Espace d’arts-vivants#2 – Le 188, lieu de mutualisation artistique

Enfin, les lieux culturels ouvrent de nouveau, permettant aux plus grands nombres de venir applaudir les artistes et de se retrouver pour échanger, rire, chanter et danser.

Du renouveau, il en est question au 188 qui vient d’inaugurer son nouvel espace, dans le quartier de Fives, à Lille. Ce tiers-lieu culturel foisonnant, où se croisent des artistes de toute sorte, place sa démarche sous les signes du bien-être et du mouvement. Il a ouvert ses portes au cerf-volant pour lui dévoiler ses multiples facettes.

Un projet solidaire et collectif

Après plus d’un an de fermeture, de travaux, d’angoisses et d’huile de coude, c’est enfin la reprise tant attendue. Mais avant d’atterrir à Fives, le 188 avait prit ses quartiers à Saint-Maurice Pellevoisin, au 188 rue du Faubourg de Roubaix (d’où son nom). Kévin Lévêque est co-fondateur et directeur du lieu. En 2014, il se met à la recherche d’un espace pour pouvoir poser sa compagnie (qui mêle le théâtre, la danse et la marionnette) : L’Iliaque. Il souhaite y porter des projets en tant que metteur en scène et y développer des événements. Mais l’ambition principale est surtout de créer un lieu d‘émulation pour plusieurs compagnies, dans le but d’échanger, de partager ses expériences et pourquoi pas de créer ensemble.

Quand on a une compagnie, tout le côté administratif est fait de chez soi alors qu’ici on propose un lieu de travail, comme une maison où l’on puisse s’entraider 

Kévin Lévêque

Cette proposition d’un lieu collectif s’inscrit dans la réalité d’un modèle économique compliqué pour les artistes, avec des espaces qui ferment et des subventions coupées en deux. L’objectif est de créer un projet qui soit autonome, s’autofinance, et puisse accueillir des compagnies à moindre coût.

Trois axes principaux se dessinent pour le 188 :

  • la création d’une Coopérative « La COOP du 188 » qui réunit plusieurs compagnies ;
  • la proposition d’ateliers pluridisciplinaires ; 
  • l’organisation d’événements ouverts à tou.te.s.
  • la mise en place de stages

L’association, elle aussi, a subi une mutation, en même temps que le déménagement au 1 bis rue Castiglione . En effet, après 6 ans de présidence du projet, Kévin est maintenant directeur du lieu. À ses côtés, on compte deux autres salariées en la personne d’Elsa à l’administration et de Mathilde, chargée de projet. C’est un véritable progrès pour l’association de pouvoir aujourd’hui salarier des personnes autrefois bénévoles. Pour compléter le tout, il y a aussi un Conseil d’administration qui réunit les usagers de la COOP.

La COOP (pépinières d’artistes)

Quand une compagnie intègre la COOP, elle s’engage pour une durée d’une saison (de septembre à août). Pour cette année 2021/2022, 21 entités sont installées au 188. Le lieu propose aux membres d’avoir accès à des bureaux (privatifs ou partagés), un coworking et un espace de pratique

Cet engagement permet aux artistes de s’associer aux projets du 188 et de créer du lien entre eux.elles. Plusieurs fois par an, des soirées sont organisées, créant des moments de partage. Leurs noms : Les MOUAA.

Les MOUAA – Miette Orgasmique d’Utopie Artistique et Alimentaires

Ces soirées permettent aux artistes de la COOP de présenter des pastilles artistiques. Certain.es montrent des étapes de travail ou des extraits de leurs créations aux publics et aux professionnels. Ces temps peuvent prendre différentes formes (initiation à une danse, exposition, lecture d’une pièce, concerts…). C’est une soirée au contenu très diversifiée, dans une ambiance éclectique, à l’image du 188, pluriel et singulier. Pour accompagner les artistes et les spectateur.trices une proposition alimentaire, axé autour du végétal permet à chacun.e de se restaurer.

Pendant la pandémie de Covid-19, l’équipe a envoyé un dossier de valorisation du dispositif de la COOP , aux compagnies associées, pour pouvoir faire un bilan et connaître les besoins de chacun.e. Il est apparu une grande diversité dans les compagnies. Parmi elles, Les Concerts de Poche, composée de plus de 1000 musiciens. Cette association propose des concerts en zone rurale et quartiers populaires. Sont aussi présentes, de jeunes compagnies émergentes comme La Malagua. Cette formation de deux danseur.ses, Scheherazade Zambrano et Alejandro Russo a présentée son premier spectacle en 2019. 

