Selon Le Robert (le dictionnaire), famille signifie «personnes vivant sous le même toit». Mais bon, est ce que la définition de la famille n’est pas juste propre à chacun, chacune ? Analyse de quatre dimensions de la famille, à partir de l’histoire, d’artistes, documentariste et bénévoles de la rédac’.
Portraits
Les grandes figures historiques n’échappent pas au portrait. En 1785, Marie Antoinette souhaite être représentée avec ses enfants : poser avec le futur roi de France pourrait redorer son image. L’artiste Élisabeth Vigée Le Brun s’inspira du tableau La Saint Famille de Raphaël. Celui de Marie Antoinette, quand à lui, devint un merveilleux outil de marketing.
1846, Louis-Philippe, entouré de ses fils, est représenté à cheval devant la grille du château de Versailles. Lorsqu’Horace Vernet réalise la peinture, l’un des fils est déjà mort (dans un accident de cheval qui plus est), mais ils ont quand même tous été peints, sans exception. Il faut bien tenir la réputation…



Vers 1824, le premier procédé photographique est inventé par Nicéphore Niépce. Rapidement, la grande bourgeoisie cherche la postérité d’une réussite économique et sociale, et cela passe par le modèle familial. Le portrait de famille déjà tendance en peinture, se modernise.
Il y a 30 ans, Yann Arthus Bertrand s’est lancé dans un projet d’envergure : plus de 30 000 personnes ont posé aux côtés de leurs proches, famille, collègues, amis, animaux… Plus local, à Lille, Julien Pitinome a rencontré les habitants des courées des quartiers Moulins et Wazemmes, à Lille et a photographié les personnes vivant sous le même toit. Les familles donc… pour des portrait contemporains et des histoires pleines de tendresse.
Vivons heureux
Dans ses deux derniers épisodes de podcast, Delphine Saltel étudie la fratrie : Frères et sœurs, ça se dispute, Frères et sœurs : comment recoller les morceaux, et peut-être d’autres à suivre prochainement dans le podcast Vivons heureux avant la fin du monde. Elle questionne les conflits, les peurs de s’engueuler, le pardon, l’injonction à bien s’entendre, les techniques pour recoller les morceaux…
« Souvent les vécus des fratries qu’on entend à l’âge adulte, c’est de l’injustice. »
Stéphanie Haxhe, psychologue et clinicienne dans le podcast de Delphine Saltel
On apprend rapidement le terme « adelphité« , un lien de parenté qui unie les enfants, sans distinction de genre. L’adelphité, lien horizontal, est le plus long de nos vies. Le soigner, c’est ne pas impacter nos autres relations. Il peut faire souffrir, sur des moments quotidiens : compétition et rivalité, et nous enrichir : vivre avec l’autre et partager.

Heureusement, dans le 2e épisode, Delphine Saltel nous donne quelques pistes pour recoller les morceaux. Elle interroge la loyauté et ce qu’on donne et reçoit. Pour régler tout ça, il existe donc des méthodes thérapeutiques afin de mettre en dialogue les membres de la famille. Une manière de comprendre ce qu’il ou elle a vu, pensé, vécu et de se raconter devant les autres.
Avec le temps
Ben Mazué a sorti une nouvelle perle en début d’année. L’artiste des petits moments de vie, dans son album Famille, livre le récit d’histoires douces et tragiques.

Il y évoque des sujets douloureux, de ceux qui bouleversent parfois les liens, comme les addictions : on peut s’faire aider mais on se sauve tout seul, Ben Mazué, dans Cette Guerre. Il raconte la vie avec ses enfants, les unions, les désunions, ou encore les conflits dans Je peux pas.
« Dès qu’on s’oppose, j’ai l’impression qu’on va se séparer. Donc j’avais envie que mon morceau se termine par quelqu’un qui dit, mais moi, j’y arrive très bien et en fait, c’est très important les conflits. »
Ben Mazué pour Radio France
Dans C’est l’heure, l’artiste aborde le moment présent : il est jamais trop tard pour demander pardon […] trop peu de vie pour le juger. Parler de famille c’est aussi parler d’amour, de violence, de vieillesse et de rupture.
«Famille, je t’aime tant
Pour toi j’ai de grands sentiments
Les plus vrais, les plus évidents du monde
Mais famille tu me fais des nœuds
Des secrets, des piques et des bleus
Des regrets qui m’inondent»
Famille est un album empathique qui nous guéri et guéri nos liens. La famille, c’est là où on vit nos souffrances, nos peines et nos joies. C’est pas toujours parfait, mais c’est intime et rempli d’émotions.
héritage
Partie réalisée avec Yosserian et Dora, rédacteurices bénévoles.
La vraie question de l’héritage, ce n’est pas tant ce qu’on reçoit, mais ce qu’on en fait. Les règles familiales par exemple, dépendent des milieux sociaux. Dans les classes populaires, c’est un héritage de générations confrontées à l’autorité. Dans les milieux plus favorisés, on valorise une certaine aisance et une confiance bien polie.
Autre exemple d’héritage : les superstitions, qui ne se transmettent qu’en famille à travers les générations. Quand le cerveau cherche toujours à anticiper les dangers, les superstitions apparaissent comme un mode d’emploi, une manière d’expliquer certains malheurs.
À l’inverse, on hérite aussi de traumatismes. On parle de traumatisme secondaire quand on transmet à son enfant. Et de traumatisme transgénérationnel lorsque le trauma est transmis sur au moins 3 générations.
L’épigénétique (l’étude des changements dans l’activité des gênes), a réussi à prouver qu’une transmission d’ordre biologique, mais pas systématique, des traumas est possible. Alors, peut-être que la plus belle manière d’honorer son héritage, c’est de ne pas le subir, et de le regarder bien en face.

famille, quelques dates
- 1792 : autorisation du divorce
- 1938 : réforme des régimes matrimoniaux (les femmes peuvent en théorie ouvrir seules un compte en banque)
- 1970 : loi relative à l’autorité parentale conjointe (le père n’est plus le chef de famille)
- 2001 : à la naissance de son enfant, un père a droit à un congé paternité de 11 jours
- 2013 : ouverture du mariage aux couples de même sexe
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