des expositions temporaires plus contemporaines, mais toujours liées au savoir faire textile qui se marie parfaitement avec le domaine artistique en général.

Roubaix, un musée

À partir des années 1970, le déclin de l’industrie textile entraine la fermeture de ces usines massives et les friches industrielles se multiplient. Le virage pris par la ville de Roubaix a été, et est toujours, de réhabiliter ces sites et de se tourner vers des activités plus artistiques et culturelles.

Le plus bel exemple est celui de la reconversion des anciens Bains Municipaux en musée municipal mais d’ampleur international : La Piscine de Roubaix. Construite en 1932 dans un style Art Déco remarquable, avec ses 2 grands vitraux majestueux, la Piscine a fermé ces portes en 1985, pour rouvrir en 2001 en tant que musée. Et le succès est tel qu’elle est obligée encore une fois d’agrandir ses murs pour accueillir plus de visiteurs et agrandir ses réserves.

La Piscine de Roubaix ©Alice L.

Roubaix, un graff

L’art à Roubaix est bien représenté au sein des nombreux ateliers, musées et espaces d’exposition, mais surtout à chaque coin de rues. Des parcours et plans précis existent pour suivre le mouvement Street Art dans la ville : dans les coursives du parking de la Gare de Roubaix, autour de la Piscine, de la Condition Publique.

Stand de Roobey à la Braderie de l’Art ©Alice L.

On y retrouve des noms connus et reconnus aujourd’hui comme Jef Aerosol qui a couvert le toit terrasse de la Condition Publique, Mr Voul qui a ses ateliers au même endroit. Mais le plus symbolique d’entre eux n’est autre que Roobey (qui a tiré son pseudonyme de la ville bien entendu et de l’artiste new yorkais Obey). Son nom s’affiche en grand dans beaucoup d’endroits en ville et son style et ses influences sont très reconnaissables. Le jeu est de retrouver sa pâte un peu partout en ville … et de les immortaliser en photo avant qu’ils ne disparaissent !

Roubaix, un parc

Roubaix n’est pas qu’une ville à briques rouges, les teintes vertes dominent complétement au Parc Barbieux. Toutes proportions gardées, ce parc est un peu comme le Central Park à New York, un véritable poumon vert en pleine ville. À l’origine, l’endroit devait être creusé pour y construire un canal. Mais c’est finalement un grand espace vert aménagé qui comprend une cascade, des plans d’eau, des arbres centenaires. Plusieurs générations de couples fraichement mariés s’y sont retrouvés pour leurs photos officielles et on y croise beaucoup de monde pendant les journées ensoleillées.

Cascade du Parc Barbieux ©Alice L.

Roubaix, un événement

La meilleure façon de découvrir toutes les facettes de Roubaix est de suivre les événements organisés pendant la Nuit des Arts. Deux fois par an (en mai et en décembre), 35 lieux ouvrent leurs portes pour 3 jours de découvertes d’espaces de création divers et variés. La 26e édition se déroule du 17 au 19 mai avec accès gratuit et libre aux incontournables de la ville : La Piscine, la Manufacture, la Condition Publique, etc. Mais surtout, le plus intéressant est de partir à la découverte de lieux habituellement fermés.

Deux endroits « coups de cœur » :

  • les Ateliers Jouret, une ancienne friche textile sur 2 étages qui regroupe une trentaine d’artistes permanents disposant chacun de leur espace pour travailler et exposer leurs techniques.
  • le Non-Lieu, une ancienne filature de laine de l’entreprise Cavrois Mahieu. Ce lieu a été sauvé de la démolition et est maintenant géré par une association. Le décor est complétement « dans son jus », on y découvre des expositions temporaires en naviguant entre les ateliers, la chaufferie et même en traversant une cheminée !

Au delà des clichés qui ont la vie dure, une visite touristique de la ville de Roubaix s’impose donc pour en découvrir toutes ces facettes.


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