Désenchantées : les muses qui ont marqué l’histoire de l’art 

Le terme « Muses » fait référence à la mythologie grecque. Ce sont les neuf nymphes qui incarnent l’art. Chacune d’elles représente une pratique artistique telle que la musique, la danse, le chant, etc. Leur rôle est de célébrer l’existence des dieux.

Au fil des siècles, les Muses ont délaissé l’Olympe pour devenir une véritable source d’inspiration pour de nombreux artistes. Se situant entre l’imaginaire et la réalité, elles sont souvent décrites comme des créatures éphémères jouant un rôle passif d’accompagnatrices et stimulant la création d’un « génie ». Ces femmes sont souvent réduites à un concept abstrait, animées uniquement par le dessein de l’artiste. Connaissons-nous leur vrai visage ?

La Naissance de la dernière muse, Jean-Auguste-Dominique, Musée du Louvre, Département des Arts graphiques

Une femme, un artiste : Gala et Salvador Dalí

Gala, de son vrai nom Elena Ivanovna Diakonova, a des origines russes. C’est une femme d’une grande intuition et une brillante étudiante. Elle reçoit une bonne éducation et obtient un décret du tsar qui l’autorise à exercer le métier d’institutrice. Elle rencontre son premier mari, Paul Éluard, au sanatorium de Clavadel où elle se trouve pour suivre un traitement contre la tuberculose. En 1918, naît la fille unique de Gala et du jeune poète, Cécile. Ensemble, ils fréquentent souvent les avant-gardistes.

Gala et Dalí se rencontrent pour la première fois en 1929 à Paris. Le futur artiste se rend dans la capitale pour présenter le film qu’il a réalisé avec Luis Buñuel, Un chien andalou. C’est le galeriste belge, Camille Goemans, qui présente Dalí à Paul Éluard. 

Le jeune artiste a été fasciné par la personnalité indépendante et passionnée de la compagne de Paul Éluard. Il invite le couple à passer l’été à Cadaqués avec le groupe des surréalistes, Goemans et sa compagne, René Magritte et sa femme, Luis Buñuel. Lors de ce séjour, Gala et Dalí tombent amoureux. En quittant son mari en 1932, Gala abandonne sa fille et la vie de luxe pour le jeune peintre. De son côté, Dalí se rapproche de « la plus grande épreuve de l’amour de sa vie ».

« J’aime Gala plus que ma mère, plus que mon père, plus que Picasso et même plus que l’argent. » 

Carnets intimes, Gala Dalí., traduits par Anne Confuron, 201, Ed. Michel Lafon

Incarnation du mythe vivant

Persuadée du génie de peintre, Gala joue un rôle important dans sa production artistique. Elle deviendra le modèle féminin unique de Dalí. L’artiste ne cessera pas de peindre sa femme. Dans ses œuvres, il représente Gala comme un mythe vivant, faisant souvent référence à des thèmes religieux. Pour lui sa femme est une incarnation de la pureté. Il s’inspire énormément de la forme de son dos, qu’il caractérise comme « divin ». Dévouée à l’art de son mari, Gala a même participé dans ses performances surréalistes. L’art action a été considéré comme un concept novateur qui interprétait « le geste spontané » en tant qu’art à part entière. Il permettait aux artistes surréalistes de plonger les spectateurs dans un tourbillon de réflexions existentielles à travers un abîme de pensée spontanée.

Au fils des années, l’artiste et sa muse vont se fusionner. Gala est Dalí et Dalí est Gala. À partir des années 1930, l’artiste va commencer à signer ses peintures « Gala Salvador Dalí ».   

« C’est surtout avec ton sang à toi, Gala, que je peins mes tableaux »

Salvador Dalí, Gala et Dalí, de l’autre côté du miroir, Dominique de Gasquet, Paquita Llorens Vergés, 2017, Ed. Robert Laffont

Une femme de fer

Dès leur rencontre, Gala a pu reconnaître un génie artistique chez l’artiste dérangé. Femme de caractère, elle deviendra sa force directrice. Gala jouera un rôle principal dans le succès de Dalí en étant à la fois sa source d’inspiration et son agent. Elle défendra les interêts de son mari auprès des galeries et l’image extravagante de l’artiste auprès des journalistes.

En 1939, Gala aidera son mari à être exposé pour la première fois dans la galerie de Pierre Colle’s qui appartenait partiellement à Dior. Dans les années 40, Gala et Dalí s’exilent aux États-Unis. Ils sont exclu de la communauté surréaliste pour les propos du peintre sur Hitler et Franco. Gala reste à ses côtés et le pousse à diversifier ses talents.

Dalí s’essaie au cinéma, à la création de bijoux, aux décors de théâtre. Il vit le pic de sa carrière. L’artiste s’intègre parfaitement à la société new-yorkaise et commence à peindre des portraits de riches Américains. Grâce aux encouragements de sa femme, il s’intéresse au cinéma, en particulier aux Marx Brothers et à Walt Disney. En 2003, Walt Disney sortira le dessin animé, Destino, réalisé par Dalí.

« Elle était destinée à être ma Gradiva, celle qui avance, ma victoire, mon épouse. » 

Salvador Dalí, La vie secrète de Salvador Dalí (1942), Ed. Dial Press
Dalí et Gala en France, décembre 1980
Salvador Dalí et Gala en France par Gérard Fouquet, décembre 1980

Gala a marqué l’Histoire de l’Art en tant que femme avant-gardiste. Elle a inspiré de nombreux artistes surréalistes tels que Paul Éluard et Max Ernst.

Gala a dédié sa vie à Salvador Dalí et son art. Souvent caractérisée comme « femme de fer », elle est devenue un pilier solide pour la carrière du peintre. Bertrand Meyer-Stabley, indique que c’est elle qui a pu révéler Dalí à lui-même en citant l’artiste dans son œuvre, La Véritable Gala Dalí :  « Sans Gala, le monde n’aurait pas de génie en ce moment : Dalí n’existerait pas».

Gala et Dalí ont passés 53 ans ensemble sans jamais être séparés. Après sa mort en 1982, Dalí refusera de sortir de chez lui, disant que sans elle, il a perdu sa « raison de vivre ».


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