Si on vous dit « folklore » ça vous parle ? Peut-être avez-vous l’image de vieilles traditions artificielles … Le Centre Pompidou-Metz, avec son exposition Folklore visible jusqu’au 4 octobre, est là pour déconstruire cette image et associer la création artistique avec le folklore. Joseph Beuys, par exemple, voyait dans le folklore, un « outil de compréhension pour le futur ». Marcel Broodthaers souhaitait ajouter une « section folklorique » pour son Musée d’art moderne. Détaillons donc cette exposition qui donne toute son importance à la notion de folklore.
Passé et futur
Le terme « folklore » est souvent associé aux traditions ou aux rites, alors qu’il pointe parfois le bout de son nez dans le monde moderne et surtout dans la création contemporaine. C’est une source d’inspiration pour de nombreux artistes et expositions.
L’exposition Folklore, conçue par le Centre Pompidou-Metz et le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), retrace la présence du folklore dans nos mondes depuis les prémices de l’art moderne jusqu’à l’art le plus actuel. Nous y découvrons alors le lien qui unit les artistes de tout temps au folklore, de sa fascination, son imitation, son emprunt ou encore de sa critique.
« Cette exposition pose la question de ce qui pourrait réunir deux univers que tout oppose en apparence : l’art moderne, perçu comme une rupture avec le passé pour créer quelque chose de nouveau, et le folklore, assimilé au passé, à la tradition, au collectif, à l’immatérialité »
Jean-Marie Gallais, commissaire de l’exposition Folklore au Centre Pompidou Metz
L’exposition se concentre toutefois sur une définition et une histoire européenne du terme, sans pour autant écarter le lien entre l’histoire de l’art et l’histoire des sciences humaines. Car le folklore est aussi une discipline, un savoir qui nous en apprend davantage sur l’humain et sa société.
Plus de 360 œuvres et objets sont présentés, pour des allers-retours entre le passé et aujourd’hui, pour une compréhension du faux et de l’authentique.
Définition et histoire
Au risque de vous décevoir, le folklore est un terme très complexe à définir. Aujourd’hui encore, sa définition fait polémique. Il est toutefois largement considéré comme un mode de vie et de pensée, qui n’est pas celui de la culture dominante : une manière de parler, une coutume, une croyance, … qui réunit un nombre de personne et forme ainsi une communauté transmettant ses notions de génération en génération.
Étymologiquement, il désigne les traditions (« lore ») d’un peuple (« folk ») en saxon. Avant l’apparition du mot, on utilisait plutôt « popular antiquities », pour désigner des traditions qui se perpétraient, à travers les objets ou les pratiques du quotidien. En France, depuis l’entre-deux-guerres et à l’initiative de Georges Henri Rivière, on utilise également, l’expression « arts et traditions populaires ».
Le terme folklore a été créé en Angleterre au milieu du XIXe siècle et signifie littéralement « le savoir du peuple ». Il est rapidement banni des milieux intellectuels et scientifiques, car associé à d’autres idéologies ou autoproclamé par des amateurs. Longtemps, le folkloriste était considéré comme un artiste et inversement.
Aujourd’hui, le folklore est souvent considéré comme un terme négatif. Durant l’après-guerre, le terme a été récupéré par le régime de Vichy pour en faire un instrument de propagande. En 2020, au Centre Pompidou-Metz, l’exposition Folklore s’organise autour de cinq thématiques principales. Entrons un peu plus dans les détails.
Le folklore, un exotisme
C’est parfois un fantasme, parfois un voyage. C’est la première étape de l’exposition, l’attrait du passé, de certaines croyances qui auraient survécu au fil des ans.
Constantin Brâncuși évoque par exemple les traditions artisanales de son pays natal et a notamment bâtit des églises en bois traditionnelles.
Le folklore, une inspiration
Poursuivons le parcours vers le folklore, source de formes, de motifs et de techniques. On parle parfois d’expression folklorique visible sur les œuvres de Július Koller ou d’Endri Dani.
D’autres artistes sont représentés dans cette catégorie comme Natalia Gontcharova qui s’est inspirée de costumes espagnols pour une peinture abstraite.
Le folklore, une tradition
Reconnaître le folklore par ses formes et ses motifs, certes, mais il est parfois immatériel, comme une tradition orale. C’est alors un dialecte, une musique, une danse, une superstition… Cette dimension s’est retrouvée dans de nombreux travaux de l’après-guerre, tels que ceux de Joseph Beuys ou Constant, ou plus récemment, avec Michel Aubry ou Susan Hiller.
Le folklore, une muséographie
Dans les années 1970, de nouvelles muséographies se développent et fascinent par leur mise en scène du quotidien. Elles sont empruntées aux ethnologues et à leurs méthodes d’enquête et de collecte, puis de classement ou de reconstitution. Méthodes ensuite reprises par les artistes qui vont ainsi étudier les folklores et intégrer une dimension anthropologique dans l’art contemporain.
Le folklore, une création
Le parcours se termine à l’ère de la mondialisation, où tout se banalise et s’uniformise. Les folklores se font et se défont au profit de l’industrie touristique. Quelles sont les nouvelles géographies du folklore ? Elles se déplacent avec les populations, sont revisitées et réinventées par les artistes. Le folklore devient un instrument de critique et de contestation.
L’exposition permet finalement de fêter les 10 ans du Centre Pompidou-Metz. Il n’est pas courant de faire entrer le folklore dans un musée, alors c’est le moment de le constater jusqu’au 4 octobre 2020 au Centre Pompidou-Metz. Et de constater que le folklore n’est pas nécessairement l’opposé de l’avant-garde.
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