marcel gromaire le cerf volant

L’exposition Marcel Gromaire au musée La Piscine

La vie de Marcel Gromaire est richement artistique, tout comme notre été. Notre passage du côté d’Angoulême nous a rassasiés, mais nous filons maintenant du côté de Roubaix, pour La Piscine. Pas de maillot de bain aujourd’hui, mais bien un œil attentif à la rétrospection à découvrir jusqu’au 20 septembre 2020 : Marcel Gromaire (1892 – 1971), L’élégance de la force.

Une vie

Né en 1892, Marcel Gromaire est un peintre, graveur, décorateur, illustrateur et cartonnier français. Il grandit dans le Nord et commence une scolarité dans le droit, qu’il abandonne rapidement pour commencer à fréquenter, dès 1910, les ateliers de Montparnasse. Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, à son retour, il installe son atelier à Paris et assure la critique cinématographique du Crapouillot.

Portrait de l’artiste, 1921. Huile sur toile, 55×46,5 cm. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. ©ADAGP, Paris, 2019. ©Musée d’Art Moderne / Roger-Viollet.

Marcel Gromaire commence alors à exposer et développer son art, tout d’abord au Salon des indépendants de 1925, dans lequel il présente son tableau La Guerre, puis chez Louis Carré en 1947. À partir de 1937, il reçoit des commandes de l’Etat, notamment pour l’exposition internationale de Paris.

Durant la Seconde Guerre mondiale, il participe au mouvement du renouveau de la tapisserie, avec Jean Lurçat. En 1950, il est nommé professeur à l’Ecole nationale supérieur des arts décoratifs. La même année, il est membre du jury du prix Carnegie. Il reçoit ce même prix deux ans plus tard.

Village du Hainaut, 1954, Aquarelle, 33×43,5cm ©Galerie de la Présidence

Marcel Gromaire a l’honneur de voir sa première rétrospective, en 1963, au musée national d’art moderne. Il meurt en 1971 et fait aujourd’hui l’objet d’une exposition au musée La Piscine de Roubaix.

L’élégance de la force

L’exposition présente l’art réaliste et humaniste de Marcel Gromaire, ses talents en peinture, mais aussi en dessin, livre illustré, estampes, cartons de tapisserie ou encore décor monumental. C’est une rétrospective complète, retraçant la vie de l’artiste, sa carrière et valorisant la diversité de ses thématiques abordées dans son art.

La Guerre ©ADAGP, Photo RMN-Grand Palais – Bulloz

Nous y découvrons ses racines et ses sources d’inspirations, sans oublier sa touche d’expressionnisme flamand, de ses origines, du côté de sa mère. L’exposition aborde également son traumatisme de la Grande Guerre, ainsi que ses liens avec l’art roman et gothique.

Les œuvres sont accompagnées d’écrits théoriques sur la pensée plastique, esthétique et éthique de Marcel Gromaire. Il y a des incontournables comme La Guerre ou Place blanche et d’autres œuvres inédites (surprise…).

Hors case

L’art de Marcel Gromaire est cubique, géométrique et s’exprime dans les volumes. Cet art graphique est visible à travers une palette simple, des couleurs plutôt répétitives et une expression très lyrique. Sur les toiles, les sujets deviennent des sculptures. Architecture dans les corps et mathématiques dans les paysages, c’est un art qui plaira aussi bien aux rêveurs qu’aux plus rationnels d’entre vous.

Nu blond allongé 1955 Huile sur toile 65 x 80,5cm ©Galerie de la Présidence

Perfectionniste, il aimait jouer avec les opposés : « Art des extrêmes. Extrême élégance et extrême masse – Extrême élan et extrême poids. Extrême grandeur et extrêmes nuances – Extrême stabilité et extrême mouvement – Extrême matérialité et extrême libération – Extrême structure et extrême fluidité. Extrême localisation et extrême ubiquité. Extrême naturel et extrême irréel ».

Plus d’infos sur Gromaire

C’est donc un style bien à lui, jouant sur les tons, les transparences et les superpositions. Il n’était d’ailleurs élève de personne et a beaucoup travaillé à l’écart des groupes et des courants.

Sur les traces de Grommaire

Marcel Gromaire a peint un peu plus de 700 toiles, principalement exposées au musée d’art moderne de Paris. Il a également laissé une centaine de carnets. À l’intérieur, simples croquis au trait et dessins plus poussés se côtoient.

Ses œuvres gravées ont, en grande partie, été cédées à la ville de Gravelines par son fils. La collection complète représente environ 150 planches gravées entre 1922 et 1962. L’artiste a tout d’abord commencé par le bois, s’est essayé au métal, pour finir à l’eau-forte, dans l’objectif de parvenir aux mêmes types de finissions que l’encre de Chine.

Nu au fauteuil, Dessin à l’encre de Chine, 33×25,2cm

L’ensemble de ses huiles est reproduit dans le Catalogue raisonné des peintures, Marcel Gromaire, La vie et l’œuvre, par François Gromaire et Françoise Chibret-Plaussu (le compte rendu par Rinuy Paul-Louis).

Un habitué du musée

En dehors de l’exposition, Marcel Gromaire était déjà représenté dans le musée La Piscine. Deux toiles monumentales sont intégrées au parcours habituel du visiteur. L’Abolition de l’esclavage nous accueille dès l’entrée et Les Loisirs dans la galerie des sculptures.

Les Loisirs, 1936, huile sur toile. A. Leprince/ADAGP

En 2017, la belle fille de l’artiste fait une grande donation qui vient compléter les collections du musée par 163 gravures, présentées dans les cabines du rez-de-chaussée du bassin, suivant l’évolution stylistique de Marcel Gromaire, ses différentes sources et phases de création.

Focus sur L’Abolition de l’esclavage

L’Abolition de l’esclavage fait partie des collections du musée depuis 1991. Son histoire commence en 1949, lors de la célébration du centenaire de l’abolition de l’esclavage.

Autour des deux figures emblématiques de Marianne et Victo Schoelcher (journaliste et homme politique, rédacteur du décret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848), Marcel Gromaire a choisi de représenter les esclaves noirs, victimes du commerce triangulaire, les ouvriers révoltés des journées de février 1848, ainsi que les révolutionnaires de l’an II.

L’Abolition de l’esclavage, 1950 Huile sur toile marouflée sur bois, 488x745cm ©Alain Leprince

L’artiste avait imaginé un décor en lien avec l’organisation de l’Union française, qui ne sera pas reprise dans les statuts de la Constitution de la Ve République en 1958. L’œuvre rejoint donc le Musée national d’art moderne avant d’être exposé au palais d’Iéna, et de rejoindre finalement La Piscine.

La fun fact : ce sont les dimensions de l’œuvre qui ont décidé de la largeur du hall d’entrée du nouveau musée inauguré en 2001. La surface peinte représente 40m² et doit être visible à 30 mètres.

Ecoutez un commentaire audio de l’œuvre

Durant l’exposition, nous avons l’honneur d’avoir accès au processus de préparation de cette œuvre, grâce aux dessins offerts au musée par le fils de l’artiste en 2001 et grâce aux prêts de la Bibliothèque Nationale de France.

Vous avez maintenant toutes les clés en main pour découvrir une exposition spectaculaire (40m² quand même !). Pénétrez totalement la vie de l’artiste Marcel Gromaire en une journée (ou plus), au musée La Piscine, Roubaix, jusqu’au 20 septembre 2020.

À bientôt les faons !

Infos Pratiques


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