Arras film festival

Le Arras Film Festival se réinvente !

Le Arras Film Festival se tient depuis 21 ans, chaque mois de novembre, à Arras, dans le département du Pas-de-Calais. Pendant 10 jours, le public des Hauts-de-France (et au-delà !) peut profiter d’une sélection cosmopolite mettant en lumière aussi bien des films destinés à rassembler un large public, que des petites productions étrangères en quête d’un distributeur.

En cette année si particulière, le festival fut contraint lui aussi de s’adapter, pour pouvoir continuer à émerveiller les spectateurs et à soutenir l’industrie du cinéma. 

Un festival européen accessible à tous 

Le Arras Film Festival, c’est 21 ans damour du cinéma ! Pour l’édition 2019, ce sont 125 films projetés, dont 80 avant-premières, et 50 000 entrées. 

Arras étant une ville de taille moyenne, il est aisé de se déplacer d’un lieu à l’autre, entre les séances, ou de rattraper le coup si on s’est trompé de lieu de projection (ce qui arrive assez souvent lorsqu’on se dépêche pour ne pas louper le début de la séance). Les projections du festival sont réparties principalement entre deux lieux : le Casino (2 salles de 600 et 400 places), où sont généralement diffusées les avant-premières et où ont lieu les soirées d’ouverture et de fermeture du festival,  et le Mégarama, où sont projetés 24 films par jour à raison de 6 séances par jour.

Le fer de lance du Arras Film Festival, c’est avant tout sa sélection européenne et mondiale. En effet, les films sont répartis en diverses catégories :  Avant-Première, Compétition Européenne, Découvertes Européennes, Vision de l’Est, Cinémas du Monde, Rétrospective, Ciné-Concerts et Festival des enfants entre autres. 

Cette variété permet aux festivaliers de passer facilement d’un univers à un autre. Il peut s’agir de trospectives de films qu’on a vu dans sa jeunesse et qu’on souhaite redécouvrir ou partager avec la nouvelle génération, ou de frises historiques de 4 heures, d’où l’on ressort content, mais avec un léger mal de crâne. Le soir, ont généralement lieu les avants-premières de comédies françaises, avec tout un panel d’invités venus partager avec le public leurs anecdotes de tournage et leurs visions du film. 

Afin de transmettre l’amour du cinéma à toutes les générations, le festival d’Arras propose également une sélection pour enfants. Lors de l’édition 2019,  les familles ont ainsi pu assister à l’avant-première de  La famille Addams ou partager la poésie du film Le voyage du Prince de Jean-François Laguionie et Xavier Picard (la suite du film Le Château des singes sorti en 1999). Les parents les plus intrépides ont, quant à eux, pris leur courage à deux mains, sorti les costumes d’Anna et d’Elsa et les peluches Olaf et ont accompagné leurs enfants à l’avant-première mondiale de La Reine des Neiges II (pendant que les bénévoles prenaient le café avec les agents de sécurité que Disney avait envoyé pour éviter les fuites d’images).

Le partage comme mantra

Entre deux séances, vous pouvez aller vous poser au chaud dans le Village du festival (on est en novembre dans le nord de la France tout de même…) sur la Grand’Place, juste en face du Mégarama. Vous pouvez y prendre un café (ou une bière) et manger un morceau en écoutant les invités discuter de leurs films, en cherchant la prochaine projection que vous irez voir,ou en échangeant avec d’autres festivaliers sur les films que vous avez découvert.

Parce qu’il s’agit bien du cœur même du festival : la découverte ! Il vous est proposé une sélection de films tous plus disparates les uns des autres et on vous encourage à sortir de votre zone de confort ! C’est l’occasion de donner sa chance à un film soudanais ou à une petite production d’Europe de l’est, que vous n’auriez pas pris le temps d’aller voir en temps normal. Il n’y a pas de limite au Arras Film Festival ! Vous pouvez laisser libre court à votre curiosité et vous lancer à la découverte d’autres manières de filmer, de penser et de vivre.

Il est bien évidemment difficile de voir tous les films mais, grâce aux conseils récoltés au Village ou dans la file d’attente, il est possible de se concocter une liste de films sympathiques à aller voir tout au long de l’année ! 

Un palmarès cosmopolite

Le Arras Film Festival, c’est également une compétition européenne et un palmarès. Il y a trois prix décernés à la fin du festival : L’« Atlas » qui se décline en or et argent, et qui est attribué par un jury de professionnels du cinéma. Le Prix « Regards jeunes » est remis par une équipe de lycéens de la région, et le « Prix du Syndicat français de la critique de cinéma » est attribué par un panel de critiques. Chaque prix apporte à son gagnant un soutien financier destiné à contribuer à la sortie du film primé dans les salles françaises.

