Cela fait plus d’une décennie que certaines jeunes femmes dans leur vingtaine, développent une communauté d’abonnés sur la plateforme YouTube afin de nous parler de friperie, cosmétique, voyage et autres joyeusetés. Aujourd’hui, elles créent des formats audios et réussissent à fédérer autour de leur podcast en abordant des sujets plus diversifiés et liés à leur vie, leur intimité.
Cette évolution n’est-elle qu’un simple suivi de la tendance du podcast ou ne serait-ce pas lié à une recherche de proximité et d’innovation ? Sont-elles parvenues à faire migrer leur communauté sur une autre plateforme ? Voici trois youtubeuses permis celles qui ont su devenir podcasteuses afin de mieux comprendre leur créneau : l’intimité pour toucher à l’universel.
Les plateformes: une liberté conditionnée
Débuter sur YouTube dans les années 2010 et réussir à se constituer une solide communauté de viewers c’est déjà une victoire mais tout l’enjeux est de perdurer et continuer à se réinventer. C’est un enjeu car c’est le tout début de la plateforme (apparue en 2005) et, comme tout hébergeur, YouTube impose des normes aux créateurs de contenu. En effet, l’algorithme de ce mastodonte d’Internet, dans la façon dont il sélectionne les contenus mis à la Une, invisibilise les contenus ne correspondant pas à des critères précis.
Cela fait déjà quelques années que les contenus créés sur YouTube nécessitent de grosses productions, avec des moyens financiers conséquents. On voit se développer des concepts de la catégorie appelée « feat and fun », enrichis d’invités « star », la plupart du temps des hommes (comme c’est le cas pour Squeezie, Macfly et Carlito, pour ne citer qu’eux).
L’intimité, le secret ?
Les créatrices de contenu, déjà peu visibles en tant que femmes, qui ont débuté en basant leur contenu sur une proximité avec leur audience, se voient donc de plus en plus en difficulté dans ce climat. Que ce soit Anna Rvr, Léa Jplf ou Devibration, elles ont toutes les trois développé et ont connu une certaine popularité grâce au concept de « vlog ». Contraction de videoblog (« blogue vidéo »), le créateur de contenu va se filmer dans son quotidien parfois le plus banal et favorise ainsi l’identification.
Ainsi, ce phénomène de migration de YouTube aux plateformes de podcast s’observe chez plusieurs personnalités ayant débuté avec des vidéos simples, face caméra, afin de parler maquillage, voyage… lifestyle. Les créatrices de contenu viennent donc reproduire et enrichir ce contenu de proximité, en passant de la vidéo à l’audio. Ces trois youtubeuses n’abandonnent pas la vidéo, mais créent ce format audio en parallèle, tout comme ce qu’elles peuvent faire sur les différents réseaux sociaux. Difficile de dire si la communauté audio est venue de YouTube mais l’un bénéficie forcément à l’autre contenu.
Écouter quelqu’un parler au creux de son oreille est bien plus impliquant, proche de nous. De plus, les conditions d’écoute sont souvent associées à notre quotidien et le créateur de contenu se filme dans son quotidien en même temps que nous vivons le nôtre. Et bam, la proximité est là, on devient copine d’Anna Rvr (bon, peut-être pas jusque-là car attention aux relations para-sociales ! Mais c’est un autre sujet).
Contre soirée par Anna Rvr
Active depuis 2010 sur YouTube, Anna Rvr a créé en mars 2022 un podcast qui s’apparente à un journal intime audio. Dans ces billets d’humeur qu’elle publie de façon hebdomadaire, la jeune femme raconte des anecdotes de vie souvent sur un ton humoristique (Vin chaud et ragots avec Chloé) et parfois teinté de notes plus douloureuses (L’amour sous emprise, Les jours gris et d’autres).
« On s’amuse et c’est le principal »
Anna Rvr
Avec 486 000 followers sur Instagram et 589 000 abonnés sur YouTube, la communauté d’Anna est aujourd’hui bien installée. À chaque contenu publié, elle nous parle lifestyle, fashion, beauté, voyage etc. Un peu de tout, souvent en mode vlog ou face cam. C’est donc souvent la proximité qui prime, avec l’emploi d’un langage franc et amical.
Simple Caféine par Léa Jplf
Sur le même modèle qu’AnnaRvr, Léa propose une parenthèse intimiste la plupart du temps seule au micro. Créé en avril 2022, les épisodes de ce podcast durent en moyenne 50 minutes.
« Ce podcast est une façon pour moi de partager mes anecdotes, mes états d’âmes, mes pensées, mes expériences de petite vie et parfois quelques conseils autour de ma tasse à café.«
Léa Jplf
Contrairement au contenu YouTube qu’elle poste depuis janvier 2014, son podcast aborde davantage des sujets liés à la santé mentale. Victime d’un récent burn-out elle décide de briser un tabou et ainsi permettre à ses auditeurices de s’exprimer sur le sujet, en commentaires. Elle affirme haut et fort « c’est ok de ne pas te sentir ok » (titre d’un épisode).
Sunshine Radio par Devibration
Avec 187 000 abonnés sur YouTube, elle a commencé par cette plateforme, en novembre 2011, avec des vidéos aux sujets très diversifiées. Contrairement aux deux précédentes comparses, elle vit depuis quelques années en Indonésie, montre son mode de vie et en parle volontiers, surtout sur YouTube. À nouveau, comme Anna et Léa, il s’agit de parler de soi et faire des partenariats parfois avec des marques. Mais la différence est que Devi a créé deux marques, l’une de vêtements, Nublada, et l’autre dédiée à des gourdes éco-responsables, Bowa. Elle est aussi musicienne (passage dans l’émission TheVoice en 2015).
« @devibration, 24 ans qui vous raconte sa vie«
Devi
Débuté en août 2019, le podcast Sunshine Radio font de sa créatrice, Devi, la daronne de cette sélection. Sa démarche se rapproche de celle de Léa en termes de sujet et d’exposition de sa vulnérabilité. En effet, seule face au micro, elle revient sur ses insécurités, ses complexes, ses troubles du comportement alimentaire et apporte un regard éclairé en emmenant l’auditeurice à mener sa propre introspection.
Anna Rvr vient d’annoncer qu’elle accueillera ses auditeurices sur la scène de l’Olympia, le 28 octobre 2023. Léa Jplf a de nombreuses ambitions. Cette année, elle s’est associée au bistrot Le Belga à Bruxelles pour co-créer avec eux, un café accompagné d’une tasse dont elle a créé le design. Ces trois jeunes femmes prouvent chaque jours que faire carrière sur les plateformes numériques nécessite de savoir se réinventer.
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