Les médias sont des espaces de compréhension et d’écho, alors… il y a des sujets immanquables.
indépendance ?
Notre premier questionnement porte sur l’intégrité des médias. Brut, par exemple, se dit sensible à l’urgence environnementale, mais multiplie les collaborations commerciales avec TotalEnergies ou Aéroports de Paris. Récemment, le milliardaire Rodolphe Saadé, propriétaire de BFM et RMC, a tout simplement acheté le média.
Rodolphe Saadé n’est pas le seul milliardaire à vouloir s’emparer des médias. Vincent Bolloré, Bernard Arnauld… C’est stratégique : contrôler les médias, c’est contrôler l’opinion publique. On parle d’influence aux intérêts politiques et privés.
En 2004, le 20 heures de TF1, du groupe Bouygues, consacre un reportage à la mise en examen de Xavier Niel, le milliardaire des télécoms, aujourd’hui propriétaire de Free. La pilule a du mal à passer. En mars 2024, Aurélien Viers, directeur de rédaction de La Provence, média détenu par Rodolphe Saadé, aurait été mis à pied suite à une Une peu flatteuse sur Emmanuel Macron.
Alors, R. Saadé aurait-il un intérêt à protéger E. Macron ? Penses-tu que X. Niel a maintenant plus de facilité à promouvoir ses pensées ? On a notre petite idée…

Du côté des médias publics, la dernière réforme de l’audiovisuel souhaite la création d’une holding (ou société portefeuille) baptisée France Médias et dont l’État serait actionnaire à 100%. Les syndicats pointent la mise en danger de «l’indépendance éditoriale, du pluralisme et de la liberté d’information».
« Voulons-nous vraiment concentrer tant de pouvoirs entre les mains d’une seule personne ? »
L’intersyndicale de l’audiovisuel public dans une tribune publiée en février 2025 sur Ouest-France
À l’opposé, le média indépendant s’affranchi des pouvoirs et des pressions. Il se caractérise par son intégrité éditoriale et est donc souvent financé par les lecteurs et lectrices. Le média de proximité, lui, relance le débat public local et propose une diversité éditoriale. Pour les médias associatifs, le modèle économique est fragile. Pourtant, c’est lui, en grande majorité, qui intervient auprès des publics pour sensibiliser sur l’utilisation et la compréhension des médias.
« L’illusion d’une indépendance absolue est difficile à entretenir : aucun journaliste ne travaille dans le vide, sans contraintes. Mais ce qui fait la différence, c’est la conscience de ces influences et la manière de les gérer. Sur le terrain, rester libre dans ses choix signifie avant tout défendre une rigueur professionnelle. »
Clémence Leleu, journaliste
Média et climat
Le rôle des médias est primordial pour relayer les recherches liées au climat. Mais la vraie question c’est surtout : comment le sujet est-il traité ? Il semble qu’il y a deux ou trois trucs à revoir.
Premièrement dans le choix des mots : l’écologie fait peur, mais ce n’est pas une raison pour prendre des pincettes. Deuxièmement dans le choix des sujets : non, la canicule n’est pas une bonne nouvelle.
« Pressés par le temps comme par les exigences d’audience et devant composer avec des moyens de production précaires, les journalistes tendent désormais à raconter les enjeux environnementaux sur un mode anecdotique. »
Jean Christophe Comby, dans La question climatique, génése et dépolitisation d’un problème publi

En 2019, Cnews invite François Gervais sur son plateau. Auteur de L’urgence climatique est un leurre, il déclare : «le climat n’a pas changé depuis 1850 […] Il est même possible que l’on soit en plein refroidissement climatique.»
Et oui, finalement, c’est tout simple : le changement climatique ne rapporte pas d’argent. Souvent, la faute est rejetée sur les individus sans questionner le modèle de notre société. Et pourtant, il est nécessaire que les médias s’en saisissent : on peut réagir et transformer cette peur en actions.
Médias indépendants à suivre :
Média et femmes
Au XVIIIe siècle, quelques femmes commencent à prendre la parole dans l’espace médiatique, notamment avec les feuilles de périodiques. Se suivent alors quelques femmes pionnières : Robertine Barry, Delphine de Girardin, Nelly Bly, Julie-Victoire Daubié…
Et aujourd’hui ? Chaque année, le ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes publie un rapport sur l’égalité réelle, dans diverses domaines de la société, dont les médias. Pour 2023 (rapport de 2024), aucune surprise : «les femmes sont moins visibles et audibles que les hommes à la radio et à la télévision» (page 70).

Côté sujet, attention au purplewashing : terme qui désigne les stratégies politiques et marketing qui se référent au féminisme pour faire la promotion de divers produits.
Le constat est similaire pour la représentation des personnes queer dans les médias :
« Les principaux médias (non-féministes/mainstream) ont une vision très caricaturale et irréelle des identités queers, et propagent même souvent des mauvaises informations ou un message de méfiance, surtout sur la transidentité et l’idée de la « communauté » LGBTQ+ qui est très souvent montré péjorativement. »
Jaiden, coordinateur de l’association Prisma
Le plus frustrant : quand on croit qu’un média a vraiment de bonnes intentions. Le média Simone par exemple, parle des inégalités salariales, de l’empouvoirement, de la représentation des femmes dans la pop culture… Sauf que c’est un média détenu par le groupe Prisma, une filiale de Vivendi, dont l’actionnaire majoritaire est… Vincent Bolloré.
Médias indépendants à suivre :
Alors qu’est ce qu’on fait ? Déjà on essaie de se renseigner sur qui détient nos médias. Et on essaie de faire confiance à ceux qui en valent la peine.
Les autres articles de la série sur l’histoire du journalisme.
Bonus : la reco média d’une bénévole – par Lydia et Fanny
Le Diable s’habille en Prada. Cette comédie de 2006 adaptée du roman éponyme de Lauren Weisberger nous plonge dans l’univers (parfois impitoyable) du journalisme de mode. Grâce à un scénario qui explore les dessous des rédactions de mode, on peut observer les différentes étapes clés, telles que des présentations de nouvelles collections de couturiers en avant première, des essayages, l’étape du fameux book ou encore la fashion week, incontournable évènement pour les journalistes de mode.
Les reco podcasts de Fanny : Moi journaliste, de Raphaëlle Orenbuch et Les mécanismes du journalisme, par France Culture.
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