Close : Le silence des images

Attention à nos lecteurs et lectrices, cet article contient du spoil !

Après la sortie du controversé Girl en 2018, qui mettait en avant l’histoire d’une jeune femme trans, le jeune réalisateur belge Lukas Dhont est revenu en 2022 avec un son deuxième long-métrage : Close.

Close était LA sortie du cinéma belge de l’année 2022. Il a notamment reçu le prestigieux Grand Prix du Festival de Cannes de l’édition 2022. Il met en avant l’histoire de deux adolescents, Léo et Rémi.

Trailer de Close

L’histoire

Sous la chaleur d’un été, Léo et Rémi sont proches comme deux frères : ils passent régulièrement la nuit chez l’autre, dorment ensemble, sont tactiles, font toute sorte d’activités et s’encouragent. Cependant, leur rentrée au collège met à mal leur amitié. Les deux garçons sont confrontés aux moqueries et aux interrogations de leurs camarades face à leur proximité.

Au début du film, une camarade leur demande s’ils sont en couple.

  • Est-ce que vous êtes ensemble ?
  • Non, répond Léo.
  • […] C’est juste que ça m’intéressait, parce que vous aviez l’air grave proches pour des meilleurs amis, donc voilà. Mais, c’est pas méchant, explique sa camarade.
  • Mais pourquoi tu dis ça ?
  • Parce que ça se voit.
  • De quoi ? Ça se voit de quoi ?
  • Que vous êtes en couple, ‘fin je sais pas.
  • C’est vrai qu’on se fait des câlins, qu’on se tient la main ? Non. C’est comme si tu disais, vous deux vous êtes ensemble parce que vous faites ces trucs de fille.

N’ayant vraisemblablement jamais été exposé aux stéréotypes de genre, Léo a beaucoup de mal a supporter ces commentaires. Il commence peu à peu à s’éloigner de Rémi et à l’ignorer. Passer la nuit chez Rémi ? Fini. Jouer ensemble après la fin des cours ? Fini. Léo préfère aider ses parents avec leur plantation de fleurs, activité qu’il rechignait à faire. Il devient ami avec d’autres garçons et commence à jouer au hockey. Léo tente de se conformer aux normes de genre. Son comportement blesse Rémi, très sensible, qui finit par se suicider.

Léo après rémi

La deuxième partie du film commence. Léo essaie de vivre sans Rémi. Il continue le hockey, tente de nouer d’autres amitiés, mais son ami lui manque. Il n’arrive pas à faire son deuil et se blesse volontairement au hockey : le jeune adolescent est submergé par la douleur.

Le ton des couleurs choisies par le réalisateur semble suivre l’humeur de Léo : le début du film est marqué par des scènes bruyantes, colorées, claires et rayonnantes, où le rire est omniprésent. Elles symbolisent l’amitié entre les deux garçons et leurs moments de bonheur. La suite est lugubre : Dhont montre plus de scènes aux couleurs sombres et tristes.

Toute cette partie du film est silencieuse, comme Eden Dambrine, l’interprète de Léo, l’a expliqué lors d’une interview à Cinévox : il y a peu de dialogues et la caméra fait de gros plans sur les visages des personnages.

Ce choix du Lukas Dhont permet une meilleure narration du film, ainsi qu’une illustration des ressentis des personnages. C’est probablement pourquoi Dambrine a qualifié Close d’une explosion d’émotions.

Inteview d’Eden Dambrine et de Gustav De Waele par Cinévox

CLOSE

Dans une interview donnée à Slate, Lukas Dhont a déclaré qu’enfant, il avait été fortement confronté à la masculinité toxique et aux clichés sur le genre. Cela l’a beaucoup marqué et s’observe tant bien dans Close que dans Girl, qui se voit comme une critique de la transphobie et une exploration de l’identité de genre. Les deux œuvres s’articulent autour du genre et de la norme, mais également de l’adolescence.

L’adolescence, c’est la transition de l’enfance à la vie adulte. L’occasion de vivre de nouvelles expériences. Dans Close, c’est aussi la période où les normes commencent à dicter le quotidien et l’opinion. Si jeunes, les adolescents sont déjà matraqués de préjugés. Le réalisateur a privilégié le réalisme et l’esthétique dans son œuvre, s’attachant à montrer la proximité entre deux jeunes enfants.

Le film embrasse son titre. Close, c’est bien plus qu’une amitié et le lien qu’elle crée entre les personnages, c’est tout ce qu’elle englobe : les gestes affectueux, le temps passé ensemble, les sentiments éprouvés et les souvenirs qui se forment tout au long de cette amitié.

Avec Close, Lukas Dhont aura réussi à raconter une histoire inoubliable. Pour le réalisateur, les acteurs, le public, et même les personnages, Close restera le récit de deux jeunes garçons dont l’amitié fut à jamais bouleversée par la façon dont la société considère le comportement masculin.

Allez, à plus mes puces !


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