Le Polder, bar coopératif vivant et engagé

Fondé en 2015 à Hellemmes, le Polder est une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), ou un bar coopératif pour manger, boire un coup, assister à des ateliers, conférences, projections, concerts, karaoké… On a eu envie de mettre en valeur ce beau projet, en difficulté financière depuis quelques semaines. Rencontre avec Antoine, salarié et co-gérant.

Lieu collectif

À l’origine du projet : Didier Le Pallac et Maxime Giusti. Mais surtout, un collectif de citoyens et citoyennes. En 2022, Antoine et Lucie reprennent le flambeau. Dès le départ, la volonté d’investir un lieu, tout en limitant la hiérarchie était une évidence. Le projet s’est donc imposé de lui-même : créer un café solidaire et citoyen. C’est le principe même d’une SCIC, un lieu géré par ses salarié·es, mais surtout par ses habitant·es et sans aucun patron. Le rêve n’est ce pas ?

« Ça nous permet de se réapproprier notre outil de travail et nos procédures de travail. C’est collectivement qu’on les met en place, qu’on les revoit, on décide ensemble. Ça permet de se responsabiliser chacune, chacun. »

Antoine, salarié et co-gérant du Polder
Des journaux, livres et magazines sont disponibles. Photo : Jeanne Bailly

Les coulisses du Polder, on les connait un peu moins. À l’étage, les associations L’Étincelle et Contrepoing, mais aussi un coach vocal et un psychothérapeute ont investi l’espace pour créer, ensemble, un lieu d’échanges et de partages. Le Polder construit naturellement une énergie circulaire et son économie se réinjecte dans la vie locale. Antoine parle alors de synergie.

Lieu vivant

Atelier tricot, conférence gesticulée ou non pour parler de sujet sociaux et sociétaux, exposition, concert, soirée festive… Le Polder profite même d’un espace bibliothèque avec la bouquinerie Bicloubook. Si tu as des bouquins dont tu souhaites te débarrasser, tu peux les donner, et s’il y a des bouquins qui t’intéresse, tu peux les acheter à prix libre. Encore une fois, faire circuler.

La bouquinerie Bicloubook au Polder. Photo : Jeanne Bailly

Au Polder, on passe du bon temps, pour se nourrir, boire, organiser des réunions… De jour en jour, le café renforce ses liens avec les acteurs locaux : LM Oxygène, Soulèvements de la Terre, les syndicats, ou encore les associations de parents d’élèves. Le Polder fourni un lieu, les acteurs locaux le rende autrement.

« Il y a des gens qui viennent partager leur parcours de vie, parfois pas très simple, et qui trouvent une forme de socialisation. On se réunit, on fait ici, plutôt que chez soi. »

Antoine, salarié et co-gérant du Polder

Antoine souligne également l’importance d’avoir un bar proche de chez soi, pour sortir et s’aérer la tête. L’ambiance est familiale, conviviale, une ambiance de quartier, qui se fait avec les personnes qui composent le lieu. Le Polder vit simplement, à travers les clients, les acteurs accueillis, les salarié·es, les co-gérant·es et les fournisseurs.

Manger engagé

Bar, bistrot, restaurant, cantine… peut importe le nom qu’on lui donne, on y mange bien. Depuis l’arrivée d’Antoine et Lucie à la co-gérance, un gros travail sur le passage au végétarisme a été réalisé, pour des raisons morales et économiques. Mais pas évident. Aujourd’hui, nous retrouvons une formule plat brasserie type welsh, avec des frites et sans viande, et une formule plus légère avec des légumes, des crudités et un féculent.

« On veut proposer une cuisine réconfortante, nourrissante et accessible. »

Antoine, salarié et co-gérant du Polder

Côté fournisseurs, Le Polder se la joue local, local et local. Il travaille avec un grossiste boisson et épicerie sèche bio, une entreprise familiale de la région. Pour les légumes, il se fournit ponctuellement chez un maraicher, toujours bio, de Villeneuve d’Ascq. Mais surtout, ce que vous attendez tous et toutes : les bières. La région regorge de talents biérologues, zythologues et brassicoles. Alors après tout, pourquoi ne pas en profiter ?

Le Polder travaille donc directement avec les brasseries locales : Le Singe Savant à Moulins, la brasserie Fives Cails ou encore Les Tours du Malt à Hem.

Pourquoi faire exister ce lieu ?

Avant Le Polder, alors qu’Antoine travaillait dans un hôtel de luxe (avec clients qui viennent en avion privé, grands patrons de fast-fashion et tutti quanti), il militait, en même temps, contre l’agrandissement de l’aéroport de Lesquin. Comment expliquer qu’il ressentait une sorte de… dissonance ? C’est avec cette envie de redonner du sens à son métier, et de créer des actions concrètes qui collent avec ses engagements qu’il devint alors co-gérant du Polder.

Si ça te semble inspirant, c’est une raison de plus pour continuer à soutenir ce projet. Le Polder, c’est une base militante pour accueillir les associations et promouvoir l’agriculture écologique. Venir au Polder c’est participer à la vie culturelle locale et permettre à des artistes de se produire. C’est mettre la culture au service de la société et créer collectivement une culture populaire et locale.

Un chouette espace pour se poser et découvrir des expos. Photo : Jeanne Bailly

Par exemple, une fois par mois, Mélanie, salariée du Polder, organise une projection/débat. Une fois de plus, elle a su faire local en s’associant sur certaines soirées au studio Train-Train situé à Hellemmes. Elle a également su faire société en projetant des documentaires sur les violences conjugales et sexistes. Tout en laissant la parole aux réalisateurices, collectifs, associations qui traitent de ces sujets, mais aussi aux publics.

« On a cet objet de transformation sociale au sein du Polder. Tu viens, on passe un bon moment, c’est agréable, et en même temps on essaie de semer des petites graines. En fait, la société elle tourne pas rond, on peut s’organiser et faire germer des idées. »

Antoine, salarié et co-gérant du Polder

Ces dernières semaines, Le Polder a été contraint de lancer une cagnotte, faisant suite à un été compliqué et des charges supplémentaires non prévues. Cette société coopérative n’est pas une association et ne bénéficie donc pas de subvention. Leur financement se fait uniquement sur la vente de leurs consommations (boissons, repas, gouter, locations bureaux).

Alors que tout paraissait difficile, une véritable vague de soutien et de solidarité s’est soulevée. Nous pouvons continuer.

« Pour faire vivre le modèle Polder, la demande aux gens c’est venez. Si vous ne connaissez pas, venez découvrir, soyez curieux et curieuses et laissez vous tenter. Et si vous connaissez, soutenez nous, invitez vos potes et venez manger de temps en temps ici. On fournit la bière et les paillettes. »

Antoine, salarié et co-gérant du Polder

Le Polder, 250 rue Roger Salengro, Hellemmes.


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