wintergatan le cerf volant

Wintergatan : la musique en open source

Certains projets musicaux nous emmènent dans des contrées bien surprenantes. Que ce soit par la musique et/ou l’univers qu’ils élaborent, certains ont inventé des façons de pratiquer la musique et de se mettre en scène en tant qu’artiste. C’est le cas de Wintergatan, un groupe qui a créé un univers complet, hors du commun. C’est parti pour un voyage au pays de la créativité musicale poussée à son paroxysme !

Une sculpture musicale participative

Groupe de folktronica suédois, Wintergatan est originaire de Göteborg, la ville est située à mi-chemin entre Oslo et Copenhague. Martin Molin et Marcus Sjöberg, membre du groupe, mélangent consonances folks et électroniques, entre instruments acoustiques et assistés par ordinateur. C’est un joyeux melting-pot de sons, dont les sources et provenances sont variées.

Wintergatan au Tivoli (2016). Photo : erik forsberg

Depuis un premier album réalisé en 2013, le groupe compose des morceaux dans un style pop expérimental (ce dernier qualificatif est un euphémisme!). En effet, le groupe va jusqu’à inventer ses propres instruments qui ont un fonctionnement des plus ingénieux, totalement manuel.

Au début du projet, c’est via une chaîne Youtube dédiée qu’ils ont choisi de partager leur processus créatif. On découvre alors dans leurs premières vidéos la « Marble Machine » et un des membres du groupe, Martin Molin. Ce dernier documente la construction d’une boîte à musique qui utilise des billes pour actionner chaque instruments. Plus précisément, il s’agit d’activer une manivelle à la main, qui entraîne des billes de métal à travers celle-ci (2000 en tout). Parmi les instruments, on retrouve un vibraphone, une guitare basse, une cymbale ou encore des percussions émulées… Tout cet attirail a pour vocation de faire partie des concerts que le groupe effectue alors en Suède et en Allemagne.

Les quelques 2000 billes qui actionnent des pales correspondant aux notes des instruments de la Marble Machine

Comme évoqué, ce projet n’est pas celui d’un seul musicien mais bien celui d’une chaîne créative, alimentée par plusieurs passionnés de musique, de son, d’ingénierie. Molin parle souvent de Matthias Wandel, un ingénieur allemand, ou encore Jimmy Diresta, un menuisier, en lesquels il voit des figures particulièrement inspirantes dans cette logique de DIY (Do It Yourself-Faire soi-même).

Ainsi, le projet Wintergatan semble s’inscrire dans une sous-culture, notamment en lien avec les mouvements « maker« ; d’ailleurs, la Marble machine est inspirée de la machine au mouvement perpétuel qui n’a cessé de fasciner à travers les âges. C’est donc dans une démarche participative que le projet est voué à exister, la communication est conçue en conséquence.

Une communication sur-mesure

A travers la série de vidéos qu’ils publièrent sur Youtube, d’ailleurs très pédagogiques, on ne peut que constater que leur démarche est tournée vers le partage, la collaboration, valeurs à l’origine même de la pratique de la musique et des makers.

Ces vidéos montrant la machine initiale, ont été publiées jusqu’en 2016, période à laquelle une seconde version du dispositif multi-instrumentiste a été conçue. C’est en comptant sur une solide communauté que Martin Molin avance d’années en années sur ces « machines » musicales. En effet, leur chaîne Youtube compte à ce jour 1, 68M d’abonnées et plus de 250 millions de vues. Le groupe, représenté la plupart du temps par Martin Molin, publie en moyenne une vidéo par semaine. 

A l’origine, le groupe avait pour objectif d’emmener la machine en tournée, mais ça c’était avant le constat d’une certaine instabilité de l’objet. Une version améliorée sera ainsi conçue, à partir des leçons tirées de la première version de la machine et des conseils des internautes.

Pour permettre ces échanges et progrès, plusieurs modes de communication sont utilisés. Nous avons parlé de Youtube mais le groupe utilise aussi Patreon, le site de financement participatif particulièrement populaire chez les créateurs de contenus et chez les artistes en général. C’est d’ailleurs le musicien Jack Conte (membre du groupe Pomplamoose- aussi à découvrir!), qui créa cette plateforme d’aide à la création (avec un développeur). A l’aide de cet outil, Wintergatan tient au courant les internautes de l’avancée du projet et objectifs visés. Les patrons (nom attribué aux mécènes sur Patreon) sont 4566 aujourd’hui.

Beaucoup d’aspects de ce projet musical pourraient être abordés, précisés, il est complexe de délimiter l’activité du groupe car c’est justement cet aspect polyforme qui le caractérise. Wintergatan est un groupe dont l’essence réside dans l’inachevé, la recherche perpétuelle d’amélioration, rien n’est acquis, tout est perfectible… Enfin vous avez pigé : Wintergatan est sans conteste l’incarnation de la créativité musicale et ne semble pas voué à s’évanouir de sitôt (pour notre plus grand plaisir !).

Pour suivre le projet : leur Facebook et leur Patreon.


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