le cerf volant

Cheer : retour sur un documentaire qui a marqué le début d’année

Disponible sur Netflix depuis le 08 janvier 2020, la série documentaire Cheer a, depuis, conquis les cœurs des Français. Quoi de mieux pour repousser les clichés et les idées reçues que de s’immerger au plus profond du sujet. Et le sujet d’ailleurs aujourd’hui, c’est le cheerleading, mis en valeur par Greg Whiteley en six épisodes.

Durant six épisodes, le public suit donc l’équipe de cheerleaders de l’université de Navarro à Corsicana, Texas. L’équipe se prépare pour remettre en jeu son titre de championne nationale lors de la compétition qui se déroule chaque année à Daytona Beach en Floride. Nous découvrons alors Jerry, Morgan, Lexi, Gaby ou encore La’Darius, élèves et athlètes, mais surtout Monica aka The Queen, la coach renommée.

Déconstruire la discipline

Envolés les stéréotypes sur les jolies et populaires pom-pom girls. Historiquement, le cheerleading est une discipline qui consiste à encourager les joueurs pendant la mi-temps des matches. Aujourd’hui, elles ne sont plus uniquement « elles » et nous ne parlons plus de pom-pom girls, mais bien de cheerleading, un réel sport de compétition.

Le cheerleading mêle la danse, la gymnastique et le cirque. C’est une discipline qui se commence dès le plus jeune âge, qui demande beaucoup d’entraînements et un sacré mental. Et quel meilleur exemple que la pyramide de fin qui nous tient en haleine. Une réalisation qui fait chuter les élèves les uns après les autres. Et on peut dire que les blessures ne manquant pas !

Au cœur de l’action

20 élèves sur 40 sont sélectionnés pour représenter l’équipe lors du championnat. Mais les élèves tombent comme des mouches et Monica doit constamment prévoir un plan B, C ou D. Le cheerleading est un sport à risque ; Allie, une voltigeuse, en est à sa 5e commotion. Alors de la tension, il n’en manque pas. Remporteront-ils le trophée ? Réussiront-ils leur chorégraphie et leur pyramide ?

Le cheerleading, c’est aussi une opportunité : « le cheerleading m’a sauvé » dit alors Lexi dès le premier épisode. Ou un tremplin pour de futurs contrats (mannequinat, publicité …). Car on ne vit pas du cheerleading, il y a notre heure de gloire, mais aucune équipe professionnelle pour nous accueillir à bras ouverts ensuite.

Au cœur de leur vie

Les élèves composant l’équipe de cheerleaders de Navarro proviennent, pour certains, de milieux populaires ou difficiles, impliquant parfois des drames familiaux. Ils ne manquent pourtant jamais de s’encourager entre eux ou de se soutenir, à l’image de Jerry.

Jerry dans Cheer, Netflix

C’est ainsi que le public sera surpris par cette série documentaire qui ne traite finalement pas uniquement du cheerleading, mais aussi de l’homosexualité, du harcèlement, du rôle des réseaux sociaux et d’internet ou encore du rapport que l’on peut avoir avec son corps et autrui. Sans oublier la peur de l’échec, la concurrence, la pression. Ces jeunes ont la rage de vivre, surtout dans un état comme le Texas, conservateur, pro-life et arme à feu …

Un coaching rigoureux mais bienveillant

Monica tient son équipe d’une main de fer. Quand The Queen dit quelque chose, ses élèves l’écoutent et exécutent, parfois même jusqu’à la dévotion la plus profonde.

Monica, Cheer, Netflix

Monica est aussi une figure parentale pour ces jeunes, elle leur offre un espace dans lequel ils peuvent être qui ils souhaitent. Et même sans gymnase, Monica est toujours là pour assurer leurs arrières, les accompagner dans leur gestion de leur image et de leur comportement et devenir adulte. Kapena Kea, l’élève assistant de Monica, fait de l’aide au devoir. Car chez les cheerleaders de Navarro, la réussite se compose autant dans l’équipe qu’en classe.

Une réalisation réussie

Le suspens est à son comble et les épisodes se suivent les uns après les autres sans même nous laisser le temps de souffler. Et quoi de mieux qu’une vision au plus proche du corps lui-même pour découvrir un sport aussi rude. Le réalisateur sait aussi planter le décor avec de beaux ralentis et un accompagnement musical qui dynamise l’ensemble.

Cheer construit les facettes positives du cheerleading à travers des jeunes qui ont reçu un nouveau souffle dans leur vie. Sans oublier une certaine facette négative. Car certains ne peuvent pas se payer les meilleurs clubs, les compétitions ou les beaux uniformes. Mais nous découvrons que ce sont ces mêmes personnes qui se retrouvent finalement en haut de la pyramide.

Du cheerleading en France ?

Parce que le cerf volant ne fait jamais les choses à moitié, nous avons contacté une ancienne cheerleader qui pratiquait en France et lui avons posé quelques questions. Et pour éviter de vous perdre voici tout de même quelques clés de vocabulaire.

flyer = voltigeuse
stunt = porté fixe avec une/un flyer et des bases si nécessaire
basket toss = lancé dynamique de la/du flyer qui fait un figure en l’air et est ensuite rattrapé.e par les bases

  • Comment as tu intégré une équipe de cheerleaders ?

