une nuit du cirque le cerf volant

Une Nuit du Cirque à Bruxelles

Vendredi dernier a eu lieu la première édition de La Nuit du Cirque. Cet événement célèbre un art encore sujet à des stéréotypes malgré une grande diversité de pratiques et esthétiques. Nous nous sommes rendu à Bruxelles, dans un des 60 lieux participants.

Les Territoires du Cirque

Cette belle initiative est portée par l’association Territoires de Cirque, soutenue par le Ministère de la Culture, et s’étend à l’intégralité du territoire français, y compris une date à Saint-Leu et Bruxelles. Vend

redi 15 novembre 2019, le cirque de création a ainsi bénéficié d’une mise en valeur particulière, qui vient par la même occasion entamer une déconstruction de quelques unes des idées reçues qui collent à la peau de cet art. 

Cartographie de La Nuit du Cirque ©LaNuitduCirque

« Pour la première fois, les réseaux de diffusion s’associent pour fêter cet art résolument populaire et saluer sa vitalité, son exigence, son engagement dans les combats pour l’égalité des femmes et des hommes, sa dimension interculturelle, comme intergénérationnelle. » – Territoires de Cirque

Fondée en 2004, dans l’élan de l’Année des Arts du cirque, Territoires de Cirque rassemble aujourd’hui 48 structures engagées dans le soutien à l’émergence, la création, et la diffusion de cet art. Ouvertes à toutes les esthétiques du spectacle vivant ou spécialisées, ces structures sont des laboratoires de recherche, scènes nationales ou conventionnées, théâtres de ville, services culturels, festivals, lieux de patrimoine, ou établissements de production etc.

Concernant La Nuit du Cirque, celle-ci rassemble déjà plus de 60 structures — mobilisées avec les artistes, les habitants, les collectivités locales, les réseaux associatifs, les écoles de cirque de loisirs… — le temps d’une journée, d’une soirée ou d’une nuit pour mettre le cirque de création en lumière. A Bruxelles, au cours de la soirée, nous nous sommes connectés -en live- à trois lieux en France, La Grainerie à Toulouse, au CNAC (Centre National des Arts du Cirque) à Châlons-en-Champagne ainsi qu’au CIRCa à Auch. Ceux-ci s’activaient en même temps que l’Espace Catastrophe de Bruxelles pour faire vibrer les corps et ainsi créer l’émotion au sein du public. Initié en 1995, l’Espace Catastrophe est un Centre International de Création des Arts du Cirque, un projet culturel pluriel et multifacette entièrement dédié aux pratiques circassiennes contemporaines. 

L’Espace Catastrophe, espace des rêves

Situé dans les Anciennes Glacières de Saint-Gilles, aujourd’hui le siège de l’Espace Catastrophe, l’événement fut notamment réussi grâce à ce lieu, riche d’une histoire et d’une architecture particulières. 

En effet, ont y a fabriqué de la glace pendant des dizaines d’années avant de se convertir en un lieu hybride, qui accueille plusieurs initiatives dont l’épicerie de produits locaux l’Heureux Nouveau (on note le jeu de mot! Chapeau!) et un Centre d’Art Fantastique (le CAF). Un vent de créativité semble souffler de part ces murs. 

L’asbl (association belge) Espace Catastrophe existe depuis 1995 et propose un accompagnement complet pour les artistes. Elle diffuse des compagnies tout en proposant des cours du soir et stages de cirque ou encore l’accueil d’artistes en résidence ou en laboratoire de recherche…Une réelle boîte à outils pour la création contemporaine.

Une programmation riche de sa diversité

Une douce joie teintait cette soirée grâce à un public réceptif et souriant malgré les 3 petits degrés de l’Espace Catastrophe (qui est partiellement ouvert). Il faut dire que la programmation était dense et prestigieuse. A tout moment, que ce soit au milieu du bar ou sur la scène, des équilibristes et/ou musiciens prenaient tout à coups vie dans un personnage haut en couleur pour notre plus grand bonheur. Les sourires étaient partout et de tout âge.

On a pu admirer les ParKours acrobatiques ahurissants de Be Flat, accompagnés de 5 musiciens du Ravno collectif. Au cours de la soirée, on a remarqué la présence d’une jeune artiste nommée Mami Kitagawa qui gesticula dans les arbres aux abords du bâtiment, tel un animal étrange sous les lumières de la lune. Jusqu’à minuit il y eu également Pol & Freddy en défi jonglistique à grande hauteur, la Compagnie HAY QUE, Nicolas Longechaud, les équilibristes de la Cie Courcirkoui, Natalia Fandino et son trapèze à [très] grande hauteur… Les photographes Antoinette Chaudron, Luis Sartori do Vale et Fabien Debrabandere ont également pu exposer leur travail dans les différents espaces du lieu. 

Une performance a retenu notre attention, RESTE, le défi de Johanne Humblet / Les Filles du Renard Pâle, qui réalisera une performance ininterrompue sur un fil tendu à 4,50 mètres de hauteur. De 18 heures à minuit, elle resta 6 heures en équilibre, accompagnée de ses musiciens. Et comme 6h c’est long là-haut, il fallu tuer le temps : pour cela, l’artiste demanda à ce que toutes les heures soit brisée une horloge. Un marteau et paf, on tue le temps, poétique !

Un avenir prometteur

En mars prochain, l’Espace Catastrophe proposera son temps fort de l’année, le Festival UP!, qui est la Biennale internationale de Cirque. Tous les deux ans, l’association concocte une programmation particulièrement dense avec des compagnies venues des quatre coins du monde. Le but est toujours de représenter le cirque d’aujourd’hui, et ce à l’aide nombreux partenaires, qui proposeront au public une trentaine de spectacles pour adultes et enfants dans une dizaine de lieux.

Festival Up! Edition 2018 ©EspaceCatastrophe

Finalement, le cirque a toujours passionné, fasciné. Il est moteur pour l’imagination de chacun, conteur d’histoires, générateur de rêves. Ces origines, qu’on classe aujourd’hui dans la catégorie du cirque « traditionnel », sont à considérer dans l’avenir de la discipline mais certaines formes contemporaines peinent encore à trouver leur public. Lorsqu’on entend « cirque », les idées reçues sont nombreuses – entre dressage d’animaux pour des numéros, chapiteaux ambulants et acrobaties – or, le cirque actuel est riche d’une diversité de pratiques et esthétiques qui ne se limitent pas à ces éléments. Camille, stagiaire à l’Espace Catastrophe nous a parlé de sa passion pour cet art :

 » Ce qui m’intéresse dans le cirque contemporain, c’est la porosité des formes, des esthétiques. On réinvente des codes pour faire évoluer la discipline sans oublier les origines. «  – Camille

Alors si vous êtes curieux de redécouvrir le cirque, celui d’aujourd’hui, rendez-vous entre le 19 et le 29 mars 2020 à Bruxelles, pour dix jours de cirque de haut vol ! Et le reste de l’année, n’oubliez pas les nombreux lieux et événements où le cirque vit, en France et ailleurs (comme les Pôles Nationaux des Arts du Cirque ou festivals), et proposent toute l’année de beaux moments artistiques.

Plus d’infos ici : territoiredecirque / catastrophe

Image de couverture : ©Territoiresducirque


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