On taille la route #2

Nous voilà de retour pour un deuxième épisode. Après la Bourgogne Franche-Comté ou le Pays de la Loire, notre chemin se dirige vers l’Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur. La France offre mille trésors. Aujourd’hui, c’est architecture d’art naïf, maison-atelier, massif multicolore et terre-mer.

Sur un coup de tête, le temps d’une journée ou pour des vacances, une virée vers la découverte d’horizons français…On taille la route !

Le palais idéal du Facteur Cheval à Hauterives (Auvergne-Rhône-Alpes)

L’origine de ce palais ? Monsieur Cheval. Oui oui, et il était bien facteur de métier. En Avril 1879, Ferdinand Cheval, facteur en milieu rural, butte sur une étrange pierre durant sa tournée habituelle. Il va alors se mettre à imaginer un somptueux palais dans son potager. Et le rêve se transforma en réalité.

Ferdinand Cheval va alors consacrer 33 ans de sa vie à construire, seul, son palais. Pour cela, il s’inspire de la nature, des cartes postales et des magazines illustrés qu’il distribue. Pour la construction, le facteur parcourt les rues avec sa brouette à la recherche de pierres. Il achève finalement son œuvre en 1912 et y inscrit dessus « travail d’un seul homme ». En 1969, le palais est classé Monument Historique.

« C’est le seul exemple en architecture d’art naïf. L’art naïf est un phénomène banal, connu de tous, mais qui n’a pas d’architecture … » André Malraux

La visite vous offre donc le palais, mais également les jardins, peuplés de géants, fées et personnages mythologiques. Ne passez pas non plus à côté des belles cascades. Parfois, le palais accueille des expositions temporaires. Ferdinand Cheval est aujourd’hui considéré comme le précurseur de l’art brut, nous rappelant parfois Gaudi et son “délire baroque” ou Dali et son “extravagance ornementale”.

Par la suite, le palais inspira de nombreux artistes, notamment Max Ernst, surréaliste et dadaïste, avec son tableau « Facteur Cheval », ou encore Alain Duperron, architecte, qui réalisa une maquette au 1/10 du Palais pour la 4e biennale d’art contemporain de Lyon.

8 rue du Palais, 26390 Hauterives
04 75 68 81 19
Ouvert tous les jours
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La maison atelier de Danielle Jacqui à Roquevaire (Provence-Alpes-Côte d’Azur)

On vous propose la visite d’une autre maison, loin de nos intérieurs peuplés de meubles IKEA et couleurs neutres. C’est à Roquevaire, dans le Var (non loin d’Aubagne), que se trouve ce repaire aux mille couleurs et formes, tout droit sorties d’un rêve surréaliste. Cette maison est aussi le logement de sa créatrice, Danielle Jacqui, aussi appelée “Celle qui peint” (en hommage à son voisin le boulanger dit « celui qui fait le pain »). 

myprovence.fr

« On doit être chacun son propre architecte d’intérieur » dit Danielle Jacqui

Artiste aujourd’hui reconnue au-delà de l’Hexagone, Madame Jacqui nous ouvre les portes de sa maison, en petit comité, afin de faire ce voyage à travers des pièces recouvertes de ses peintures, sculptures, céramiques… Une vague de couleurs qui donne chaud à nos rétines. 

Il faut dire que Danielle Jacqui est emblématique du courant de l’art singulier, issu de l’art brut, et elle continue aujourd’hui à produire et modifier sa maison-atelier à l’âge de 86 ans. Elle est exposée notamment dans la Collection de l’art brut, un musée de Lausanne.

francetvinfo.fr

Soucieuse de ce que pourra advenir ce lieu et ses créations, Danielle Jacqui a fondé le Festival d’Aubagne, événement rassemblant des artistes français et internationaux, œuvrant dans le champ de l’art brut et l’art singulier. Le festival connu sa dernière édition en 2015 après 14 ans d’existence. 

L’artiste souhaiterait que ce son œuvre principale devienne un musée, considérant qu’un artiste est le témoin de son époque, qu’il est ainsi nécessaire pour permettre aux générations suivantes d’accéder à ce patrimoine. Vous pourrez trouver ici une partie d’un entretien très instructif sur sa vision de l’art et de la transmission. 