L’an dernier, c’est le film bulgare The Father de Kristina Grozeva qui a raflé l’ « Atlas d’or », le « Prix de la critique » et celui du « Regards jeunes » ! Après cela , il a immédiatement été contacté par un distributeur. L’ « Atlas d’argent » a été attribué à Marko Skop pour Let There be Light et le « prix du public » à Dafne de Frederico Bondi.

Les rebondissements de l’Edition 2020 

Pandémie oblige, le Arras Film Festival a été contraint de se réinventer cette année (et pas qu’une fois !). Si tout semblait aller pour le mieux, au mois de septembre et début octobre, l’ombre de la deuxième vague a rapidement assombri les horizons du festival.

Affiche de l'Edition 2020 du Arras Film Festival
Aperçu de l’équipe: arrasfilmfestival.com

L’année dernière déjà, l’équipe du Arras Film Festival avait su démontrer ses capacités d’improvisation lorsqu’un projecteur de la grande salle du Casino était tombé en panne. L’équipe technique avait alors remué terre et ciel pour en réquisitionner un en urgence et permettre la séance du soir. Mais cette année, ils ont dû redoubler d’ingéniosité et se réinventer continuellement au rythme des restrictions sanitaires.

Pas possible de faire venir des acteurs étrangers ? Pas grave, les invités seront tous du terroir (Delépine, Kervern, Podalydès, Nimey, Merad, Marmaï…). Fermeture du Casino par les pouvoirs publics le soir de l’annonce de la programmation 2020 ? Qu’importe, les films seront diffusés dans une sélection de salles de cinéma des Hauts-de-France. On reconfine à une semaine du lancement du festival ? Cela a peut-être empêché la venue des festivaliers, mais cela n’a pas découragé le jury Atlas de se réunir en huit-clos pour visionner les films de la sélection et décerner les prix, et les aides financières allant avec, comme prévu (avec, comme on peut le voir ci-dessous, un parfait respect des règles sanitaires).

L’ »Atlas d’or » a donc été remis cette année à un film Bosnien, Quo Vadis, Aida ? de Jasmila Zbanic par le jury pour : « la puissance tout en grâce de son interprète principale. La nécessité de ce sujet est transcendée par une mise en scène dénuée de pathos et portée par un souffle tragique. Le jury est sensible au fait que le film laisse entrevoir la possibilité d’une réconciliation. » Jury Atlas 2020

L’ »Atlas d’argent » est revenu à une collaboration polonaise et irlandais, I never cryde Piotr Domalewski. Et une mention spéciale a également été attribuée à Rounds du Bulgare Stephan Komandarev qui, selon le jury : « n’oublie jamais que l’humour est la meilleure façon de s’emparer du chaos du monde. » Jury Atlas 2020

Le futur du festival en 2021 

Il était important pour le festival de se battre jusqu’au bout, en cette année où le cinéma est mis à mal par le contexte sanitaire, et où les gérants de salle lancent des appels à l’aide à l’industrie du cinéma pour qu’elle les soutiennent.

Affiche Edition 2020 Arras Film Festival après le reconfinement

Dans le viseur du festival, pour l’année à venir, le maintien de la compétition européenne et la projection des 80 films de la sélection 2020 dans des salles de la région, dès que la situation sanitaire le rendra possible.

En attendant, l’équipe du festival s’invite chez vous ! Elle propose ainsi aux spectateurs 4 ciné-concerts en ligne, chaque mercredi du mois de décembre, sur sa chaîne Youtube et en Facebook live.

Une nouvelle thématique est abordée chaque semaine, qui renvoie à une rétrospective présentée lors d’anciennes éditions du festival. En tout, ce sont 8 courts métrages muets qui seront accessibles en cette fin d’année, chacun accompagné d’une musique originale du pianiste Jacques Cambra, un spécialiste des ciné-concerts.

La prochaine présentation, disponible le 30 décembre, s’intitule « Braquages en tous genres » et mettra en lumière deux courts métrages Français et Américain du début du XXe siècle : La course des sergents de ville d’André Heuzé, et The Musketeers of pig alley de David Wark Griffith. 

Touché mais pas coulé, l’équipe du festival guette le feu vert de la réouverture des salles de cinéma pour continuer sa mission d’éveil culturel et de rayonnement du cinéma

Pour aller plus loin : 


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