Les coups de pinceaux et de folie de Vincent Van Gogh (partie 2).

Dans le premier article consacré à Van Gogh, nous avons découvert une autre voie dans laquelle le peintre s’était engagé : celle de devenir pasteur. Ayant cependant été refusé à l’examen lui permettant d’acquérir ce statut, il a décidé de se consacrer à son art. Ce choix l’a conduit à Bruxelles, à Montmartre, mais aussi à Arles, où ses crises se font de plus en plus nombreuses. Après l’une d’elle, issue d’une dispute avec son ami le peintre Paul Gauguin, où Vincent se coupe l’oreille gauche avec un rasoir, il est interné à Arles suite à la demande du maire de la ville.

Le point de paroxysme

Dorotha Kobiela et Hugh Welchmann, Représentation du docteur Gachet dans le film Loving Van Gogh, film animé, 2017

De lui même, l’artiste décide d’être pris en charge par l’asile d’aliénés Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence. Son séjour dure un an, ponctué par trois crises importantes. Bien qu’il soit hospitalisé, Vincent ne cesse pas de peindre, et dispose d’un atelier au rez-de-chaussé de l’asile. C’est durant cette période qu’il applique systématiquement des spirales au sein de ses créations. Il peint ce que lui offre la vue de sa chambre, et produit ainsi de nombreux paysages de champs de blé. Le 19 mai 1890, il quitte les lieux.

C’est alors qu’il s’installe à Auvers-sur-l’Oise, situé à 30 kilomètres de Paris, afin d‘être soigné par le docteur Gachet, sur les conseils de Pissarro. Auvers n’est d’ailleurs pas méconnu de Vincent puisque ce lieu a été fréquenté par l’école de Barbizon, mais également par les impressionnistes. Le docteur Gachet est d’ailleurs un ami de nombreux peintres, comme Cézanne. L’accoutumé de la sphère artistique loue ainsi une chambre pour l’artiste dans l’auberge Ravoux au sein d’Auvers. 

Paul Gachet, Vincent Van Gogh sur son lit de mort, dessin, 1980, musée d’Orsay, Paris.

Lorsque Vincent réside dans cette ville, sa réalisation artistique est foisonnante : il y peint 70 tableaux, mais commence également à être connu auprès de la communauté artistique. Des publications le mentionnant apparaissent dans la presse parisienne, bruxelloise et néerlandaise. Mais le peintre s’éteint le 25 janvier 1890, suite aux blessures causées par une balle de révolver reçue en pleine poitrine. Deux hypothèses sont avancées quant à la raison de sa mort. Le suicide est l’une des plus évoquées. L’autre prend racine d’une balle perdue ou volontaire issue d’un révolver des frères Gaston et René Secrétan, deux garçons qui s’adonnaient à tyranniser le peintre, notamment l’été de sa mort.

Si beaucoup d’auteurs et de chercheurs se sont passionnés pour Vincent Van Gogh, c’est que ce personnage énigmatique n’a fait que nous intriguer depuis sa mort. Bien que cette dernière attire l’attention de nombreux historiens, ses troubles mentaux étaient bels et bien présents. Que sait-on aujourd’hui de leur impact sur son art ? 

Les différents symptômes

Julien Schabnel, Représentation des troubles visuelles de Vincent Van Gogh dans Eternity’s Gate, film, 2018.

Encore aujourd’hui, on ne sait pas réellement ce dont souffrait Vincent. Il a été évoqué qu’il était peut-être schizophrène, du fait de nombreuses hallucinations auditives et visuelles qu’ils présentaient. Lors de ses internements en hôpital psychiatrique, il arrivait qu’il pousse à plusieurs reprises des cris en se mettant à courir. A cela s’ajoute également l’automutilation. Cependant, le peintre présentait toute la conservation de son intellect. Cela est notamment prouvé par la correspondance qu’il a entretenue avec son frère, où son écriture y est logique et cohérente.

Il est possible également que Vincent ait été atteint de troubles bipolaires du fait de nombreuses phases d’exaltations créatrices qui se sont succédées, donnant suite à des mélancolies profondes. Il est à ajouter que son frère et sa sœur ont eux aussi été internés suite à des symptômes similaires, pouvant ainsi conclure à la bipolarité. 

Vincent Van Gogh, Les saules au soleil couchant, huile sur carton toilé, Musée Kröller-Müller, Otterlo

La porphyrie est une maladie qui a aussi été évoquée comme diagnostic du peintre. Elle se révèle par des lésions cutanées, mais également des troubles nerveux viscéraux. Ils sont causés par une forte exposition au soleil. Il s’avère que Van Gogh peignait aux alentours de midi. Le peintre révèle notamment dans ses correspondances que le soleil lui crée un drôle d’effet. Cette maladie empêche la production d’une substance permettant le transport de l’oxygène dans le sang. Celle-ci se manifeste par des hallucinations, des crises, des douleurs abdominales et des dépressions, symptômes que présentait le peintre. 

Ce qu’il faut également ne pas oublier, c’est que Van Gogh était un grand consommateur d’absinthe. Ce détail permet ainsi de douter de toutes les maladies avancées précédemment, du fait qu’il ait causé de nombreux symptômes chez le peintre qui peuvent être similaires à ce qui a été énoncé. L’absinthe était une boisson populaire du temps de Van Gogh. C’est Toulouse-Lautrec, grand consommateur de cet alcool, qui avait initié notre peintre, et qui, même après une tentative de sevrage au sanatorium, avait disposé dans sa canne un trou, lui permettant de s’en abreuver à n’importe quel moment. Lors de ses tentatives de sevrage, Vincent boit du pétrole et trouve pour substitution ses tubes de peintures dans lesquels se trouvent du plomb. Peut-être aurait-il ainsi été intoxiqué par cette substance, pouvant être à l’origine de délires et de nausées. 

Les effets des possibles maladies sur ses œuvres

La consommation d’absinthe pourrait induire certains facteurs déterminants dans les œuvres de Vincent, à savoir la forte présence de la couleur jaune. D’autres éléments auraient alimenté cette modification optique du peinture, à savoir la santonine, médicament issus d’une plante que l’artiste consommait afin de guérir ses troubles intestinaux. De plus, lorsqu’il fut soigné par le docteur Gachet, ce dernier lui a prescrit de la végétaline, plante qui tend à avoir une vision jaunâtre. Un second élément récurrent proviendrait des troubles médicaux et des traitements que le peintre a suivi, à savoir les halos jaunes autours des objets dans ses peintures, qu’il a principalement apposé sur les dernières productions de sa vie, comme la célèbre Nuit étoilée. Cette modification de la vision proviendrait d’un gonflement de la rétine qui changerait ainsi la vision du peintre.

Vincent Van Gogh, Le café de la nuit, huile sur toile, 1888, Yales University Art Gallery, Yales

Pour aller plus loin dans l’univers du peintre et pour tenter de percevoir ses modifications optiques, deux films sont disponibles sur Netflix. Loving Van Gogh interroge les circonstances de la mort du peintre. L’histoire est un animé absolument subjuguant, retranscrivant dans chacune de ses images le style de Van Gogh : un pur chef d’œuvre. At Eternity Gate’s laisse quant à lui percevoir les épisodes bouleversants de la vie du peintre, nous laissant entrevoir ses troubles psychiques, mais aussi les moments intimistes qu’il entretenait avec sa passion : l’art. 


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