dire au revoir
Je traîne une valise de 20kg au bout de mon bras et pourtant j’ai l’impression que c’est dans ma poitrine que ça pèse le plus lourd. Je redoutais le moment de l’aéroport : j’ai peur que les au revoir avec mes parents ne soient trop difficiles. L’attente est interminable, et mon avion ne cesse d’être retardé. Plus je patiente, plus je commence à me demander si j’ai fait le bon choix. L’inconnu commence à me faire peur. Je n’ai plus tellement envie de quitter le Nord et mes proches. Mais ça y est : les passagers de mon vol sont appelés à passer les contrôles de sécurité. J’embrasse mes parents, je pleure un peu, puis je me dis que j’ai de la chance d’être triste à ce moment : si j’ai du mal à partir, c’est que ma vie en France est belle.
LE SIGNE
J’attends seule avant d’embarquer, appréhendant ma future solitude. Serais-je capable de rester loin de ma famille et de mes amis pendant dix mois ? Dans l’avion, ma voisine de siège engage la conversation. Elle me questionne sur les raisons de mon voyage. Je lui explique que je suis partie à Barcelone pour faire un service civique et que je ne reviendrai pas en France avant un moment. Je lui avoue ma peur de ne pas y trouver ma place. Elle me sourit et me confie que je lui fait penser à sa fille, partie au même âge en Espagne pour être fille au pair. Terrorisée sur le départ mais déjà nostalgique sur le retour, elle est installée depuis plus de vingt ans à Tarragone, à 100 kilomètres au Sud de Barcelone.
Assise là, dans l’avion, je commence à voir les choses sous un autre angle : peut-être que moi aussi de belles choses m’attendent dans ce pays qui s’ouvre à moi.
S’INSTALLER EN PARTANT DE ZÉRO : TUTO
Arriver à des centaines de kilomètres de chez soi, c’est souvent commencer avec… rien. Quand l’avion atterrit à Barcelone, je n’ai même pas de logement. J’ai certes réservé une auberge de jeunesse pour le soir, mais comme je n’envisage pas de payer mon séjour de dix mois à la nuitée, je dois vite trouver une chambre. À distance, c’était mission impossible. Le marché de la location est extrêmement tendu. Sur les plateformes en ligne, il n’y a guère de choix : soit des chambres au loyer exorbitant, soit des colocations correctes, mais qui partent en quelques heures ou sont délabrées. On trouve surtout un bon gros lot d’arnaques : entre les particuliers qui demandent (quand ils n’ordonnent pas) de payer trois mois loyers avant que vous ayez vu la couleur d’un contrat et ceux qui vous expliquent que vous devez envoyer 200 euros pour parler au propriétaire, on perd un peu espoir. Au final, j’étais devenue un peu paranoïaque à l’idée de me faire escroquer. Je voulais visiter les chambres qui me plaisaient, pour être au moins sûre qu’elles existent. Le lendemain de mon arrivée, j’avais prévu de visiter quatre colocations, toutes situées dans un quartier différent. J’ai honoré tous les rendez-vous, mais je savais dès la première visite que j’entrais dans la chambre que j’habiterai. Simple, pas grande mais pas trop petite non plus, elle a une fenêtre qui donne sur la cime des arbres.

Je suis dans le centre-ville de Barcelone mais si je regarde dehors j’ai l’impression d’être en pleine nature. Je veux vivre ici. Le propriétaire a constaté mon coup de cœur pour son appartement et l’a apprécié. J’emménage dès le lendemain. L’appartement est petit et nous sommes deux. Ma colocataire est une Néerlandaise un peu plus âgée que moi. Elle est arrivée à Barcelone il y a quelques jours. Pour ma première soirée à l’appartement, elle m’emmène manger des tapas près de chez nous. C’est la première personne dont je fais réelement la connaissance ici et je passe un bon moment. Nous rentrons dans notre quartier, celui de Sant Antoni. Proche des endroits touristiques et de la mer, il est animé mais plus calme que le reste du centre-ville. Un mélange de fête et de tranquillité. Un parfait équilibre.
Je crois que je vais bien m’y sentir…
Tous les épisodes d’une nordiste à Barcelone ICI !
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