J’étais membre de l’équipe de gymnastique de mon collège. À la fin de la 3e, j’ai voulu autre chose et ai découvert le cheerleading par le biais d’une amie. J’ai carrément accroché. J’ai passé les tests d’entrée et suis devenue membre des PHOENIX GIRLS de St Apollinaire en tant que flyer. J’avais donc 15 ans quand j’ai commencé le cheer et ai pratiqué durant mes 3 années lycée. Une fois à l’Université, mon emploi du temps ne me permettait plus d’assurer les 10h d’entraînement hebdomadaires.

  • Te blaissais-tu régulièrement comme nous avons pu le voir pour l’équipe de Navarro dans Cheer ?

En tant que cheerleader on ne compte plus les entorses, les bleus, les griffures, les étirements musculaires, les souffles coupés… À 3 semaines du BAC lors d’un stunt où j’occupais le poste de base, la flyer a chuté (s’est cassée une côte) et je me suis ouvert l’arcade, provocant ma chute et un traumatisme crânien qui m’immobilisa durant une semaine.

  • Comment était ta/ton caoch avec toi et le reste de l’équipe ?

Adorable, comme une cousine. Elle était présente pour nous toute, nous soutenait. Elle savait aussi recadrer l’équipe lorsqu’il le fallait et nous poussait jusqu’à la victoire. Le cheer, c’était son rêve et elle nous emmenait avec elle.

  • Avais-tu peur parfois de décevoir ta/ton coach ?

La coach, en plus de penser les chorées, les placements, les musiques … occupait le poste de base dans mon groupe stunt. C’était une pression supplémentaire pour moi, car j’avais peur de la blesser, de l’épuiser, de la décevoir.

  • Est ce que d’une certaine manière, faire du cheerleading t’a accompagné dans ta construction personnelle ?

Avec quelques années de recul maintenant, je pense pouvoir dire que le cheerleading m’a aidé à me construire en tant que femme. Être entourée de femmes battantes, compétitives, qui ont la rage de vaincre a été très bénéfique. J’ai adoré ce sport et me sens toujours un peu cheerleader de temps en temps.

  • Quelles sont les différences entre le cheerleading français et américain ?

Le cheer français commence seulement à se faire connaître et il y a encore du travail pour que ce sport soit reconnu comme tel. La plupart des gens pensent qu’être cheerleader, c’est faire de la danse pompon. En France, certains clubs (et c’était le cas du mien) se battent encore pour avoir une salle et des tapis pour pratiquer. Nous occupions une salle de basket et pratiquions sur des tapis de judo.

  • Étais-tu parfois pesée lors des entraînements ?

Non, jamais on ne m’a fliqué sur mon apparence physique, mon poids ou mon mode de vie.

  • Comment ton équipe réagissait-elle lorsque quelqu’un tombait et n’était pas rattrapé ?

Une chute non rattrapée n’est pas tolérée. Si quelqu’un tombe, c’est tout le monde qui est punit par un exercice de musculation, des tours de gymnase …

  • Comment se passe une compétition de cheerleading en France ?

Il y a beaucoup d’attente, un temps d’échauffement, de préparation, du repérage, des encouragements, des prières, du stress. L’enchaînement est très court, le temps passe vite sur le tapis, il faut tout donner et parfois sauver les meubles. C’est toujours du bonheur, des sourires, de l’adrénaline, un échange avec le public qui encourage, c’est le grand frisson quoi.

  • Avais-tu un uniforme ?

Un magnifique uniforme rouge aux couleurs des PHOENIX, des baskets de cheer, un nœud énorme et une coiffure à faire pâlir les coiffeurs.

  • Aviez-vous également un accompagnement en dehors des entraînements ? (aide aux devoirs, gestion de son image sur les réseaux sociaux, aide sur le comportement …)

Pas du tout.

  • Quels sont les conseils que tu donnerais pour devenir un/une bon/bonne cheerleader ?

Selon moi et d’après ma courte pratique de cette discipline, une/un bonne/bon cheerleader donne le meilleur d’elle/lui-même pour que l’équipe brille. Il faut faire preuve de patience, de discipline, d’acharnement, de détermination et être humble, savoir soutenir, féliciter, reprendre. Il faut savoir vivre en groupe, aimer les autres et les aider à révéler le meilleur d’eux même.

  • Qu’as-tu pensé, de manière générale, de la série documentaire Cheer ?

J’ai adoré, j’ai pleuré, j’ai crié, j’y étais quoi. Andy, le coach assistant, a coaché mon équipe en Angleterre. J’ai adoré le voir sous une nouvelle casquette à l’écran. Dans ce documentaire, on est bien loin de la cheerleader clichée peste et idiote, je suis heureuse que cette série existe et donne envie de découvrir la pratique. Ce sport a besoin de plus de reconnaissance en France, de plus d’adeptes, d’un vrai statut.

À travers Cheer, nous nous surprenons à rire puis à pleurer. Nous suivons avec attention les différents récits de vie aussi poignants les uns que les autres, les amitiés qui se créent ou les tensions et la réalisation d’un objectif. En France, le cheerleading est officiellement rattaché à la Fédération Française de football américain. Alors que la série documentaire Cheer nous prouve bien que c’est un sport à part entière, qui mérite sa reconnaissance.

À bientôt les faons !

Plus d’info sur le cheerleading en France : Fédération Française de Football Américain


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