Pont de l’Etoile, 13717 Roquevaire
0670334653
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Le passage du Gois à Barbâtre (Pays de la Loire)

Endroit insolite ? Plutôt une route entre terre et mer. Il s’agit d’un passage, un lieu pour le moins original qui relie deux histoires, deux cultures. Le passage de Gois est une voie praticable à marée basse, qui relie le continent français à l’île de Noirmoutier. Nous pouvons alors traverser à marée basse afin de poursuivre notre chemin, mais à marée haute, la route disparaît, recouverte de la mer. Fascinant pas vrai ? 

Cette chaussée submersible relie deux communes, celle de Barbâtre, insulaire, et Beauvoir-sur-mer, tout cela dans la baie de Bourgneuf. Plusieurs dispositifs similaires existent mais celui-ci est particulièrement long car il atteint 4 kilomètres. En 1971, un pont fut érigé comme alternative à cette voie capricieuse, dépendante des rythmes naturels. En 2017, le passage de Gois fut classé et inscrit, étape vers un classement mondial à l’UNESCO. 

Cette submersion, aléas de notre Mère Nature, favorise les passions des ostréiculteurs et pêcheurs à pied. Ceux-ci sont souvent à la recherche de coques, palourdes ou des huîtres. Le tourisme est d’ailleurs très développé dans la baie du fait de ce marché. Nous aurions ici tendance à vous conseiller la prudence (car la montée des eaux peu surprendre) et la préservation de l’équilibre de ces lieux fragiles.

Le passage de Gois a fasciné bon nombre d’artistes, de la littérature au cinéma en passant par la bande dessinée. En 2010, dans son roman Boomerang, la romancière Tatiana de Rosnay situe une partie de l’intrigue sur l’île de Noirmoutier ; Antoine, l’un des protagonistes, est fasciné depuis l’enfance par le passage du Gois. François Favrat réalise, en 2015, le film Boomerang, tiré du roman. Aussi, en 1980, dans l’album Le Ponton des Passagers du vent de François Bourgeon, les protagonistes traversent le passage du Gois à pied.

ile-noirmoutier.com

Inspirant, fascinant, dangereux, le passage Gois est le lieu d’intérêt à ne pas manquer si vous passez en Vendée. Sortez donc votre cerf volant, on vous parie qu’il sera content !

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Les ocres du Roussillon à Roussillon (Provence-Alpes-Côte d’Azur)

Un petit air du Colorado ça vous tente ? Ça tombe bien, car nous vous emmenons maintenant dans le massif des ocres, dans le Roussillon. Le site s’étend sur 25 km entre Goult et Gignac dans le massif du Luberon. Et on y trouve quoi là-bas ?

Le sentier des ocres, ballade à la découverte des différentes nuances de couleurs et des paysages façonnés par l’eau, le vent et l’homme. Approfondissez vos connaissances en géologie, flore et histoire du massif. L’éco-musée Ôkhra, permet d’expérimenter les techniques de l’ocre et de la couleur avec des ateliers de peinture à la farine ou de badigeon à la chaux.

luberon.fr

Les mines de Bruoux, pour en apprendre d’avantage sur le travail d’extraction de l’ocre, sur un parcours de 650 mètres. Une “véritable cathédrale minérale”, reflet de l’activité ocrière à Gargas, à la fin du XIXe siècle. Le gisement de Rustrel, le colorado provençal, pour associer le plaisir de la randonnée et l’exploration du patrimoine industriel. Ce que vous verrez est le résultat de quatre générations d’ocriers et de paysans. Aujourd’hui, le site couvre 100 hectares.

Comment ces paysages spectaculaires se sont-ils formés ? Il y a d’un côté, l’industrie ocrière avec la Société des Ocres de France, et de l’autre côté, l’érosion. Aujourd’hui nous avons les colorants de synthèse, mais à une certaine époque, l’ocre était très populaire pour ses pigments, et était donc exporté à l’international. 

provenceguide.com

Des couleurs pleins les yeux ! La gamme des ocres vont du jaune au mauve en passant par le rouge, l’orange, le brun et le vert. Le paysage se décline quant à lui en falaises, cirques, cheminées et collines.

788 Avenue Victor Hugo, 84400 Apt
04 90 74 03 18
Plus d’infos sur le massif des ocres
L’éco-musée Ôkhra

La suite au prochain épisode.

Nous espérons vous avoir donné quelques pistes pour trouver un peu d’extraordinaire dans l’ordinaire. Si vous avez des idées de lieux culturels en France et que vous aimeriez les voir mis en valeur ici, contactez nous !

Rattrapez ou re-lisez le premier épisode

D’ici là, venez, on taille la route !

Par Jeanne et Chloé, pour vous servir 🙂


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