Des ponts artistiques

Cette richesse de savoir-faire permet de créer des passerelles entre les collectifs. En voici Quelques exemples :

  • Valentine Regnault, de la compagnie Galatée, travaille avec la metteuse en scène Muriel Cocquet, de la compagnie la lune qui gronde, pour le spectacle Parklands. Elles animent également, ensemble, l’atelier C.h.oeur.S, les mercredis, de 18h à 20h . Elles y proposent une approche de la poésie à travers le théâtre et le mouvement.
  • Le compagnon blanc est une association qui organise des séjours de vacances pour des personnes présentant un handicap mental. Ils font appel aux artistes issus d’autres compagnies de la COOP pour organiser des ateliers.

Depuis 2021, l’univers protéiforme de la COOP s’enrichit un peu plus avec l’arrivée d’un auteur et dessinateur, en la personne de Grégory Charlet, de Mélanie Gandgirard, illustratrice et de Delphine Livet, éditrice.

Cette fourmilière d’artistes venus d’horizons différents favorise un bouillonnement créatif plaçant le 188 comme un acteur culturel majeur de Lille.

Atelier C.h.oeur.s avec Muriel Cocquet et Valentine Regnault

Des Ateliers pluridisciplinaires

Quand le lieu s’installe à Saint-Maurice Pellevoisin, les premiers ateliers voient le jour. De ses différentes pratiques, un axe se dessine autour du mouvement, qui s’associe naturellement au bien-être, au développement personnel, à la connaissance de son corps et à la prise en compte du collectif.

Aujourd’hui, à Fives, ce sont plus de 11 ateliers qui sont proposés, toutes les semaines, avec des pratiques aussi diversifiées que la danse impro, la zumba, le yoga, le feldenkrais ® ou encore le BMC ® (un dimanche par mois).

Ces ateliers sont d’ailleurs, pour la plupart du temps, animés par les artistes des compagnies, inscrites dans la COOP. Ils sont une ressource financière primordiale pour le 188, car c’est grâce au public que le lieu peut vivre. Ces ateliers permettent aussi une ouverture sur le quartier pour toucher les populations qui y vivent.

Dans les projets à venir, l’équipe émet le souhait de pouvoir proposer des pratiques toujours plus inclusives les unes que les autres. Comme un atelier danse-contact, entre parents et enfants, de la danse classique assise pour les personnes âgées ou des expérimentations collectives avec des habitant.es du quartier.

En parallèle des ateliers, le 188 a aussi organisé des événements festifs, hors ses murs, comme le Marathon de la danse, à Saint-Sauveur, en septembre 2020. Ce type d’événement permet de s’implanter sur le territoire, de se faire connaître et de faire travailler les artistes de la COOP.

Une implantation dans le quartier et de nouveaux projets

Depuis que le 188 a pris ses quartiers au 1 bis rue Castiglione, l’équipe a développé un partenariat avec Studios Nord. Ce nouveau lieu est dirigé par Mélanie Plankeele. Le but est d’organiser des événements en commun. En effet, Studio Nord propose aussi des ateliers de danse, plus particulièrement axés sur la danse africaine.

Toujours dans l’idée, de travailler avec des acteurs.trices du monde culturel et social, ils ont également fait appel à Tipimi pour s’occuper de la restauration durant le week-end d’inauguration, les 11 et 12 septembre derniers. Ce tiers-lieu est aussi un espace de rencontres, repair café et programmation d’événement.

Depuis peu, le 188 travaille avec l’Incubateur Évident pour développer des projets avec des entreprises. L’objectif est de proposer un catalogue avec les artistes de la COOP. Ainsi, on met en avant leurs compétences pour faire des ateliers en entreprise ou dans des structures accueillant des personnes en situation de handicap.

Toujours mue par cette envie de rencontres, Kévin souhaite, qu’un jour, un resto s’implante dans « La Cour ». Le lieu deviendrait un espace de travail, d’échange ou tout simplement un endroit où l’on puisse se détendre.

C‘est un plaisir de partager la conception d’un tel projet dans un lieu plus grand aujourd’hui et d’y entretenir une bulle « Bisounours ».

Kévin Lévêque

En tant que tiers-lieu culturel, le 188 souhaite continuer à accompagner durablement les artistes qu’il héberge, en leur donnant les moyens dont il dispose pour que chacun.e puisse y développer ses créations, tout en se sentant soutenue.

La partie d’accueil au public s’appelle « La Cour ». Il ne serait pas étonnant d’entendre d’ici quelques mois des personnes parler de « La Cour  » comme d’un endroit bien connu du quartier, où l’on aime se retrouver.

Site du 188


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